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| La Rivalité du Souvenir. | |
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Morgane D'Argon Paysan
Nbre de messages : 184 Age : 34 Localisation : France Inscription : 26/11/2008
| Sujet: La Rivalité du Souvenir. Lun 26 Avr 2010, 7:04 am | |
| "Vous pourrez sortir bientôt." déclara Lune d'une voix neutre en vérifiant son pouls.
Génial pensa Morgane en grimaçant. Pourtant, elle se sentait toute chose. Voilà tellement longtemps qu'elle n'avait séjourné si longtemps au Centre de Soin. Elle ferma les yeux et les souvenirs assaillirent son esprit.
Elle aurait dû la tuer. Pourquoi en fut-elle incapable ? Les paroles de Misa lui revinrent en tête. Ah, sûrement cela. Même ton père.... lui avait dit la jolie Nébulix. Pourtant, cette autre gitane l'avait ouvertement provoqué en parlant de cette partie d'elle-même qui était gangrénée, et dont elle n'avait encore su faire le deuil pour l'amputer. Elle se revoyait devant l'Auberge, à califourchon sur cette pesteuse. Morgane lui avait envoyé un coup de poing bien senti à la mâchoire : elle sentirait la douleur durant encore de nombreux jours. D'Argon se satisfit à cette pensée avant de crisper les traits de son visage. Mais voilà, la garce avait rappliqué justement là où il ne fallait pas. Un coup dans l'Abdomen, sur sa plaie récente faite par les griffes crochues d'une Goule lors d'une chasse désastreuse. Les tissus qui cicatrisaient à peine avaient hurlé pour s'ouvrir à nouveau en une bouche béante, crachant son flot de sang. Néanmoins, la douleur était assez familière pour qu'elle puisse continuer à se battre. Elle et l'autre s'étaient entre-étranglées, chacune serrant la gorge de l'autre avec haine. Elles avaient dû atteindre leur limite en même temps, car chacune desserra sa prise au même moment. Manquant d'air, se vidant de son sang...le reste était très flou pour Morgane. Il y avait eu l'arrivée d'Aldrick. Puis de ce faquin de Jehan. Quelques mots. Du Silence Et après le Noir.
"-Morgane ? Tout va bien ?" avait demandé Aldrick à son chevet. Elle avait brutalement ouvert les yeux, se redressant dans une mécanique violente. Son geste la laissait encore soucieuse, même à présent. Elle avait brusquement attrapé le bras d'Aldrick avant de porter sa main à la gorge de ce dernier pour la serrer; le regard fixe, l'expression perdue. Elle s'était sentie en danger, elle n'aurait su dire comment, ni pourquoi...mais quand Aldrick la raisonna, elle douta avant de le relâcher pour baisser son visage vers ses mains, choquée.
Lune, à présent, rangeait quelques instruments - ainsi que diverses fioles. Elle surveillait Morgane du coin de l'oeil. Furieusement, la jeune femme se retourna dans sa couche, le regard dur - passant une main furibonde dans ses longs cheveux bouclés. Sa mâchoire était encore crispée et ses muscles tendus de douleur. La soigneuse sembla le remarquer :
"-J'espère que vous laisserez plus de temps pour cicatriser la prochaine fois."
"-On m'avait déjà guérie par quelque magie..."souffla distraitement Morgie, fixant le chevet où était posée une fleur qu'avait cueillie son plus jeune fils pour lui offrir, durant sa convalescence. Elle se radoucit l'espace d'un instant en revoyant le visage de Marc-Antoine, si beau, si pur. Siméon s'était inquiété, mais elle l'avait rassuré puis après avoir milles fois embrassé ses garçons, il avaient pris congé. Le grand veillant sur le plus petit.
"-La magie n'est qu'une vaste illusion en matière de médecine. Elle permet de soulager la douleur, de redonner un peu d'énergie. Mais rares sont les sorciers et les mages capables de guérir. Il faut un tout pour vraiment recouvrir la santé : comme le repos, et le traitement adéquat." exposa Lune d'une voix très sérieuse.
Morgane haussa les épaules, mais la remercia tout de même d'un ton qui se voulut sympathique. Elle enfonça son visage dans l'oreiller, sûrement pour retenir un gémissement de rage ou de douleur. Elle savait au fond d'elle qu'elle avait eu tord, mais également raison. Et sa figure faite de traits au savant mélange métissé, ne lui avait jamais donné une beauté aussi sauvage comme lors de ses premiers pas face au danger.
Gabriel...
Elle s'endormit sur le souvenir du visage de son défunt jumeau.
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| | | Alexia D'Ortana Errant
Nbre de messages : 41 Inscription : 15/06/2009
| Sujet: Re: La Rivalité du Souvenir. Lun 26 Avr 2010, 12:11 pm | |
| - Si je suis une peste et une garce, alors elle, c’est une vipère, une pouffiasse et une dingue.
Affalée sur le comptoir d’une taverne fort peut fréquentable, la gitane lançait ses quelques paroles crues vers le pauvre tavernier qui se faisait une main en or avec les quelques bouteilles vides qui trônaient sur le bar. Encore courroucée et franchement énervée, elle s’efforçait d’amoindrir sa rage fulminante au moyen facile de l’alcool, car c’est le seul qui marchait réellement chez elle. Triste réalité.
Après une bouteille, il lui semblait que la douleur à sa mâchoire ainsi qu’à son œil gauche devenaient un peu moins lourde. Après deux, c’est tout juste si elle se rappelait leur existence. Le tavernier eut toutefois vite-fait de comprendre qu’à son réveil, la souffrance lui pendrait au nez, autant physique que morale. Désinvolte, amochée et enragée, l’air de la gitane semblait sauvage et indompté. Le portrait classique d’une âme égarée, qui brouille ses idées noires dans une lugubre taverne, un coup d’alcool dans le nez.
Mais que diable s’était-il réellement passé pour que la scène s’enflamme à une telle vitesse? Il lui semblait pourtant qu’aux premiers abords, elle n’avait rien dégagé de mesquin, ni d’abject. La pauvre avait simplement été frappée par un tendre souvenir devenu effarant, souffrant.
Elle avait été frappée par leur ressemblance..
Par leurs traits si rapprochés..
Si justes.
Son intérieur en avait été littéralement chamboulé. À tel point qu’elle en avait abordé le sujet pour la première fois, depuis le trépas de Gabriel. Une fois de trop, vraisemblablement. Les mots avaient été pires qu’un couperet en plein cœur. De quoi couper le souffle en un instant amer, horrible. Les mots parfaitement justes pour atteindre le talon d’Achille de la d’Ortana. - Vous n’avez dû être qu’une autre à passer dans son lit. Je vois à vos traits que vous êtes gitane…
En une simple phrase, elle avait été réduite à un petit être futile, superficiel. Un être dont le doux souvenir avait été rendu précaire, douloureux. Son histoire avait été réduite à un préjugé honteux. Un mensonge qui lui demeura coincé dans la gorge.
Allez savoir le nombre d’insultes qui tomba pendant leur crêpage de chignon, tout juste devant la taverne. Une scène bien trop sauvage pour l’habituelle "bonne tenue" des donzelles citriennes. Elles s’étaient étranglées mutuellement jusqu’à ce qu’elles étouffent ensemble, à n’en plus pouvoir serrer leur poigne. La toute belle s’en était tirée avec la mâchoire en vrac, la lèvre écorchée, un œil bien bleuté et les reins en compote.
Était-elle fière de sa riposte? Si seulement… Elle n’en ressentait aucune satisfaction, ni même une once de soulagement.
Sûrement pas espoir que quelqu’un finisse par croire à son histoire, à son passé, Alexia vint glisser une lettre sur la table de chevet de sa rivale pendant son sommeil.
Une lettre vieillie, dont l’auteur n’était plus aujourd’hui. Puis, une note qui allait peut-être finir carbonisée. - Citation :
Sachez que si ce papier vint à être brûlé ou déchiré, vous m’aurez tuée à ce même instant.
Bien que je ne compte pas sur une infime preuve de bonne foi de votre part, je m’en remet à votre incapacité d’avoir su me tuer, hier. Empoisonnée par sa solitude, la gitane trouva le sommeil dans l'inconscience, à la belle étoile.
Comme quoi le deuil ne se fait jamais vraiment. | |
| | | Morgane D'Argon Paysan
Nbre de messages : 184 Age : 34 Localisation : France Inscription : 26/11/2008
| Sujet: Re: La Rivalité du Souvenir. Mar 27 Avr 2010, 7:59 am | |
| Morgane était assise sur une chaise, tenant la lettre qui bafouait sa mémoire. Les mots étaient comme le venin que l'on lui crachait en pleine figure. Si douloureux. Et ces deux seuls mots, si récurrents. Jamais, en toute une vie, elle ne les verrait tant de fois. Ses doigts broyaient le vélin de qualité. Elle se pencha, pleurant. Ses sanglots se répercutaient en écho dans toute la pièce. Le parchemin retomba comme une feuille d'automne, caressant le dallage avec douceur, sous un nouveau cri de tristesse. Elle se tourna pour appuyer ses deux mains contre le mur, avant de glisser au le sol, dans un bruissement d'étoffe. Rompue par le chagrin, elle n'arrivait guère à retrouver son souffle et son flanc qui se soulevait sous le rythme impitoyable de ses pleurs l'élançait à nouveau. Elle prit sa tête entre ses paumes, achevant son théâtre de chagrin; reniflant bruyamment. Alors qu'elle s'apaisait, fatiguée par ses propres pleurs : d'autres s'élevèrent dans la pièce. Marc-Antoine venait de se réveiller et sanglotait à son tour, mais timidement. C'étaient de petits cris secs, dans son cas. Elle ne lui avait jamais vu de larme. Puisant assez de force, dans sa conscience maternelle, elle se redressa pour aller s'en occuper. Au passage, elle écrasa la missive qu'elle avait trouvée sur son chevet au Centre de Soin. "-J'arrive...mon chéri....j'arrive..." Elle se pencha sur le lit, sa figure encore marquée par les stigmates de la souffrance insipide. Morgane tendit ses bras nus et vint serrer son fils contre sa poitrine, là où il se calma avant de roter. Et elle perdit son regard sur le papier, toujours à terre qui demandait justice. Elle inspira profondément alors que dehors la pluie cessait pour laisser place au Soleil. | |
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| Sujet: Re: La Rivalité du Souvenir. | |
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