(BG) Fleur, expérience ratée M.0241

L'enfance de Vandala

Mains fines levées devant son regard, protégeant ses yeux des rayons lumineux du soleil, la jeune adolescente arborait un doux sourire en sortant de sa maison parentale. Encore une douce journée en Citria la Blanche qui débutait pour la jeune fille aux cheveux bouclés d'un blond... presque blanc.

Sautant au bas des escaliers joyeusement en quelques bonds jusqu'à l'atelier de forge, d'où l'on pouvait entendre un homme marteler avec force quelques lingots de toutes sortes, Vandala restait souvent cachée à espionner cet homme, qui était en fait son père, travailler. Du coin de l'oeil, Allasian remarquait toujours la plus jeune de ses filles, qui se croyait bien cachée, en restant silencieuse dans un coin à l'observer. Il souriait simplement en faisant semblant de ne pas l'apercevoir même si quelques fois elle faisait tomber, dans un vacarme, quelques outils au sol. Cette maladresse ne la quitterait pas de sitôt, pensait son père. Lorsque celui-ci quittait l'atelier le soir venu, Vandala sortait sur la pointe des pieds de sa "cachette" afin de regarder ce qui, selon elle, était de vraies oeuvres d'art. Glissant doucement le bout de ses petits doigts sur les métaux de toutes les couleurs, Vandala était émerveillée par le travail de son père... la chaleur de la forge. Ce feu qui ne cessait jamais de faire rougir les métaux afin qu'ils puissent devenir malléables et changer de forme selon les désirs du forgeron.

Les années passant dans la paix et le calme, Vandala était maintenant rendue une jeune femme à l'image de sa mère. De ses yeux couleur pluie, on pouvait deviner une gentillesse sans égale ainsi que l'innocence à l'état pur. Une hastane comme toutes les autres possiblement. Jeune femme fragile... Ce qui inquiéta justement son père. En Vandala, Allasian percevait chaque jour les traits la femme qu'il avait autrefois aimé plus que tout... Amalia. Peu après la naissance de ses deux filles, la mère quitta la famille et les landes... une étrange maladie. Il ne s'en remis d'ailleurs jamais. Jamais après cette femme si... parfaite... il ne put en regarder une autre.

Ô comme autrefois il s'était considéré chanceux qu'elle le choisisse, lui, un simple forgeron. D'un seul regard, Amalia l'avait complètement troublé. Toujours il revoyait le sourire de cette femme si douce et magnifique. Malheureusement, il était loin d'être le seul dont le coeur avait basculé pour elle. Tous les jours pendant presque une année complète il l'admirait passer au marché de fruits, tout juste en face son atelier de forge. Le destin?Chaque jour, son regard croisait le sien... et la femme lui souriait. Chaque jour, Allasian se réveillait plus tôt pour se rendre à l'atelier avec simple espoir de revoir le sourire de cette femme qui hantait constamment ses pensées. Mais par un jour de pluie, il ne vit pas Amalia se rendre au marché comme à son habitude pendant les douces lueurs du matin. C'est avec un pincement au coeur que l'homme avait travaillé sans motivation ce jour-là.
Les mains noircies par le travail, l'homme détacha son épais tablier de forgeron afin d'aller le poser sur sa table de travail au fond de la pièce. C'est en se retournant, en entendant de légers bruits de pas derrière lui, qu'elle était là. Devant lui, vêtue d'une robe écarlate qu'il n'avait jamais vu, qu'Amalia lui tendit une rose de la même couleur. Gêné de prendre ce présent entre ses mains sales et rudes de forgeron, ce jour-là, il comprit qu'elle était celle avec qui il désirait passer sa vie. Ce fut en effet le cas... jusqu'à la perte de cette dernière. Il tâchait de garder le sourire devant ses deux petites filles même si son coeur ne cessait de saigner de cette terrible perte. Il lui restait deux preuves qu'Amalia avait bel et bien existé pour lui dans ce monde.

Avec les années qui passaient, Vaetida, la première des deux soeurs quitta la maison familiale pour aller apprendre la médecine en voyageant sur les landes. Elle était à l'image de son père, forte de caractère et sans peur. Il ne craignait rien pour elle. Par contre, pour Vandala c'était tout autre chose. La réplique parfaite d'Amalia. Combien de fois il avait du protéger sa femme dont l'innocence devait être sa plus grande faiblesse. Allasian garda donc Vandala près de lui un peu plus longtemps afin de lui apprendre l'art de la forge qui semblait tant l'intéresser. Voilà qui voyait, en ces quelques années, l'occasion de lui apprendre que tous n'étaient pas fondamentalement bons. Qu'elle ne devait pas faire aveuglément confiance aux gens. De les laisser faire leurs preuves d'abord. Il l'a garda donc près de lui comme apprenti pendant deux années. Dommage que ce temps parût bien insufisant aux yeux d'Allasian avant de voir la plus jeune de ses filles quitter à son tour la maison familiale afin de commencer, elle aussi, sa propre vie.

Et qui aurait pu deviner que l'âme de Vandala s'envolerait en ternissant lentement dans un Saphir... et laisserait Fleur seule.

Loin de la Blanche, près de la Sombre, dans un Laboratoire retenu au-dessus du sol par un flot de lave continu, un nargolith travaillait sur son arme ultime; Fleur. Peu de gens connaissaient l'existence de son créateur à ce moment-là, et encore moins de la création qui allait voir le soleil dans les années qui allaient s'étirer. Le Sifflement, qui maîtrisait de manière inquiétante les arcanes, testait sur plusieurs femmes depuis des dizaines d'années à implanter une nouvelle âme qui saurait lui obéir au doigt et à l'oeil.

Elle serait lui et il serait elle.
Elle serait ses yeux.
Elle serait ses oreilles.
Elle serait sa parole.
Elle serait tout ce qu'il veut qu'elle soit.
Elle serait son pantin.

La patience était probablement sa plus grande qualité et la source de sa cruauté sans limite aussi. Combien de femmes avaient péri à cause de légers défauts de cette âme destructrice? Les restes des corps des pauvres cobayes restaients sur les tables près du nargolith qui s'en préoccupait si peu... Une âme si rageuse qu'elle détruisait d'elle-même le corps étranger qui la retenait vivante. Celà causait souçi au Sifflement.

Peut-être faudrait-il alors contre-balancer avec une âme de l'autre extrême afin d'empêcher destruction physique?

Des livres anciens aux pages jaunies il en avait par milliers au second étage de sa tour. Tout pour le contrôle, les mouvements, les pensées, destruction, manipulation, copie et encore plus. Sur son propre crâne, des symboles runiques y étaient visibles... Le contenu de ces pages, il le connaissait par coeur. De son calme habituel, il consultait les volumes de temps à autres par pur souçi du détail et perfectionisme. Ses fins doigts glissaient avec précaution sur les pages fragilisées par le temps.

Et là. Il venait de trouver la combinaison parfaite... le simple ajustement à faire... sur la couronne d'étheryl. Si cela pouvait fonctionner, son expérience serait une réussite totale. Reste à trouver une femme... espérons que le corps saura résister cette âme qui pourra rester discrète avant de prendre la totalité de l'être avec le temps.

Une jeune femme innocente viendrait probablement livrée sur un plateau d'argent comme toujours. Il ne s'en inquiétait pas.

Le portail

- Vous voulez une lame forgée en argent Sieur?
Demanda avec douceur la trop jeune forgeronne qu'était Vandala à cette période en la Blanche alors que l'homme à la chevelure grisâtre acquiescait simplement.

Se relevant de la table, où elle était assise avec ses aspellors à la taverne de Citria, elle les quitta en leur disant qu'elle reviendrait sous peu. Lya Delsaux s'était bien proposée de venir mais ce n'était qu'une lame fort simple à faire... inutile de salir la si jolie robe qu'elle portait pour cela! Vandala n'avait jamais eu cet homme comme client avant et elle était heureuse que ses talents de forgeronne commencent à être reconnu après si peu de temps de travail.

Observatrice de nature, le regard azur de la jeune femme détaillait l'homme qui marchait près d'elle dans les rues de Citria. Le sac lourd de lingots et d'outils de forgeron de Vandala laissait entendre de légers cliquetis à chacun de ses légers pas rapides au sol. Décidémment, l'homme semblait plutôt pressé puisque pour un seul de ses pas, elle devait au moins en faire quatre ou cinq afin de pouvoir le suivre entre les passants.

Un peu essoufflée tout de même de porter son sac tout de même assez lourd et de devoir presque courir... surtout qu'ils venaient de dépasser la forge, gênée, Vandala demanda d'un ton de voix plutôt timide;

- Eum, excusez-moi mais... la forge nous venons de la passer et...
Ayant à peine le temps de commencer sa phrase, l'homme qui était jusque-là resté silencieux lui coupa rapidement la parole sans vraiment lui donner la chance de répondre quoi que ce soit d'autre par la suite;

- Nisi, viens avec moi juste un petit moment j'ai oublié quelque chose ce ne sera nisi bien long.

Vandala aurait dû se méfier à ce moment-là mais elle le suivit tout de même un peu hors de Citria, croyant qu'il avait peut-être des armes qu'il avait laissé à sa demeure. Après quelques minutes de marche rapide derrière l'homme, ils gravirent in escalier et en haut de celui-ci se trouvait un portail.

D'abord confuse, Vandala tourna la tête vers l'homme en même temps qu'elle le vit dégainer sa lame en pointant le portail de manière insistante. Terrorisée, la jeune fille ouvrit grand les yeux en observant l'homme, espérant toujours que ce n'était pas réel. Cela ne pouvait pas arriver. Elle n'avait rien fait de mal... elle ne méritait pas... mais...

Les questions se bousculaient encore dans sa tête d'adolescente alors qu'elle s'engouffrait dans ce qui allait être les pires années de son existence. Si elle avait su ce qui l'attendait de l'autre côté de ce portail, elle aurait probablement hurlé toute la terreur des landes avant d'être contrainte d'y entrer.

Ce jour-là,
Cette semaine-là,
Ce mois-là,
Cette année-là, elle ne rentra jamais retrouver ses aspellors.