|
| Des loups déguisés en brebis | |
| | Auteur | Message |
---|
Hyara Myriakis Paysan
Nbre de messages : 244 Age : 18 Inscription : 20/09/2009
| Sujet: Des loups déguisés en brebis Jeu 28 Jan 2010, 7:33 am | |
| Les loups masqués
«Regarde-la. Elle ne se soucie de rien.» «Elle semble si innocente. » Depuis un moment déjà, ils l’observaient. «Tu ne dois pas penser à notre plan. Ne pense à rien. »
C’est trop facile.
L’homme s’approcha d’elle, tandis que la femme demeurait au comptoir à siroter son verre. «Mes salutations, jolie fleur. Puis-je vous tenir compagnie? » Lorsqu’elle redressa la tête, il fut saisie par la beauté qu’émanait son visage. «Mademoiselle, je vous en prie, permettez-moi de combler votre solitude. » La belle marqua un court silence, un brin agacée par l'introduction de l'homme dans sa tranquilité, ce dernier la contemplant d’un air adulateur. «Faites comme vous voulez, monsieur», répondit-elle dans un sourire qui se voulait affable. Il ne se fit pas prier. Elle ferma son livre, puis le rangea à son bord. «Nous nous connaissons?» «Nous vous connaissons. Vous êtes Hyara.» La perplexité se décrivait distinctement sur son minois, le front barré par une ombre, le regard froncé. «Nous étudions à la même école. », précisa l’homme dans un demi-sourire. «Et vous êtes?» «Je m’appelle Léon, et voici mon aspellor, Maory. » Il était agréable à regarder, les traits fins, bien ciselés, les yeux bleus clair. Elle était également très jolie, mais son regard était incisif, aussi dur que l'acier. Tous les deux arboraient une figure hâve, le teint hyalin, presque transparent. Ils ne paraissaient ni jeunes, ni vieux, avoisinant peut-être les vingt-cinq ans. «Vous ne me dites rien. Nous sommes-nous déjà croisés?» «À de rares occasions. Nous avons entendu que des éloges à votre sujet. Nous aimerons en apprendre plus sur vous. » Hyara parut collet monté, les sourcils légèrement plissés, le doute s'immisçant en elle. «Bien. Qu’aimerez-vous savoir?» «Nous voulons faire votre connaissance.»
Elle est si belle.
Ils s’échangèrent un long regard, comme s’ils essayaient de se circonscrire, de se percer à jour. Sans succès. Elle se para d’un sourire faussé et lui d’un air pleinement suffisant. «Une autre fois, peut-être. Je dois étudier.» C’était l’issue la plus accessible pour elle. Elle se leva avec raideur et, dans un élan de panique, l’homme en fit de même. «Nisi!, puis il rectifia le ton de sa voix. Ne partez pas si vite. Nous commencions à faire plus ample connaissance.»
Je ne pense à rien… Je ne pense à rien… Je ne pense à rien…
Elle aperçut Maory, dans son angle mort, qui s’était rapprochée d’un pas cauteleux. «Écoutez, je ne sais pas ce que vous me voulez, mais…» «C’est toi que nous voulons. »
Il nous la faut.
«Vous vous trompez de personne…» Sentant l’étau se refermer sur elle, elle écarta la femme de son chemin pour se diriger prestement vers la sortie. «Nous n’avons plus le choix. Il faudra l’hypnotiser.» | |
| | | Hyara Myriakis Paysan
Nbre de messages : 244 Age : 18 Inscription : 20/09/2009
| Sujet: Re: Des loups déguisés en brebis Mer 31 Mar 2010, 10:14 pm | |
| Les loups démasqués
Le ciel était pourpre, l’inconnu tout autour d’elle. Un mauvais songe. À chaque fois, les mêmes images se répétaient précisément, toujours dans le même ordre, au même endroit. Au moment où elle voyait leur visage, elle se réveillait systématiquement avant que la panique ne s’empare d’elle. Ces visages, elle les connaissait, mais pas de cette manière. Dans son rêve, ils se manifestaient sous leur vraie nature. Une nature démoniaque.
Valrick, qui s’était carré dans le fauteuil dans une posture contorsionnée, dormait du sommeil du juste, ne se doutant même pas des tourments de son aspellor. Cette dernière n’arrivait plus à fermer l’œil, alerte, en proie de craintes sans nom. Elle se leva dans un mouvement aérien et s’approcha intuitivement de la fenêtre. Là, dehors, une silhouette sombre, se tenait immobile dans la rue. Elle lui rappelait son chevalier, grand et massif, revêtu d’une cape noire. Cela devait être lui, mais que faisait-il à l’extérieur, à cette heure si tardive? Hyara quitta la chambre pour le rejoindre, pieds nus, se mouvant sans émettre un son. La porte trahit sa venue dans un grincement langoureux, s’ouvrant sur l’arachnéenne. Son corps harmonieux accusait des courbes presque juvéniles, pas moins exquises, que révélait la légère chemise de nuit plaquée contre elle. Le vent s’était soudainement levé et s’engouffrait dans ses cheveux cuivrés, quelques mèches lui fouettant le visage.
«Séphora?»
Elle n’obtint aucune réponse. L’homme, qui lui présentait le dos, s’éloigna d’elle d’un pas ferme et droit. Elle l’engendra d’une allure plus rythmée, attrapant son bras.
«Es-tu toujours fâché? Sinisi, on aurait dit.»
Il se défit aisément de sa poigne, continuant d’avancer. Hyara le suivit, ne se laissant pas démonter par sa froideur.
«Dis-moi au moins ce qu’il y a! C’est à cause de ce qu’ils pensent de moi, c’est ça?»
L’homme venait de disparaître à un tournant et lorsqu’elle le rejoignit, elle fut prise de court. Étroitement enlacée, ses lèvres emprisonnées, elle se raidit de stupéfaction. Une étrange impression la submergeait. Son attirail n’était plus aussi dur, plus léger, ses épaules plus bornées. Il n’embrassait pas avec l’adresse de son chevalier, d’une agressivité saisissante. Hyara se mit à protester, puis il la relâcha après l’avoir fortement pressée dans ses bras. La belle faillit tomber à la renverse, se redressant vitement, prête à toutes éventualités. En la voyant aussi effarouchée, l’homme se mit à rire à gorge déployée, content de son leurre. Il portait une toge plus ample, s’y perdant presque, grand et très maigre.
«Léon?!», hoqueta l’hastane avec stupeur.
«Heureux de vous savoir libre, Hyara», d'un ton hostile.
Puis il fondit sur elle comme une ombre grandissante, dans un élan imprévisible. Hyara eut le réflexe de faire volte-face avant d'être captive d'une nouvelle étreinte, plus musclée cette fois-ci. Elle se ruait énergiquement, soulevant ses jambes avec vivacité afin de le déstabiliser. Léon tentait de la retourner pour établir un contact visuel, mais elle puisait de toutes ses forces pour se délivrer de son emprise.
«KAL VAaAA…!»
Il la plaqua contre la façade d’une bâtisse, ce qui l’interrompit instantanément. La joue rudoyée contre les briques, elle n’arrivait qu’à grogner alors qu’il la fit pivoter face à lui.
«Gnnhh!»
Nous ne sommes pas tes ennemis…
Hyara luttait comme un animal sauvage, alors qu’il cherchait à maîtriser son psychisme.
Doux… Tu ne dois pas me craindre. Je suis ton ami. Doux.
Elle l’entendit, puis se calma d'apparence. Seulement d'apparence.
Tu vas me suivre gentiment.
Lorsqu’il vit qu’elle se disposait à obtempérer, il la relâchait progressivement.
«Kal Was Flam!», cria-t-elle quand il se distança suffisamment.
Une étincelle naquit aux pieds de l'homme, puis crût dans un rugissement féroce. Une courroie de flammes, d’une ampleur et d'une puissance spectaculaires, le parcourut de bas en haut. Pas un cri, ni même une plainte. Rien. Il était intact, tapant sur sa manche pour éteindre les dernières flammèches, comme si de rien était.
«Quoi? C’est tout?», dit-il dans un fugace sourire.
«Hun?!»
Elle le regarda, pantoise, puis prit ses jambes à son cou. Il se lança à sa suite et parvint à happer le pan de sa robe, qui émit un gémissement de déchirure. Hyara n’avait jamais couru comme ça, n’étant pas conçue pour ce genre de conditionnement physique. Et pourtant, elle courait comme une véritable athlète! Sa course devenait de plus en plus désarticulée, mais elle ne ralentit pas. C'est alors qu'à une intersection, elle entra en collision avec un garde.
«Wow!, s’exclama le rédempteur en lui prenant les épaules. Qu’y-a-t’il?!»
Hyara n’arrivait pas à articuler, complètement affolée.
«Calmez-vous mademoiselle! Dites-moi ce qu’il se passe.»
«Il me poursuit», parvient-elle à haleter.
«Qui vous poursuit?»
«Là…», tout en pointant derrière elle pour lui indiquer sa provenance.
La pauvre est tombée sur la tête?
Il fit quelques pas dans la direction désignée, puis tourna un visage gravement sceptique vers Hyara. Les lieux étaient manifestement déserts.
«Il n’y a personne, mademoiselle.»
«Nisi, nisi!»
«Mademoiselle, restez calme!»
Nisi mais elle est folle?
«Cessez de me dire de rester calme! Je vous le jure, il était là!»
«Qui était là?»
La jeune Myriakis s’embrouilla, la tête surchauffée par tous ses épisodes effervescents : le baiser brutal, la lutte féroce et la fuite effrénée. Et puis quoi encore?!
«Un homme… habillé tout de noir… Léo!»
«Léo?»
«Nisi, nisi! Léon!», s’empressa-t-elle de corriger.
Sa confusion ne faisait qu’alimenter le doute du garde.
«Votre nom, mademoiselle?»
«Quoi?! Mais!»
«Votre nom!», tonna-t-il.
«Hyara…»
C’était comme si une lumière d’éclaircissements venait de s'abattre sur lui.
Hyara Myriakis… cela explique bien des choses.
«Pardon?»
«Je n’ai rien dit. Mh… je vous raccompagne quelque part, demoiselle Hyara?»
Le voilà plus arrogant que précédemment. Hyara savait que c’était peine perdue.
«Nisi…», soupire-t-elle, hasardant un coup d’œil par-dessus son épaule.
Aucun danger à l’horizon.
«Bien, prenez soin de vous.»
Il faut aviser le Sénéchal et l’Archevêque…
Le garde disposa avec empressement, alors qu’elle emprunta le chemin vers l’auberge d’un pas fugitif.
Elle regagna sa chambre comme une petite souris venant d'échapper aux griffes d'un chat. Valrick dormait toujours comme un loir… | |
| | | Hyara Myriakis Paysan
Nbre de messages : 244 Age : 18 Inscription : 20/09/2009
| Sujet: Re: Des loups déguisés en brebis Mer 14 Avr 2010, 4:04 pm | |
| Meurtre à Citria
Citria, c’était la nuit. La population se raréfiait et les rues se désertaient. Non loin, on entendait décroître le pas pressé des quelques derniers passants. Une nuit de printemps, douce et tempérée, paisible. Le ciel était dégagé, enluminé par la lune et ses acolytes, les étoiles. Une ombre était projetée contre la face du rempart. Elle le longeait, prenant des proportions démesurées, presque inhumaines. Au fur et à mesure qu’elle s’avançait, l’ombre s’étiolait. Le talon de ses bottes martelait les dalles avec rythme, accusant une démarche droite et assurée. Le bruit se désarticula, ralentit, puis s’arrêta. Appuyé contre la muraille, un couple s’enlaçait passionnément en échangeant de voluptueux baisers, bercé par les rayons lunaires et argentés.
Hyara s’apprêtait à bifurquer, ne voulant pas interrompre le moment intime des deux tourtereaux qui folâtraient. Une vision la retint alors qu’elle effectuait un demi-pivot. Une silhouette drapée d’une étoffe noire traversait l’allée d’un pas lent et mesuré, la tête encapuchonnée. Dans sa main gauche, une lame souriait sous la faible clarté diffusée par l’astre nocturne. Elle se tendait pour désigner sa prochaine victime, soit l’homme qui recouvrait la femme de sa masse. Hyara s’écria, glissa les pieds l’un devant l’autre à deux répétitions (comme si elle pensait pouvoir intervenir), puis se statufia. « ATTENTION! »
Alarmé, l’homme délaissa sa conquête pour tourner la tête, puis se raidit sous la froideur qui venait de pénétrer sa chair. La jeune Myriakis plaqua la main contre sa bouche pour réduire un cri à une vive interjection d’horreur. Le meurtrier maintint le poignard enfoncé dans son dos, le tournant dans un son sinistre, inoubliable. L’homme était pressé contre la femme, son essence écarlate souillant sa jolie robe blanche. Le visage de cette dernière était figé, son regard suivant le glissement du corps inerte jusqu’au sol. Hyara se tenait à quelques mètres d’eux, épouvantée, criant vers la demoiselle :
« SAUVEZ-VOUS! »
Contre toute attente, l’homme en noir pivota vers elle. Devant lui, la femme aussi regarda dans sa direction, le fantôme d’un rictus caressant une bouche vermeille. Son sourire se transforma en un long ricanement saccadé. Le funeste se pencha pour empoigner le manche de sa dague, l’extirpant, puis prononça d’un ton fuligineux :
« Bonsoir Hyara… » | |
| | | Hyara Myriakis Paysan
Nbre de messages : 244 Age : 18 Inscription : 20/09/2009
| Sujet: Re: Des loups déguisés en brebis Sam 22 Mai 2010, 12:21 am | |
| Meutre à Citria Suite...
La mort est si douce, si facile. C'est la vie, qui est dure.
La voix sonnait familière à son oreille, cependant elle n’appartenait pas à un aspellor. Elle avait une intonation inquiétante, comme les ondoiements perceptibles d’une force maléfique. Hyara comprit qu’il s’agissait d’une menace pour elle. Elle tourna un regard paniqué vers la femme qui avait repris ses traits originaux : c’était Maory. Cette dernière explosa d’un rire dément. Sa robe blanche était maculée de sang et elle s’en couvrit allégrement les bras. L’homme joignit un rire plus ténu au sien, regardant Hyara avec malveillance.
«Ne faites pas cette tête, très chère!», dit-il d’une voix empreinte par son hilarité.
«Vous… vous l’avez tué, parvint-elle à articuler. Il est…»
«Mort?, coupa la femme avec amusement.»
La belle rejeta un regard effaré sur le cadavre, puis vers Léon et sa complice. Elle voulait fuir, mais ses jambes refusaient de répondre aux directives de son cerveau.
«Nous ne l’avons pas tué, voyons. Jamais nous ne ferons une chose aussi épouvantable!»
Ils ricanèrent.
«Regardez.»
Le funeste tendit la main vers le corps inerte, puis entonna quelques psalmodies gutturales dans un dialecte ancien. Un silence s’imposa, puis, tout à coup, le mort s’agita d’un soubresaut. Puis d’un autre. Apeurée, Hyara se rétrograda de quelques dalles, assistant impuissamment à ce sinistre spectacle. Lentement, l’enveloppe charnelle s’hissait maladroitement sur ses jambes molles et arquées, les chevilles écarquillées, tandis que ses bras ballotaient devant lui. Léon le manipulait à sa guise, tel un marionnettiste lugubre, le faisant virevolter sur lui-même. Maory l’encourageait par quelques glapissements, tapant frénétiquement dans ses mains à la manière d’une enfant. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Des loups déguisés en brebis | |
| |
| | | | Des loups déguisés en brebis | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |