Jehan arrivait devant le palais de Citria après trois jours de marche... Les murailles étaient hautes, rugueuses et composées de pierres énormes. Il se demanda un instant quel bien pouvait être le poids d’une seule de ces pierres, puis il laissa à nouveau son regard vagabonder. La muraille couvrait de son ombre une partie de la cour intérieure. Ce palais lui inspirait la force, la robustesse, le bien être et la paix.
À l’intérieur, tous vaquaient à leurs occupations habituelles. Des femmes portaient en riant des corbeilles de linges, quelques maçons, au sommet du donjon terminaient l’installation de merlons. Aux remparts, des soudoyers armés d’arcs, arbalètes et encore de faucharts veillaient.
Depuis sa jeunesse prime, Jehan n’avait jamais cessé d’admirer la chevalerie et de voir les chevaliers comme des paragons de vertu. Il s’était laissé encenser par les romans de chevalerie et s’exerçait parfois armes avec des lames de bois contre son grand frère, et parfois son cousin. Jamais il ne se lassait de s’imaginer en plain harnois, bataillant contre ses ennemis avec une forcennerie comme onques n’en vit, toujours vainqueur et adulé. Les femmes ne cesseraient de lui adresser des œillades qui en diraient long sur leurs intentions. Il se voyait déjà marcher dans les traces de Lancelot, j’ouïssant d’une renommée sans frontière. Mais il revenait tôt ou tard à la réalité, lorsque son père le tirait de ses rêveries pour l’aider aux champs…
Aujourd’hui âgé de vingt quatre ans, Jehan avait quitté la ferme pour apprendre le métier des armes a Citria…