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| Un amour éternel... | |
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+3Milixia Rimbaldi Logan M. de Richecoeur Lorelei B. de Castelcerf 7 participants | Auteur | Message |
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Lorelei B. de Castelcerf Citadin Impliqué
Nbre de messages : 598 Inscription : 05/03/2008
| Sujet: Un amour éternel... Mer 17 Juin 2009, 5:40 pm | |
| Chanson d'ambiance.« Très douce et incomparable Pucelle,Tandis que je vous regarde dormir, je réalise que vous êtes mon seul véritable lien sentimental avec le monde. Me parle-t-on des prisonniers, des persécutés, des affamés? Je ne connais qu'une seule façon de me sentir touché, personnellement, douloureusement, de leur malheur : je vous imagine à leur place. Me parle-t-on de femmes violentées, des victimes de guerre ? Je vous y vois. C'est vous et personne d'autre qui me libérez de mon indifférence. Ce n'est que par votre intermédiaire que je suis capable de compatir. Cela, j'aurais aimé vous le dire sans avoir honte du pathétique. D'autant plus qu'une autre idée, tout à fait contraire, me surprend : et si je perdais cet unique être qui me rattache aux vivants? Je ne pense ici pas à votre trépas, mais à quelque chose de plus subtil, d'insaisissable sur le moment, dont l'idée me rend morose.Ma Dame, plus vous me prenez le cœur, plus j'en ai. Car certes ce sentiment qui me prend et m'envahit, terrible et jaloux, c'est bien de l'amour. Il entre en moi comme on entre dans une citée conquise. Ah! Pour votre bonheur je donnerais le mien, si seulement de loin parfois je puisse entendre le doux murmure que vous m'aimiez un peu, du moins.Haec car toujours, chaque regard de vous suscite une vertu, une vaillance nouvelle. Comprenez maintenant, rendez-vous compte. Sentez-vous mon âme, un peu, dans ce tumulte qui monte? Croyez que devers vous mon cœur ne fait qu'un cri. Et que si les baisers s'envoyaient par écrit, cette missive en serait pleine. Puisqu'on ne peut trouver de femme plus noble, ni en voir de plus belle, ni même en entendre parler, je vous réclame avec humilité. Pour que mon cœur y trouve la fraicheur et cesse de vieillir.Votre dévoué chevalier,Louen d'Anglerond. » Les doigts tremblants de Lorelei laissèrent choir la lettre au creux de son livre de prières.Voilà plus de vingt-cinq années qu’elle s’y trouvait, quelque peu froissée par le temps et les nombreuses lectures. L'encre elle-même commençait à perdre de sa vigueur chromatique.Voilà plus de vingt-cinq années que, par cette lettre, celui qui s’était toujours clamé son dévoué lui avait promis, en plus de sa vie, son cœur.Elle repensait à leur premier baiser échangé, quelques semaines après cet écrit qu’elle avait pris le temps de méditer, lorsqu’une toux violente la prit, assortie d’une nouvelle contraction. A bout de bras et de forces, Lorelei déposa le livre de prières sur la table de chevet, puis fit un signe consentissant vers les deux sages femmes qui attendaient, inquiètes, ses ordres.Apportez tout ce qu’il faut, l’enfant arrive. Les deux jeunes infirmières se pressèrent alors telles deux abeilles autour d’une fleur printanière.Apportez moi aussi un mouchoir. Elle accompagna sa parole d’un geste, leur désignant la main maculée de sang dans laquelle elle avait toussé.Malgré la situation et la douleur que l’on pouvait lui deviner, l’Evêque parlait avec son calme habituel, son visage étant d’un marbre et d’une froideur dont les gens ne s’étonnaient guère plus maintenant.Lorelei se positionna au centre du lit, aidée de l’une des jeunes femmes. Tout l’appartement conjugal avait été préparé pour l’accouchement. Les instruments stérilisés, les linges propres et l’eau tiède reposaient près du lit protégé par maintes serviettes… Elles n’étaient que trois, sur ordre de l’Evêque elle-même.Cette dernière avait déjà mis quatre enfants au monde et savait qu’accompagnée de deux sages-femmes, cela suffirait amplement pour amener le cinquième à la lumière. Elle leur donnerait les instructions qu’elle appliquerait elle-même si elle était à leur place. Elle les rassurerait. Elle savait qu’elle aurait à les rassurer. En pensant à cela, elle remercia Odéon d’avoir éloigné son époux pendant l’heure fatidique.Louen avait assisté aux quatre accouchements précédents, avec une fébrilité ainsi qu’une nervosité chaque fois renouvelée, intacte et même croissante pour chaque nouvel heureux évènement. Chaque fois, il tournait en rond autour du lit, ses mains tremblantes jointes dans le dos pour mieux cacher sa crainte. Tour à tour, il calomniait le personnel médical présent, leur reprochant chaque geste trop lent ou trop rapide, puis se penchait vers son épouse pour lui murmurer mille mots réconfortants que l’on devinait en réalité adressés à lui-même. Blême, tremblant, son humeur sautait de l’un à l’autre, s’exaspérant au moins autant lui-même que les personnes présentes autour de lui. Mais chaque fois, bien qu’elle n’en laissât rien paraître, Lorelei appréciait sa présence et savait pertinemment qu’en cet instant le plus dur serait de s’en priver. Elle avait besoin de sentir le vent de sa cape contre son visage lorsqu’il se détournait près de son lit pour entamer une autre anxieuse allée et venue. D’entendre sa voix grave et tremblante psalmodiant des vœux devers les entités, ou grondante pour les infirmières dont les mains n’étaient pas assez propres. De croiser ses yeux hagards lorsqu’il observait sa femme contracter tous les muscles de son ventre pour aider l’enfant à trouver la sortie, ou de soutenir les regards d’enfant inquiet qu’il posait sur elle lorsqu’il lui jurait vouloir être à sa place et souffrir mille fois ce qu’elle endurait… Autant de manies qui prêtaient à sourire lorsque l’on savait l’homme rustaud qu’il pouvait être mais qui, elle, la confortaient toujours dans la certitude qu’elle avait fait le bon choix.Tel était l’homme de sa vie. Un lion à la gueule béante et au cœur bon.Je vous aime, Louen Rimbaldi. Bien qu’il fut loin d’elle à cet instant, Lorelei murmura ces dires avec la même intensité que la première fois qu’elle les lui avait prononcées à lui.Madame, vous avez demandé quelque chose ? L’Evêque sortit de sa torpeur, et secoua légèrement la tête avant qu’une nouvelle contraction de la saisisse. Elle contint un cri étouffé.Nous allons pouvoir commencer, votre Seigneurie. Cette fois-ci, Lorelei acquiesça. Elle glissa les mains près de ses hanches, se préparant à se cramponner aux draps pour se donner meilleur appui et supporter toute la douleur qu’elle sentait affluer par douces vagues. Alors que l’infirmière l’aidait à positionner convenablement son dos et ses jambes, on frappa à la porte. Une jeune tête frisée passa entre le mur et la poignée poussée.Son Éminence fait tout pour arriver au plus tôt ! L’infirmière qui préparait les instruments chassa le messager d’un geste puis se tourna vers son homologue, lui signalant d’un geste que tout était prêt.Le travail fut aussi douloureux que ce à quoi Lorelei s’était préparée. Elle savait que cet accouchement n’aurait rien à voir avec les précédents. Alors que les sages femmes l’encourageaient par de nombreuses paroles, elle avait fait, tant que faire se peut, le vide autour d’elle. Seul un objectif primait : mettre au monde leur cinquième héritier. Son corps était tendu par la douleur et la fatigue, trempé de sueur, rougi par la chaleur et les tensions qu’elle faisait subir à chacun de ses muscles. Ses faibles gémissements transperçaient parfois ses mâchoires crispées. Elle serrait si tant les dents qu’elle pensait les briser. Elle s’accrochait si tant aux draps qu’elle pensait les arracher. Pourtant, ce qu’elle sentit alors se déchirer ne faisait pas partie de la literie, mais bien de son ventre. Ça y était. Elle expulsa un dernier cri de douleur qui accompagna, comme une prémisse, celui de l’enfant.Les infirmières rirent aux larmes, émues, alors qu’elles aidaient le nouveau-né à s’extirper complètement des entrailles de sa mère. C’est un garçon ! … Louen… souffla Lorelei d’une voix rauque. L’une des deux sages-femmes scinda le cordon ombilical et l’emporta loin de la mère, s’égayant sur le choix du nom choisi pour leur fils et s’interrogeant si, d’avoir le même nom que son père, il aurait le même caractère. Tandis que l’autre nettoyait déjà l’enfant, la première revint vers Lorelei puis poussa un cri, constatant une étendue de sang anormale sous les cuisses de l’Evêque.Dans un autre effort qui sembla lui prendre ses ultimes forces, cette dernière se contracta à nouveau, poussant un râle de fatigue et de souffrance.Ma Dame ! En voilà un ... autre ! s’écria la plus jeune des aides-soignantes. Débordée, elle tentait d’aider le second enfant à venir au monde tout en épongeant les coulées de sang abondantes.
C... C'est une jolie petite fille ! finit-elle par annoncer, les mains couvertes de sang et de sueur. Lorsqu’elle eut fait pour lui tout ce qu’elle avait déjà fait pour le premier, elle le remit entre les mains de sa comparse, et se retourna vers Lorelei.Ma Dame ! Redressez vous un peu que je nettoie et… Ma Dame ? Votre Eminence ! L’infirmière s’était précipitée près du visage endormi puis se retourna vers sa comparse qui la regardait, consternée, tenant contre elle le jeune enfant. Elle s’approcha à son tour tandis que la première glissait une main sous son oreille pour tâter son pouls évanescent. Elle… C’est alors que la porte de la chambre s’ouvrit dans un grand fracas, Louen y pénétrant avec un large sourire aux lèvres lorsqu’il aperçut les enfants, et qui rapidement s’évanouit lorsqu’il retomba sur son épouse.~ * ~
« Tandis que je vous regarde dormir, je réalise que vous êtes mon seul véritable lien sentimental avec le monde.
D'autant plus qu'une autre idée, tout à fait contraire, me surprend : et si je perdais cet unique être qui me rattache aux vivants? »
~* ~
Les iris indigos de la femme aux cheveux d’argents s’étaient à tout jamais éteints, répétant ainsi le même triste destin qu’avait connu sa mère en la mettant au monde, quarante années plus tôt.L’on dit plus tard que sur le bureau de l’Archevêque, un pli l’attendait dont tels seraient les propos. Ils nous furent rapportés et ne sont peut-être pas exacts mot pour mot. Toutefois, tout porte à croire qu’ils soient vraisemblables et proche de ce qu’a pu contenir l’original.« Votre Eminence,
Doux Epoux,
Tendre Cœur,
Chère Âme,
Par cette même je vous demande pardon.
C’est moi qui vous ai volontairement éloigné de l’accouchement, provoquant un évènement qui vous retiendrait ailleurs. Car depuis que l’enfant fut en moi, je sus que sa naissance succéderait à mon trépas, et que vous trépasseriez vous-même à me voir m’ensommeiller pour toujours sous vos yeux, sans n’y pouvoir rien faire.
Puissiez-vous me pardonner de vous avoir caché cette funeste fin, et vous avoir par là-même privé de mon dernier souffle.
Puissiez-vous ainsi vous rappeler que le dernier que vous reçûtes fut celui d’une femme pleine de vie et d’amour, deux élixirs que vous lui avez toujours généreusement dispensé.
Vivez avec la joie de savoir que nos cinq enfants sont en bonne santé, qu’ils ont tout pour accomplir une grande destinée.
Vivez avec la satisfaction des moments d’intense bonheur que nous avons partagé durant ses nombreuses années.
Remerciez chaque instant Odéon de nous avoir permis de vivre les plus beaux jours de notre vie ensemble, et de nous avoir épargné les pires choses.
Ne maudissez rien ni personne de la tristesse que tout ceci vous causera.
Pleurez un temps, puis souriez en pensant au chemin chaque jour plus court qui nous réunira.
Ma dernière pensée fut pour vous, je sais que vous n’en doutez pas.
Bientôt, nous serons à nouveau ensemble, si tant est que je ne sois pas à vos côtés céans.
Je n’ai jamais aimé que vous,
Lorelei Béatrix. »
D’aucun disent que l’Archevêque ne put jamais lire cette lettre.D’aucun disent que, même s’il l’avait fait, de ne s’être point tué lui-même, son chagrin l’aurait emporté quoi qu’il advînt… | |
| | | Logan M. de Richecoeur Citadin Vétéran
Nbre de messages : 1645 Age : 39 Inscription : 13/03/2007
| Sujet: Re: Un amour éternel... Jeu 18 Juin 2009, 4:19 pm | |
| Ambiance sonore : https://www.youtube.com/watch?v=sQNMA2Yni_I&feature=related« Vous me manquez, j’en frissonne. Vous êtes loin, j’en suis malade. »La mort de sa femme lui avait paru comme la pire blessure qu’il pouvait subir de son vivant. Son corps en était courbé sous le choc et son visage lacéré par les larmes d’une tristesse sans nom. De toutes les souffrances vécues de sa vie durant, celles de voir sa femme trépasser fut la pire. Pour elle, il aurait tout donné. Il lui aurait donné sa vie si ce sacrifice avait eu le don de lui éviter une seconde de malaise. Quiconque connaissait Louen savait que pour sa femme, il était prêt à tout. Pourtant, le trépas de sa femme lui avait été annoncé. Il n’ignorait pas le destin funeste qui attendait sa famille. Il ne l’ignorait pas, mais il en avait toujours fait fit. Non pas par déni, mais parce que la vie se devait d’être vécue pleinement sans l’ombre morbide de la mort à venir. C’est pourquoi devant les siens, jamais il n’avait évoqué cette bombe qui dormait et qui n’attendait que d’être déclenchée. La mort de son épouse était la première étape d’une quête voulue par Adaelle. Cette mission divine, qui débutait sur une si mauvaise note, devait pourtant se clore par l’ascension de deux âmes. Adaelle lui avait promis, à la fin de tout ceci, Loreleï et Louen deviendraient des anges à son service. Mieux, ils formeraient son bras droit. Mais il restait encore plusieurs étapes à la quête. Autant d’étapes qui mèneraient le chevalier à son propre trépas. C’est ainsi qu’à la faveur de la nuit et d’un habit sobre, Louen quittait Citria pour ne jamais y revenir. Poussant d’un geste monotone la charrette qui accueillait le corps inerte de sa femme, il revoyait défiler devant lui les souvenirs qui gravaient son esprit. Et chacun de ses souvenirs les plus heureux émanaient de sa douce épouse Loreleï. Car c’est avec elle qu’il avait formé l’ensemble de ses rêves et de ses objectifs. C’est pour elle qu’il s’entêtait à toujours performé, à toujours grimper les échelons et à toujours agir droitement. Faire contrairement à cela lui paraissait impossible si tant son cœur amoureux commandait ses gestes. Savoir qu’il l’a retrouverait bientôt lui était un doux réconfort. C’est dans cet état d’esprit qu’il se remémora la première fois qu’il vit Loreleï. À cette époque, il était perdu, rongé par l’alcoolisme et la soif du sang. Son orgueil démesuré l’aveuglait des vrais vertus, en vérité, sa tête était possédée par le Pandémonium. C’est en la voyant que son cœur fut pris de rectitude, mais surtout d’un élan d’espoir. Elle a agit véritablement comme un rayon de pureté qui a lavé son cœur des vilains défauts que la guerre avait implanté en ce lieu. Puis ensuite il se rappela des années de paix qui ont permis à Citria de se relever. De belles et douces années qui ont vu naitre 4 de leurs enfants. À chaque naissance, Louen voyait son cœur doublement emballé par l’espoir d’un monde meilleur. Mais surtout, ses sentiments amoureux pour Loreleï étaient réaffirmés. À chaque naissance, il voyait sa femme comme son véritable phare, son ancre vertueuse qui le rattachait au monde. Elle le libérait de son égoïsme. Et à l’annonce de cette dernière grossesse, cette joie intense qu’il l’avait assailli. Un bonheur qui s’était rapidement transformé en préoccupation, puis en peur véritable. Les mois se poursuivaient et l’état de santé de Loreleï déclinait. Mais malgré le spectre de l’inquiétude, ils avaient vécu de si beaux moments, comme cette chasse au trésor que Louen avait préparé pour sa femme lors de leur anniversaire de mariage ou alors lorsqu’ils avaient emménagé au palais. ---------------------------------------------------------------------------------------- https://www.youtube.com/watch?v=KByla_uGhro&feature=PlayList&p=07327C8B34EE9E15&index=14« Ma dernière pensée fut pour vous, je sais que vous n’en doutez pas. » La mort n’est qu’une étape et il faut, devant elle, rester toujours aussi fier. Parce que certaine mort sont voulues par la vie afin que le cycle reste cohérent. Certaines morts sont nécessaires pour la poursuite d’un idéal plus grand que la poursuite simple de la vie. Ainsi, ces morts serviraient La Loyauté. Une loyauté amoureuse qui va au-delà de la mort. C’est pour cette valeur que Louen devait se rendre jusqu’au Circan avec le corps de Loreleï. C’est pour cette valeur qu’il suivait cette petite colombe blanche qui le guidait jusqu’au lieu de sa fin. L’artefact de la Loyauté que portait Loreleï tirait sa force de cette union heureuse. La fin terrestre de cette union devait signifier la fin terrestre de cet artefact, du moins pour ce moment. C’est l’ordre qu’il avait reçu de Laenya et qui s’était concrétisé par la convocation d’Adaelle, une journée avant le triste trépas de Lorelei. Louen poussait cette charrette, s’enfonçant dans une forêt sans nom. La fin de ce parcours devait être un lac. Au fond de ce lac devait se trouver l’ultime porte vers le Circan, une porte qu’il ne pouvait être franchi qu’à sens unique par les cœurs purs. C’est en franchissant cette porte que cette quête saurait être réalisée. Et il savait qu’en passant l’Arche, sa dernière pensée irait vers sa femme. Il savait qu’à la toute fin, qu’alors même qu’il quitterait le monde des mortels il serait plein des idées de sa femme. Plein de ce qu’elle signifie pour lui. | |
| | | Lorelei B. de Castelcerf Citadin Impliqué
Nbre de messages : 598 Inscription : 05/03/2008
| Sujet: Re: Un amour éternel... Jeu 18 Juin 2009, 4:37 pm | |
| Il saisit sa femme entre ses bras, dans l'écrin de soie blanche avec laquelle il l'avait recouverte.
Tenue contre sa poitrine, il admira une dernière fois son doux visage endormi. La lune reflétait ses traits angéliques et faisait miroiter sa cascade de cheveux blancs qui ondulaient sous la légère brise nocturne.
Une larme coula des yeux de l'époux meurtrit, roulant lentement sur sa joue. Cette dernière se tendit dans un dernier sursaut.
Il souriait.
C'est alors seulement qu'il inspira longuement, serrant un peu plus sa femme contre lui. Il posa les yeux sur la rive silencieuse, puis avança un pas devant l'autre.
Louen et Lorelei s'enfoncèrent lentement dans l'eau. Lui, sans un regard en arrière. Elle, plus belle que jamais.
Bientôt, il ne restèrent d'eux que quelques bulles d'eau à la surface et un long foulard de soie blanche jouant sur les remous discret d'une très longue histoire. | |
| | | Milixia Rimbaldi Paysan
Nbre de messages : 88 Age : 33 Inscription : 04/02/2009
| Sujet: Re: Un amour éternel... Jeu 18 Juin 2009, 8:50 pm | |
| C'était un matin comme les autres, du moins, pour la jeune Nébulix. Elle avait entendu beaucoup d'agitation dans les couloirs, mais comme c'était fréquent, elle ne nota pas que cette agitation, cette fois, était très différente. Un cri, dans la chambre voisine.
Un cri qui glaça son sang. C'était maman... Milixia savait qu'elle avait besoin du plus grand repos possible pour son petit frère... Ou sa petite soeur... Allait-il naître aujourd'hui?
Les portes s'ouvraient et se fermaient à répétition. Milixia regardait les ombres passer sous la porte de sa chambre. Recroquevillée sur son lit, elle ne disait rien, elle ne bougeait plus. Milixia attendait.
"Pitié, faites que maman s'en sorte... Faites que maman s'en sorte..."
...Faites que maman s'en sorte...
...
~¤~
Son père était parti. Un silence de mort règnait dans les couloirs du palais. Milixia n'avait pas bougé de son lit, rongé par la peur et la peine... Et elle ne bougerait pas. Ses membres refusaient de lui obéir et de toute façon elle ne voulait pas bouger. Elle voulait rester là pour toujours à attendre son retour, à attendre que tout finisse bien.
Les larmes coulaient, son corps tremblait. | |
| | | Jésabel Ambrosius Citadin Ainé
Nbre de messages : 1336 Age : 37 Inscription : 28/12/2006
| Sujet: Re: Un amour éternel... Jeu 18 Juin 2009, 9:53 pm | |
| ..Aujourd'hui je suis assise dans cette chaise qui berçe, dans un silence qui en disait long sur l'amertume qui touche notre famille... J'entends les grincement du bois qui roule sous notre poid; moi, Louen et Lorelei juniors. Je berçe ces bébés comme s'ils étaient miens.. parce qu'ils sont le fruit d'un dernier instant, d'un dernier amour.. d'un amour éternel qui était et sera toujours leur. Ils sont si beaux, ces anges d'amour. Je les aime déjà tellement....ils me rappellèlent leurs parents.
Je me tourne vers Richard et lui dit que nous devons être fort, qu'ils doivent trouver en nous force et réconfort. Le silence qui pèse sur nous est lourd...J'imagine que de là-haut, maintenant, ils nous observent...haec Richard.. nous devons être fort...
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| | | Léonore R. de Castelcerf Paysan
Nbre de messages : 180 Age : 34 Localisation : Au bout du sentier de la Perdition, abattant la Foudre. Inscription : 08/03/2009
| Sujet: Re: Un amour éternel... Ven 19 Juin 2009, 7:00 am | |
| Après la mort, il se produit un phénomène étrange. Nos sens disparaissent peu à peu, le goût, le toucher l'odorat et l'ouïe deviennent un lointain souvenir. Mais nôtre vue, oh nôtre vue se développe! Et soudain on voit très nettement le monde qu'on a laissé derrière soi. Oh, bien sûr une grande partie de ce que les morts voient pourrait aussi être vu par les vivants...
Léonore n'avait jamais pensé qu'un jour ses parents pouvaient simplement mourir. Et quand le destin lui prouva le contraire, elle n'y crut simplement pas. Assise à sa coiffeuse, observant par la fenêtre non loin, elle pensait. A la souffrance de perdre des êtres chers, à la joie d'en accueillir des nouveaux en ce monde. Il n'y avait aucun coupable, seulement la volonté du Seigneur de rappeler auprès de lui ses enfants les plus loyaux.
Elle avait couvert le miroir d'un drap blanc, pour ne plus voir son reflet. Celui qui lui faisait penser à sa mère dont elle avait hérité de la majorité des traits. Et derrière elle, un ami moine, rangeait ses affaires dans un coffre. Ses propres affaires à elle. Et elle continuait de penser, à ce que lui avait légué son père, à l'enseignement de sa mère : à leurs sourires lorsqu'ils eurent à l'accueillir chaleureusement.
Plus pâle que jamais, les yeux cernés et rougis par deux nuits de pleurs, elle se releva, s'aidant du meuble pour s'appuyer dessus. Une fois debout, le moine referma le coffre et vint rapidement la soutenir, voyant son état fébrile. ce n'est que d'une douce voix qu'elle put lui annoncer :
"Allons-y"
Léonore Rimbaldi avait toujours refusé une place au Château. Par modestie, par volonté de rester près des moniales et de Dieu. Mais alors que la douleur touchait sa famille de près, elle n'eût que l'envie de rester proche d'eux, et de se dévouer à partager avec ses frères et ses jeunes soeurs, une douleur qui bientôt en laisserait place à une autre. | |
| | | Liam Ambrosius Citadin
Nbre de messages : 417 Inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Un amour éternel... Ven 19 Juin 2009, 8:47 am | |
| Liam lisait ces quelques mots avec peine. Comment se pouvait-il que… Il ne pouvait s’agir là que d’une erreur. Pourtant la lettre était très explicite. Son mentor, Maître et Oncle n’était plus.
Sans perdre un instant de plus la voile était à nouveau montée et l’ancre relevée. A peine avait-il pris le temps de rédiger deux ou trois plis relativement courts qu’il transmit au messager de la Sombre et le voilà qu'il repartait prestement en direction de la Blanche.
Si tel était bien le cas alors il irait présenter ses condoléances aux enfants de son Maître et resterai dans la Blanche le temps de faire son deuil. La traversée allait durer plusieurs jours et pendant celle-ci nuls doutes que les pensées de Liam se dirigeraient vers Louen et Loreleï. Liam se rappelait de l’honneur que lui avait fait son Seigneur avant de partir, Louen n’étant plus il restait alors à l’Hastane qu’une seule chose à faire… | |
| | | Richard R. de Castelcerf Paysan
Nbre de messages : 180 Age : 37 Localisation : Bruxelles Inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Un amour éternel... Ven 19 Juin 2009, 8:52 am | |
| La nouvelle l'avait frappé comme une épée trop affutée sur un corps offert sans protection. Une boule de rage mêlée à la tristesse le prit au ventre, remontant lentement vers la gorge, pour s'échapper dans un cri perdu dans les bois de Castelcerf. Rien ne pouvait le soulager de la douleur qu'il ressentait en ce moment même. Puis, lentement, la respiration saccadée, les poings serrés, les mâchoires crispées, il releva la tête au ciel, le suppliant de lui rendre ses parents partis bien trop tôt.
Pourquoi... Oh, Tout Puissant, pourquoi eux?
...
Sur son tabouret, une cruche d'eau à moitié remplie et un repas quasiment intact à ses cotés, il semblait être dans un autre monde. Sa douce approcha lentement, conscient de son état fragilisé. Le regard absent un instant, retrouvait soudainement sa vivacité peu de temps après. Il tenta un maigre sourire pour rassurer son aimée, sans grand succès. L'évènement était encore trop récent dans son coeur pour qu'il puisse pleinement maîtriser ses émotions. Elle s'approcha lentement, glissant une main sur une joue, réchauffant l'autre joue de ses tendres lèvres. Une flamme alors enfouie au fond de son coeur se raviva soudainement, son amour et son espoir de vie reprenant le dessus.
Haec, ma douce... Je ne peux point faillir, nous ne le pouvons point. Tant dépendent maintenant de notre soutient. La famille des Rimbaldis continuera à vivre et à resplendir en la Blanche.
Il se glissa en bas de son tabouret, abandonnant quelques écus sur le comptoir de l'auberge où il avait trouvé refuge. Sa famille l'attendait. Ses frères et soeurs avaient besoin de sa protection. Et il avait maintenant trois enfants à sa charge, la petite Marianne, Louen et Lorelei. Jamais il ne les abandonnerait. L'amour qu'il avait reçu de ses parents, la lumière le guidant dans sa jeunesse, il la leur transmettrait du mieux qu'il le pouvait.
Dans peu de temps, cette blessure se refermerait, la vie continuant à couler dans le grand fleuve du temps, ne se souciant point des poissons cherchant à nager à contre-courant. La joie et l'amour reviendrait tôt ou tard, le bonheur et la plénitude le combleraient de la même manière qu'ils avaient comblés ses parents aimant.
Il continuerait leur combat, chassant les ombres, ne faillissant point, déterminé face à l'adversité. | |
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| Sujet: Re: Un amour éternel... | |
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