Federus d'Erin Paysan
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| Sujet: [BG] Federus d'Erin Mer 04 Juin 2008, 3:56 pm | |
| Voilà le BG final. J'ai retiré l'ancien mais si vous êtes curieux, vous pouvez venir m'en parler. Vous êtes libres de poster tout commentaire.
Aller-retour
L’herbe jadis immaculée baignait dans le sang des belligérants. D’un côté, l’Armée de l’Aube, Hastanes fidèlement dévoués à la cause d’Odéon le Juste, et de l’autre, ces immondices aux traits difformes et inégaux. Les Gorlaks, dans un élan d’intrépidité, s’étaient avancés vers le sud, se rapprochant des terres de Citria, et se butèrent à un régiment rapidement alerté. Le troisième régiment d’Ithellos, cantonné au nord-est de la capitale, s’était sur-le-champ déplacé pour retenir ces hordes assoiffées de sang.
Le combat avait commencé dès l’aube et il faisait presque nuit lorsque l’incident arriva. Deux aspirants prometteurs, Federus et Guylain, tous deux du village d’Erin, avaient été assignés au même régiment lorsqu’ils s’enrôlèrent. Ils s’entraînaient ensembles, passaient leur temps ensembles et combattaient en équipe. Mais malgré cette complicité, l’ennemi était redoutable et l’armée des Justes était quelque peu désorganisée. C’est pourquoi, lorsqu’il vit cette engeance lever une lourde massue vers son frère d’armes, Federus n’hésita pas, ayant perdu sa lame dans le corps de sa dernière victime, à pousser le colosse qui dévia son coup vers notre héros. Dans un craquement sourd provenant de sa jambe droite, l’épéiste s’affala au sol d’un seul coup et ne se releva pas. Son compagnon, profitant du répit, enfonça son glaive dans les côtes du grotesque et ainsi épargna la vie de son sauveur. On fit grande histoire de Guylain Nistelle, du village d’Erin, qui avait sauvé l’un des siens, mais il ne dit jamais mot de l’acte qui avait précédé. On accusa faussement Federus, alors âgé de 17 ans, de vouloir salir le nom d’un rédempteur et de vouloir se couvrir de gloire gratuitement, laissant dans l’ombre un geste héroïque et clamant haut et fort une langue fourchue.
-Federus Adrale, nous vous suggérons de remettre cette jambe sur pied et de profiter de cette trêve pour réfléchir à votre avenir au sein de notre armée et à votre soif narcissique de mérite. Vos pattes ne peuvent plus suivre pour le moment, vous êtes remerciés.
Le cœur empli d’amertume, le regard de glace, il fit volte-face et rentra vers le village d’Erin, à l’ouest de la capitale, là où il irait retrouver le réconfort de compagnons et famille.
C’est peu dire, puisqu’il était là-bas connu de tous. Depuis qu’Eliane Naëlle et Armeral Adrale avaient mis au monde cet enfant prodige, il était le favori des siens. Il avait hérité de sa mère des yeux d’un vert comme l’émeraude et une chevelure d’un châtain clair, ainsi que les traits délicats de son visage. Son père, bûcheron et ébéniste, lui avait légué une physionomie respectable et des traits sévères, son regard étant vif, voire sévère. Il avait le caractère doux et empathique d’Eliane, rêvant sans cesse, d’une naïveté incomparable, mais si on le louait pour son caractère et ses traits agréables, ce n’était pas là la raison de sa popularité. Il semblait né pour manier la lame. Très jeune, il vainquait chaque enfant jusqu’à 5 ans son aîné et il devint rapidement un champion respectable dans son village. C’est sur ces bases qu’il fut envoyé à Citria, où il désirait servir l’armée, accompagné d’un cousin, de la famille des Nistelle, qui désirait le suivre. Depuis cette époque soit depuis deux ans, il manquait énormément au village, où il prêtait main forte à tous et à chacun, et à sa famille, où il était l’aîné de 6 enfants, soit 2 frères et 4 sœurs.
Mais son retour fut vu sous un autre œil. On avait entendu jusqu’à Erin les protestations de Federus et les actes héroïques de Guylain et on allait jusqu’à dire que la gloire de Federus, à son enfance, l’avaient rendu narcissique et égoïste, rendu dans la cité. Mais évidemment, l’amour d’un père et d’une mère ne tarit jamais et il y fut accueilli, bien qu’avec un peu de froideur, avec tout l’amour que l’on doit à un fils. Mais il eut droit, dès son arrivée, à un sermon de son père :
-Mais… Père! Je vous jure qu’il a profité de ma bienveillance à ses fins!
-Comment oses-tu, coquin? Comment oses-tu réclamer mérite pour un acte qui devait être fait? Le chevalier est-il héroïque parce qu’il a quémandé des louanges? Il l’est parce qu’il agit selon un code moral strict, qu’il oublie son propre ego au nom d’autrui et qu’il ne demande rien en retour! Tu ne mérites pas les grâces d’Odéon en agissant de la sorte, encore heureux que le village ne te châtie pas!
-Et a-t-il agi en chevalier, lui qui…
-Petite peste, assez! Agis-tu mieux, toi qui crache sur son nom, ton cousin, complice depuis près de la naissance? Ne te réjouis-tu pas de sa félicité, au lieu de détruire l’image qu’il inspire aux enfants de Citria? Crois-tu que la vérité vaut plus que l’inspiration que se font les combattants de l’Armée? Et comment oses-tu salir notre village de tes doléances? Alors qu’on octroie les nôtres d’honneur, tu t’évertues à retirer cette gloire éphémère!
-Alors soit, si votre village et votre honneur importent tant, restez-y, et renoncez votre fils, autant vous en plaise!
Il allait faire volte-face, jusqu’à ce qu’une main délicate effleure sa main.
-Mon fils… nous savons que tu as agi de manière héroïque et que tu as failli perdre la vie. Nous sommes conscients que le geste de Guylain était tout autant louable que le tien. Cependant, cracher ainsi sur un des tiens et demander aussi prestement que l’on te sois redevable n’est pas acceptable.
Et déjà, le sang bouillant de Federus refroidissait. Sa bile, qui avait pris possession de son corps colérique, disparut peu à peu.
-Cesse de demander à ce que la gloire vienne à toi. Si tu n’agis pas pour un idéal plus élevé que le salaire ou la gloire, si tu combats aveuglément, tu sombreras dans les forces du mal, puisque tu avoueras être achetable. Et à ce moment, Odéon aura déjà détourné son regard de toi. Ne combats-tu pas pour les vies que tu as sauvées? Ne loues-tu pas le ciel bien éclairé de t’avoir laissé la vie alors que ton geste aurait pu te coûter la mort? Je ne reconnais pas en toi cette douceur et cette fraternité que tu affichais il y a à peine quelques années.
Il baissa la tête, mordant légèrement sa lèvre inférieure.
-Je sais… Mais c’est si difficile d’accepter cette injustice…
-Oui, mon enfant, repose-toi maintenant, sinon ta jambe ne reprendra jamais…
Et ainsi Federus revint au village d’Erin et s’excusa sincèrement auprès de ses habitants.
Retour aux racines
Une lune avait passé depuis son retour au village et sa jambe devenait de plus en plus ferme. Il suivait son père dans les boisés et alla l’aider à couper le bois, malgré son handicap. Il n’avait pas repris une lame en mains depuis ce jour et cela ne le préoccupait pas. Encore dégoûté d’avoir été aussi facilement berné et retourné au bercail, il n’avait pas, pour le moment, l’intention de combattre à nouveau. Il se plaisait bien dans cette vie tranquille qui, bien qu’ayant le triste d’ennui d’être vide de gloire, était vide de plaintes et de peines. Mais dans le village, bien qu’il s’excusa, on n’avait pas encore apprécié à sa juste valeur la demande de pardon et c’est pourquoi il alla souvent dans les bois. Lorsque la rumeur vint que les ours et les loups rôdaient à nouveau dans la forêt bordant le village, il se fit faire un arc souple par son père et s’en équipa lors de ses excursions. Bien que sa mère le pleurait d’insistances de se doter d’une lame, il refusa sous la simple excuse que sa jambe ne lui permettait pas encore de jeux de pieds agiles, mais en son for intérieur, il n’avait toujours pas l’intention de s’y remettre. De toute façon, il connaissait l’orée du bois par cœur, ainsi que ses bruits et murmures. Déterminé à recommencer à apprendre à se défendre, il entraîna son tir et sa course.
-Prendras-tu cette lame, oui? Console mon cœur de mère et accepte ma requête, Federus, ta jambe est rétablie à présent.
Il boitait encore, mais elle avait raison. Il n’avait plus aucune douleur et était à l’aise, s’étant plus que rétabli. En fait, cela faisait près de deux ans qu’il s’échappait parmi faune et arbres et il avait non seulement guéri, mais il courait encore plus vite qu’avant sa blessure. Son tir, quoiqu’encore imparfait, était suffisant pour abattre le gibier et il savait suivre les traces. Il n’était pas ce fine-lame vertueux qu’il aspirait à devenir mais il était fier de ce qu’il était devenu. Il était peut-être temps de cesser sa bouderie, sa mère avait raison.
-Soit… Je prendrai bien une lame courte avec moi, tant qu’elle ne me dérange pas… je m’y accoutumerai, si cela peut alléger votre cœur.
Mais cette lame n’avait rien de la lame double qu’il maniait jadis et la finesse qui guidait ses mouvements l’avait quitté. Mais il chassait le gibier avec habileté, rapportant à chaque soir une nouvelle prise et il savait même différencier les arbres et les plantes à simple vue. Mais cette vie n’avait rien de trépidant et déjà notre héros s’en lassa.
Il avait 19 ans, bientôt 20, lorsqu’il décida de retourner à Citria, mais un imprévu arriva et il dut se plier selon les circonstances. C’est dans une expédition fort lointaine, pour couper un bois moins abondant, que la compagnie de bûcherons de son père fut prise par surprise par une troupe d’engeances, probablement quelque Gorlak que ce soit, et dont le géniteur de Federus ne revint jamais vivant, seul un bûcheron ayant réussi à revenir au village en vie.
Pendant deux ans, il assura la relève et il bûcha lui-même les grands arbres des forêts avoisinantes, monta un petit élevage et assura ainsi la subsistance de sa mère et ses frères et sœurs. Cette trappe inévitable qu’est le destin l’avait confiné à se plaire dans une vie monotone et répétitive et chaque soupir qu’il laissait s’échapper portait une pierre de plus au triste poids que sa mère portait, emplie de culpabilité. C’est pourquoi elle l’appela à partir vers Citria, où il pourrait vivre selon les vertus qu’il chérissait.
-Federus, mon enfant, fils d’Armeral Adrale, fais-moi le bonheur de te voir épanoui et resplendissant. Je sais que l’affront que t’a fait le destin en t’évinçant de Citria et en te confinant à Erin pèse sur ton cœur. Retourne là où tu appartiens, parmi les Rédempteurs de l’Aube, et fais ton service, comme tu le désirais et le souhaitait ton père. Fais connaître le nom de notre village, mais surtout vis comme tu l’entends. Le temps sont trop durs sur Teilia, infestée de vermines et d’abominations, pour que tu sois morose alors que tu possèdes la paix, la nourriture et la famille. Toi qui as tout, je ne comprendrai jamais pourquoi tu désires tant la guerre et le hasard du voyage, mais je respecte ton choix. Pars, va vers Citria, fais ce qui te plaît, mais fais moi le plaisir de revenir me voir et de m’écrire.
Ils étaient seuls, dans la cuisine alors que ses frères et sœurs étaient occupés à l’extérieur. Elle le décontenança totalement, lui qui demeurait interdit, muet. Il fixa le sol, visiblement honteux de cette envie qui brûlait ses entrailles depuis son retour à Erin et encore plus depuis la mort de son père.
-Je désire la guerre pour que la paix ne soit plus remise en question. Pour que les honnêtes hommes puissent aller et venir sans crainte, par plaisir ou par labeur. Je souhaite que le rire des enfants ne soit pas entrecoupé par les cris des impies et que nos fermes ne connaissent pas le feu et la rage. Je veux voyager pour connaître chaque espèce, pour remercier la nature bienveillante d’avoir épargné ma vie à Ithellos, ici à Erin dans les forêts troublées par les prédateurs et envahie par l’ennemi. Je veux retourner à Citria pour montrer à ce capitaine que ma jambe meurtrie n’a pas atteint ma vigueur et ma force et que malgré un pas irrégulier, je suis rapide et loyal. Depuis deux ans toutefois je n’ai pas couru ou chassé, alors je traquerai cette troupe qui a assassiné notre père et la chasserai.
Le dernier passage
Au village d’Erin, on avait vu les efforts de ce fils d’Adrale qui, après avoir avoué son arrogance et avoir longuement demandé pardon, avait accepté de prendre en main l’héritage de son père décédé. On disait ici et là que sa grandeur d’âme et sa rigueur avaient de loin surpassé les prouesses de ses jeunes années et on le respectait à nouveau. Lorsqu’il vint demander l’appui de la milice locale pour traquer les bouchers qui avaient mis fin à la compagnie de bûcherons du village, on accepta sans hésiter, malgré une certaine peur, et on se prépara en conséquence. Pendant deux mois on planifia le trajet, selon la destination qu’avaient prévu les défunts bûcherons, et on avait forgé armes et armures ainsi que préparé les vivres. Le trajet se fit rapidement et ils rencontrèrent ledit camp hostile. Seuls quelques gobelins et leurs animaux y étaient, le reste étant probablement parti. C’était une chance en or. C’est Jolias Bramel, le chef de la milice, qui prépara l’attaque. Chacun à son poste, les quelques archers, dont faisait partie Federus, décochèrent flèches et carreaux vers les bêtes et, les gobelins alarmés, les guerriers foncèrent. Federus fonça également, sortant sa lame courte. Le combat fut bref, les gobelins étant pris par surnombre et par surprise, et le sang d’aucun Hastane n’avait coulé exagérément. Mais ils savaient fort bien que le vacarme alerterait les environs et ils se retirèrent, après que quelques experts placent des trappes. Et c’est ainsi que près de vingt autres engeances perdirent la vie et le reste, alarmé par ces morts rapides, s’enfuit. Ce fut le boulot des traqueurs de les suivre, un à un, et d’abattre ce qui en restait. Et c’est ainsi que Federus Adrale, d’Erin, vainquit ceux qui avaient tué son père.
Ils revinrent au village, bénis par la grâce d’Odéon qui les avait protégés et louangés par les villageois. Et ainsi notre héros se permit de faire ses au revoirs à sa famille et fit un bagage léger avant de partir.
En Citria, il avait bien l’intention de protéger l’opprimé et de montrer sa valeur malgré les évènements passés. Son honneur taché, sa jambe et son séjour en Erin auraient facilement retiré toute l’ambition d’hommes loyaux, mais lui n’en avait rien à faire. Il avait un but, et celui-ci était de trouver le fautif et le châtier, traquer les profanateurs afin de les pourfendre pour un monde paisible, équitable, où règnent paix et harmonie.
Dernière édition par Federus d'Erin le Mar 10 Juin 2008, 6:26 pm, édité 2 fois | |
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