Euryale R. Bernay Citadin Impliqué
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| Sujet: Le Sphinx, émissaire de Démélyor? Ven 24 Avr 2009, 7:25 pm | |
| La brunante voilait les cieux, teintant ceux-ci des rouges, des pourpres et des violets qui sont hérauts de la nuit imminente.
Euryale allait, en forêt, comme elle avait habitude. Ses temps libres, raréfiés ces derniers temps, s'y passaient. Son souffle prenait forme, immaculé, au sortir de ses lèvres. De loin, on aurait peut-être pu la méprendre pour mi-femme, mi-bête, vêtue de pelisses blanches la gardant de la gifle du froid.
Ses bottes fourrées faisaient crisser la neige, à chaque pas. Son regard vert se porta, à l'arrivée dans une clairière, vers trois silhouettes lestes, félines, qui faisaient des ombres leurs alliées. Les regard ambrés, se portant sur l'intruse, trahissaient leurs présence de par leur éclat. Ce troupeau de cougar n'était pas sans faire songer aux tigres de la légende de Mélissande.
Euryale, comme elle en eut l'habitude, entreprit de reculer, avec douceur, afin de ne pas troubler la petite meute de prédateurs sur qui le froid, et la faim peut-être, pesait.
Un cougar, parmi le groupe, se détacha. Il l'approcha lentement. Et alors qu'Euryale s'éloignait, il la suivit de loin. Il ne paraissait pourtant pas être l'un de ces prédateurs dominés, forcés à l'exil.
Le cougar au pelage gris était ocelé de blanc immaculé. Euryale s'en fut en ville, alors que la bête demeura un peu à l'écart, n'osant pas approcher de trop près la cité illuminée et les gardes lourdement armés.
La damoiselle vint trouver Auguste, son frère, qui pêchait non loin, en compagnie du sieur Dyatrius. Elle lui exposa l'étrange phénomène, et réclâma un peu de poisson, déduisant que, peut-être, la faim motivait les actes étranges de la bête.
Les hommes l'accompagnèrent, et ensemble ils s'en furent retrouver la bête, qui demeurait près des remparts, son regard d'Ambre et ses ocelures blanches permettant de l'entrapercevoir dans le clair-obscur.
Les hommes firent tribut de poisson. La bête s'empara d'abord des prises, encore un peu méfiante, pour dévorer en observant. Puis, en peu de temps, l'être se fit docile. Approcha de plus près les hommes, les jaugeant de son regard insistant. Sitôt que les yeux d'Ambre croisèrent le regard clair du Preux Auguste, la bête sembla se rasséner définitivement, et vint se lover à ses pieds comme le ferait un chien fidèle.
Ainsi, la bête venait de déclarer sa dévotion toute entière à un homme pieux, dévoué à Démélyor.
Auguste le présumait émissaire, envoyé des Cilias pour défendre sur terre les valeurs de l'Incorruptible, joindre les hastanes en leurs luttes. Offrir crocs et griffes aux Purs et aux Droits, comme un soudart offrirait son épée et son bouclier.
Auguste passa longtemps, au côté de la bête qui le veillait. Avant que celle-ci ne retourne dans les bois, non loin de la Cité, d'où Henri pouvait encore le veiller et l'entrapercevoir, parfois.
Quelques vers vinrent à Euryale, alors que la bête venait, de temps à autre, la retrouver : -Sphinx, gardien des mystères et de l'au-delà Émissaire de Démélyor, reconnaissant ceux qui sont justes et droits Ton regard fendu seul, trie le bon grain de l'ivraie Paré à déchirer ceux qui ne trouvent la Juste Réponse, tu te fais.
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