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| Nuit blanche par froid hivernal | |
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Jansrald, Hastane Errant
Nbre de messages : 37 Localisation : Montréal, Québec Inscription : 04/03/2009
| Sujet: Nuit blanche par froid hivernal Mer 15 Avr 2009, 3:25 am | |
| Une lune gibeuse était en train de se lever à l'est, faisant palir les quelques étoiles suffisament brillantes pour être visible des rues enneigées de la citée des justes. Dans une bourasque glaciale venu du plus profond de l'hiver, Jansrald fit une entrée brutale dans la bibliothèque. La porte claqua violement, entrainé par les vents violents qui balayaient Citria et la fureur qui dévorait tout son être. Il remarqua à peine le regard sévère de la bibliothécaire et de la poignée de citadins qui cherchaient, tout comme lui, la quiétude de ce lieu tant il était animé par de violentes émotions. Il salua humblement Sylixime de la tête et lu immédiatement sur son visage l'inquiétude qu'il suscitait. Il lui souria brièvement, essayant d'être rassurant, tout en sachant pertinament qu'il ne pourrait convaincre personne aujourd'hui que tout allait bien. Il gravit le marches menant au second étage en balayant la neige de ses vêtements trop minces pour la rude saison, soulagé de ne remarquer aucun autre visiteur nocturne.
Une fois assis, il se forca a respirer calmement pour reprendre ses esprits. Il lutta contre les tremblements qui envahissaient son corps, réalisant tout juste à quel point il était frigorifié. Jurant intérieurement, il fermit les yeux et plongea sa tête au creux de ses mains gantées. Il repensa aux événements qui venaient de se passer, aux derniers jours et aux dernières semaines de sa vie. Après de longues minutes de silence, un mince filet d'eau coulant le long de sa nuque le ramena à la réalité. Il chassa distraitement la neige fondante de sa barbe et de ses longs cheveux bruns avant de retirer ses gants de cuir et de sortir une pile de feuilles blanches de sa besace. Il prit un moment avant de tremper sa plume dans l'encre noire, hésitant à coucher sur papier les sombres pensées qui le tourmentaient. Après un très long soupir, il commenca à écrire tout ce qui lui passait par la tête d'une main pressé de libérer son âme de tout ce poids. Pages après pages, il ne s'arrêtait que pour tremper sa plume avant de reprendre son travail. Des tâches d'encre maculaient ses doigts et les parchemins dont l'encre n'avait toujours pas eu le temps de sécher commencaient à s'accumuler sur la table. Nul autre son que celui d'une chandelle vacillante et de la plume grattant le papier ne pouvait être entendu à l'étage. Tout homme ou femme qui aurait appercu cette nuit là la lueur malsaine brillant dans son regard aurait été convaincu qu'il fut fou ou possédé par une force des plus maléfique.
Jansrald fût réveillé par les premieres lumières de l'aube filtrant par une petite lucarne de la bibliothèque. Celui-ci n'avait pas la moindre idée de ce qu'il faisait ici, ni de quand ou comment il avait trouvé le sommeil. En se redressant sur l'inconforable chaise de bois sur laquelle il avait passé la nuit, il remarqua que la chandelle qu'il avait posé là était totallement fondue et que des dizaines de parchemins couvraient le bureau devant lui. Il se rappellait vaguement les avoir écrit sans pour autant être certain de leur contenu. Il jeta un bref coup d'oeil aux pages gribouillés, incrédule, son visage se durcisant un peu plus à chaque ligne. Il se leva et observa la citée enneigée par la lucarne, la pile de papiers dans les mains. A cette heure, tout était si calme, si beau. Seule la fumée des fours des boulangers trahissait la présence d'une population qui ne tarderait pas à envahir les rues de Citria. Il déboula les marches quatre à quatre, la liasse de papiers dans les mains. Il s'enroula dans sa mince cape et se prépara à braver le froid de nouveau.
Les quelques clients que contenaient l'auberge à cette heure purent voir un homme comme tout les autres, habillé de rouge et de blanc, manger tranquillement une miche de pain frais sur le bord du feu en relisant quelques notes. Après la lecture de chaque page, le barde jetait celle-ci dans l'âtre et le regardait brûler entièrement. Il garda toutefois la dernière et la glissa précieusement dans la poche de son surcot avant de quitter la chaleur réconfortante de l'auberge.
Il se posa l'ultime question ; devait-t-elle savoir? | |
| | | Jansrald, Hastane Errant
Nbre de messages : 37 Localisation : Montréal, Québec Inscription : 04/03/2009
| Sujet: Re: Nuit blanche par froid hivernal Mer 13 Mai 2009, 10:30 pm | |
| Les mois avaient passés et la froideur de l'hiver avait laissée place au climat ingrat de la saison morte. Dans le fond, peu avait changé. Du moins, sur ce point. La vie à Citria, elle, avait changé du tout au tout. Les actes maléfiques pleuvaient, le fanatisme religieux prenait des ampleurs qu'il n'avait jamais connu un climat généralisé de crainte et de panique volait dans l'air. De quoi affecter le moral de tout bon hastane qui ne rêvait que de mener une vie simple, une vie de juste.
Jansrald méditait tranquillement sur tout ces événements devant une coupe de bon vin, au comptoir de l'auberge pratiquement déserte. Une fois le regard posé au fond de sa troisième coupe, il se dit qu'il était temps de mettre les voiles avant qu'on ne le voit voir seul. Les rumeurs circulaient tellement vites, et il esperait continuer a maintenir une bonne réputation dans les hautes sphères de la vie culturelle Citrienne.
Lorsque vint le temps de payer, il réalisa qu'il lui manquait quelques pieces pour laisser un pourboire acceptable a l'aubergiste. Retournant frénétiquement ses poches, il retrouva un bout de papier en bien mauvais état et quelques pièces d'or dans la poche intérieure de son surcot. Surpris, il paya son dû et se mit à étudier le bout de parchemin. Cette note lui était complètement sorti de la tête. - Citation :
Jeune fille, l'amour, c'est d'abord un miroir Où la femme coquette et belle aime à se voir Et, gaie ou rêveuse, se penche Puis, comme la vertu, quand il a votre coeur Il en chasse le mal et le vice moqueur Et vous fait l'âme pure et blanche
Puis on descend un peu, le pied vous glisse, alors C'est un abîme! en vain la main s'attache aux bords On s'en va dans l'eau qui tournoie! L'amour est charmant, pur, et mortel. N'y crois pas! Tel l'enfant, par un fleuve attiré pas à pas S'y mire, s'y lave et s'y noie Il se rappella la nuit troublante ou il avait écrit ses lignes, sous l'impulsion de puissantes émotions qui avaient totallement envahi son être. Il ne pensait jamais remettre l'amour en question, ne serrais-ce qu'un bref instant, encore moins qu'il pourrait coucher de tels vers sur papier. Cette nuit là, il n'avait su que faire de cette création impulsive ; il ne savait toujours pas quoi en faire aujourd'hui. Sa conception de l'amour avait été fortement mise à l'épreuve dans la dernière année, mais il gardait toujours espoir. Il avait maintenant de nouvelles raison de le faire.
Un très mince sourir aux lèvres, il glissa le billet avec ses autres notes. Peut-être allait-t-il lui en parler. Peut-être allait-t-il publier ce billet, finallement. Peut-être.. | |
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