Traînant les pieds au sol, sa chevelure noire abîmée par ce qu'on aurait dit une fuite rapide dans une forêt, Vandala semblait avoir passé un sale moment. Relevant à peine les yeux vers le ciel noircit par la nuit, elle échappa un simple rire qu'on aurait dit fou. Sa robe rouge sang était déchirée, autant qu'elle-même pouvait saigner. Elle sortit un miroir de son sac et, au clair de lune, elle regarda son reflet dans celui-ci. Des yeux bleus.
Fleur n'avait en effet jamais existé comme l'avait si bien dit Bohémond. Il avait raison. Vandala avait simplement fermé son coeur afin de se protéger des épreuves. Le masque d'indifférence qu'elle portait à tous les jours, son apparence forte, une Mairesse compréhensive, calme... Non rien de tout cela n'existait vraiment.
Comment espérer sortir mentalement sain de tout cela? Elle avait bien géré jusqu'à maintenant... du moins ses faiblesses ne paraissaient pas vraiment. Ayant été enlevée à 16 ans à peine pour se retrouver enfermée aux Cent-pointes, seule, avoir été traitée comme une esclave, torturée, manipulée... pour ensuite en venir aux expériences que le Sifflement avait fait sur elle; Séparer en deux son esprit. C'était le même esprit au final contrairement à ce que les gens croyaient. Vendue comme esclave, le lapin rouge... drogué aux potions afin de la briser. Ils avaient certes bien réussis malgré qu'il pensaient le contraire. Son peuple qui lui avait tourné le dos suite à ces évènements... l'ironie du sort dit-on.
Assise parmi les feuilles mortes au sol, Vandala repensait à toutes les épreuves qu'elle avait traversé avec peine. Dire qu'au simple timbre de sa voix, un Drakan sage et aveugle avait totalement compris sa personne. Ce fut bien le seul d'ailleurs... sauf un homme... simplement un, l'homme au foulard rouge. Combien de fois en une journée les gens attendaient tellement d'elle, ils préféraient son masque, l'apparence forte. Mais il y avait déjà un bon moment qu'elle n'était en rien proche de cela.
Et maintenant ces mortanyss qui la pourchassait pour un crime qu'elle n'avait pas commis. Un peuple complet qui ne voulaient même pas l'écouter! Le comble... du gros n'importe quoi... celui de trop il faut croire, avant qu'elle ne perde totalement la tête.
Seule au milieu de la forêt, elle décida de revenir ce qu'elle était vraiment; Vandala Rose, l'hastane à la robe blanche. Ce fut facile d'ailleurs de déchirer les lambeaux qui lui servaient de vêtements à présent. Simplement ce foulard rouge... un bout de tissus qui lui avait redonné du courage... pathétique n'est-ce pas? Se sentir si seule parmi les autres...
Crispant ses doigts en les enfonçant dans le sol froid d'automne, elle y creusa peu à peu un trou. Sous ses ongles, la terre avait décidée de rester avec elle pendant son retour. Il faut croire que la terre si douce se doutait qu'elle n'en avait plus pour longtemps à vivre. A cet endroit précis, elle y enfouirait son coeur; Un foulard et une simple missive. Il ne manquait plus qu'une partie d'elle-même maintenant. Sortant alors les ciseaux de son sac, elle coupa ses cheveux, comme avant. Vandala les regardait tomber par-dessus ses objets précieux. D'un geste lent, ses mains tremblantes vinrent couvrir le tout de terre ainsi que de six feuilles rouges, fraichement tombées des arbres, disposées en cercle.
- Puisse-t-il pousser la plus magnifique des roses à cet endroit, une seule et unique.
Le froid de la nuit ne lui faisait plus rien à présent. Le regard de Vandala se posa simplement sur la coupure empoisonnée qu'on ne s'était pas gêné de lui faire. Quel mortanyss avait réussit à la toucher? Elle n'en savait rien mais peu importe, ce poison était mortel... mais lent à agir... Par on ne sait quel miracle, elle avait réussi à s'enfuir malgré tout. Elle tenterait de retourner en Tyrimar afin de semer sur son chemin les objets l'ayant blessé. Des livres, des pages, des objets... des armes... l'arme empoisonnée qu'elle avait toujours en elle.
Sortant alors une robe d'un blanc immaculé, elle l'enfila doucement. Elle désirait mourir en blanc. Ses cheveux noirs recouvraient à nouveau la moitié de son visage, elle était redevenue elle-même après tout ce temps où elle s'était perdue. Bien qu'elle était consciente qu'elle ne manquerait pas à beaucoup de gens, elle pris lentement la route vers Tyrimar. Allait-elle au moins s'y rendre... elle l'espérait. Mais ce qui était sur... c'était sa fin.