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 Utopie

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Nataniel Edar.
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Nataniel Edar.


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MessageSujet: Utopie   Utopie Icon_minitimeLun 03 Mai 2010, 1:40 am

Détermination et Acharnement.


Elle était là, devant lui, bien modestement ‘’déguisé ‘’, dans un des coins sombres de la chambre d’auberge. Les cheveux repeints d’un blond qui contrastait avec l’ébène de sa chevelure habituelle, un foulard lui remontant jusqu’au nez, tout homme mal averti n’aurait jamais su voir en ces traits la jeune demoiselle D’Argon. Mais les deux hommes qui venaient à son secours étaient tout sauf sots. Tous deux connaissaient les habitudes téméraires et parfois zélés de la demoiselle et aucun d’eux ne fut trompé par ce bien douteux subterfuge.

L’un était son père, Séphora D’Argon, et l’autre était celui qui l’appuyait dans chacune de ses démarches, en bon acolyte, en parfait écuyer, Nataniel Edar.

Les retrouvailles furent bien loin de tout ce qu’un Hastane normal aurait pu prévoir, ou même imaginé. Des giffles furent distribué, talonnées d’insultes et médisances qui démontrait bien l’habilité des deux D’Argon à manier l’art du verbe.

Sur le seuil de la porte demeurait un jeune homme, bras croisés, fixant la scène sans s’interposer, silencieux. Le jeune écuyer n’intervint nullement lors de toute cette dispute qui, plus que familiale, avait quelque chose de déchirant, quelque chose d’inhabituel.

Peut-être est-ce à ce moment que le jeune Edar aurait dû soupçonner la suite…

En route vers Citria, le Cavalier, en compagnie de son mentor, rapatriaient les deux demoiselles dites disparues. Force est d’admettre qu’il aurait été si simple que tout se déroule normalement, les Hastanes ayant prit la route menant directement à la Blanche cité, rapportant aux gens de Citria les deux demoiselles qui manquaient jusque là à l’appel.

Mais rien ne se passe comme désiré.

À peine hors des murailles de Tyrimar, se dressait une silhouette Drakanne, laissant surplomber, au dessus de lui, deux ailes, immenses. Il se tenait là, immobile, à attendre, comme s’il attendait une hôte depuis un moment.

C’est à une distance moins considérable que les deux cavaliers constatèrent que cette silhouette n’était pas seulement celle d’un Drakan banal. Enroulé dans une multitude de lambeaux de tissus, l’être était indubitablement une bête ailée, non pas Drakanne, mais Mortanyss.


– Morgane …

Ce fut les premières paroles prononcées, brisant le silence malaisé, dans lequel s’épiait les guerriers, avec dédain, méfiance, tentant de deviner les desseins de l’autre.

L’appel glaça le sang de Nataniel, qui déjà délaissait les brides de sa monture afin de s’empoigner de sa lame, qui dormait jusque là paisiblement dans son fourreau.


– Morgane vient avec moi…

C’est à cet instant que tout chamboula, c’est à cet instant là, bien précis, que le jeune Edar sentit, tout autour de lui, l’atmosphère s’alourdir, qu’il sentit sa poigne se resserrer, jusqu’à lui faire mal. C’est à cet instant qu’il comprit qu’un combat approchait.

– Je crains bien que non. Elle revient en Citria. Cède nous passage ou nous te forcerons à le faire.

Les paroles quittèrent Séphora bien rapidement, alors qu’il tenait déjà dans sa main sa lance affûtée, une main contre son heaume qu’il enfilait déjà. Décidément, le Chevalier ne désirait point s’éterniser sur ce rapatriement qui, déjà, semblait lui avoir demandé trop de temps.

La momie secoua la tête, réprobatrice, déposant son attention contre la jeune D’Argon, comme s’il la fixait, malgré les lambeaux de tissus qui voilaient sa vue.


– Et si… Nous la laissions choisir.. ?

Choisir ? Qui avait-il donc à choisir ? Morgane voudrait-elle suivre cette aberration jusqu’au plus profond des landes maudites ? La consultation d’une brève œillade vint affirmer le pire à Nataniel. Déjà, elle s’avançait vers la momie.

Nataniel s’interposa vivement, s’immobilisant devant elle, plongeant l’azur de ses iris dans le regard sombre de sa sœur.


– Nous laisseras-tu donc ?! Désire-tu donc ma mort ?! Souviens toi, Morgane, souviens toi ! Tu m’as promis !

Dans un simple murmure, elle lui répondit…

– Je ne mourrai pas…

Ne pas mourir ? Qu’en savait-elle ? Que savait-elle de la mort ? Que savait-elle de Mortancia ? Ne se rappellait-elle point la dernière fois où elle s’y était livrée ? Avait-elle déjà oublié comment elle en était ressorti, comment Nataniel s’était condamné afin de la ramener aux cotés des siens ?

– Ne pas mourir ?! Mais Morgane ! Mortancia… Est la mort !

Mais plus le jeune écuyer s’époumonait à tenter de la raisonner, plus il voyait dans son regard cette lueur. Cette lueur que jamais il n’avait compris, que jamais il ne comprendrait. Cette lueur qui habitait les prunelles de sa sœur lorsqu’elle se jetait à bras éperdus dans la mort elle-même.

Elle recula d’un pas, afin d’arriver à distance de la jeune D’Ortana, à qui elle vint susurrer quelques murmures inaudibles pour le cavalier mais que Séphora put entendre clairement. L’allure du Chevalier, harnaché et armé, changea bien rapidement, passant de la confrontation au désemparement.


– Morgane ! N’y songe pas !

À peine avait-il débuté ses réprimandes que déjà la gitane incantait, matérialisant derrière elle les contours d’une entité du vent. C’est sans même réfléchir, en ignorant l’hésitation, la confusion, qui se mêlait à ses songes, que Nataniel bondit afin d’arracher le grimoire des mains de la gitane.

Puis, devinant les intentions de la dame, il perdit le contrôle.

Si sa lame avait paisiblement habité son fourreau durant tout ce temps, la dégainer ne fut qu’une tâche bien simple, sous l’impulsion de la rage. Il pivota, donnant un élan assassin à sa lame qui filait vers la momie, dans un seul but : Exterminer celui qui menaçait de lui arracher la dernière parcelle d’humanité qu’il lui restait.

Mais trop longtemps il n’avait pas combattu, trop longtemps il avait refoulé son désir de sang, refusé à s’admettre dépendant à cette énergie que seul le champ de bataille pouvait lui procurer.

Trop longtemps il avait négligé l’art qu’il lui avait été donné de maitriser.

Le Drakan ne fit qu’un mouvement de coté, laissant la lame l’effleurer à peine, alors que déjà il répliquait. La lame figea dans le sol, puis il sentit la froide morsure coller à sa peau. Il sentit l’enveloppe charnelle qui recouvrait son visage déchirer, parcelle par parcelle, alors que déjà le sang en découlait.

Il s’effondra aussitôt, fermant les yeux sur cette vision écarlate.

Puis il entendit les pas vifs s’éloigner, il sentit sa sœur l’abandonner, en empruntant la route de la Morte.

Il entendit aussi son seul espoir s’approcher de lui. Les cliquetis métalliques n’étaient pas le fruit de son imagination.


– Nataniel… ? Tout ira mon garçon ?

La voix, si calme, si posée. Celle d’un homme qui avait vu sa vie s’effondrer devant lui tant de fois que, désormais, la souffrance lui était coutumière.

– Suis… SUIS LA !!

L’écuyer se redressa vivement, cherchant, à tâton, un endroit sur lequel il pourrait bien s’appuyer afin de retrouver un peu d’orientation. Sa monture vint vivement vers lui, comprenant bien aisément ce qui se tramait dans la tête de son cavalier écervelé.

Au dos de la monture aussi rapidement qu’il lui était permis de l’être, il l’envoya aux galops vers Mortancia, là où il espérait retrouver sa sœur.

Il entrevit les deux silhouettes féminines à l’horizon, qui se déchirait dans sa vision obstruée de sang. Ces deux-même silhouettes qu’il s’empressa de dépasser, afin de leur barrer la route, soucieux de ne pas les voir avancer davantage.

Il leur faisait désormais face. Mais que dire lorsque nous savons la cause perdue ? Que faire lorsque nous désirons aller contre la nature des choses, lorsque nous désirons faire d’un incendie un paisible ruisseau ? Il faut croire en l’utopie.

Courbé sur sa monture, il se tenait là, prêt à y demeurer, coûte que coûte. Plus jamais il ne la laisserait partir. Plus jamais il ne faillirait. Plus jamais il laisserait mourir l’un de ses congénères. Plus jamais il ne laisserait trépasser ceux qui lui était cher.

Plus jamais…


Marshall… Gabriel… Maelan… Liam…

Où donc étaient les trompettes, les cors de bataille ? Où donc étaient les écuyers, où donc étaient les rêves ?

Disparus.

Mais il ne la laisserait pas s’évaporer.


– Morgane…

Déjà deux nouvelles silhouettes fendaient l’horizon, l’une perchée du haut de sa monture, l’autre au sol, coiffée d’immenses ailes.

– Morgane… Suis moi maintenant, ou plus jamais tu ne me suivras ailleurs.

La dame figea aussitôt devant l’ultimatum que lui imposait son paternel. Elle ne sut que répondre, mais demeurait là, la momie l’approchant de lui, sans même qu’elle ne résiste. Le Chevalier comprit dès lors que le choix de la dame était fait. Il s’approcha de Nataniel, alors qu’il lui tendait la main, soucieux qu’il le suive.

– Nous n’avons plus rien à faire céans, mon garçon.

Quelques hoquets soulevèrent l’écuyer, alors que son regard se déposait contre son maître. Était-ce là tout ce qu’il y avait à faire ? Laisser la demoiselle à son sort ? Faillir, de nouveau ? Les larmes vinrent se mêler au sang qui tavelait son faciès, traçant un lignée plus lucide sur l’écarlate de son sang.

Puis il vit, dans les yeux de son mentor, quelques lueurs larmoyantes. Orgueil obligeait de les retenir, mais Nataniel comprit toute l’intensité de la douleur qu’il ressentait. Comment donc un père pourrait-il tourner dos à sa fille sans en éprouver de tristesse ? L’homme de fer avait une faille.

L’écuyer secoua le chef, refusant la main qui lui était tendue, en redressant ses iris vers les trois silhouettes plus loin.


– Je ne quitterai qu’avec elles.

Le Chevalier, loin d’être couard, connaissait plutôt le jeune homme qu’il avait lui-même formé. Il tourna les talons et quitta les lieux, sans autres commençailles. Il quittait les lieux et, par le fait même, sa fille.

Le chemin était pratiquement libre pour la momie. Se dressait désormais devant lui un cavalier qui luttait contre la mort, tenant d’une main molle sa lame et d’une main mal assurée les brides de son destrier.

Que pouvait-il le retenir, désormais, d’emmener la dame D’Argon dans sa cité, elle qui voulait, de son plein gré, le suivre ? La réussite lui semblait assurée.

Mais même dans la certitude, il est possible de se méprendre.






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Dylan Vehrion d'Ostarya.
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MessageSujet: Re: Utopie   Utopie Icon_minitimeMar 04 Mai 2010, 1:06 pm

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Nataniel Edar.
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Nataniel Edar.


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MessageSujet: Re: Utopie   Utopie Icon_minitimeVen 07 Mai 2010, 12:47 am

Lorsque même la Mort n'est plus un obstacle.


La vision revenait désormais… Elle, habituellement si farouche, désormais déboussolée, incapable de prendre une décision qu’elle ne regretterait point. D’un coté, cet interdit qu’elle désirait depuis si longtemps, de l’autre, sa partie, sa nation, qui l’avait regardé grandir, parfois dans la rancune, dans la méchanceté, parfois dans la fierté, la reconnaissance. D’un coté, la momie, de l’autre, son frère. Un choix bien difficile à prendre…

– Morgane… Je t’en supplie…

La dame demeurait figée, aux cotés de la momie, toujours paralysée par les propos de son paternel. Aucune réponse ne vint. Aucune négation, certes, mais malheureusement, aucune affirmation.

Déboussolée, Nataniel s’en remit à la seule chose qui jamais ne lui avait fait faux bond. Il laissa libre cours à la rage qui l’avait si longtemps guidée, celle qu’il avait si habilement refoulée durant un si long moment. Elle parcourue ses veines, l’alimentant, la rassasiants, hydratant sa gorge asséchée de colère. Sa poigne redevint vigoureuse, sa vision éclairée et son cœur était, de nouveau, prêt aux ébats du fer.


– Morgane… Écarte toi…

Le destrier sur lequel se tenait le cavalier piétinait frénétiquement le sol, pressentant la bataille que son maître désirait livrer. Chacun de ses muscles se revigorèrent, de concert avec ceux de son cavalier, afin que tous deux soient aptes à livrer ce qui se résumerait à leur dernier combat.

Mais elle n’obtempéra pas.

C’est devant sa sœur qui s’interposait, bras ouverts, que Nataniel dû se confronter. S’il avait su terrasser les plus terrifiantes créatures des landes, s’il avait su livrer bataille à un peuple entier, s’il avait su revenir d’entre les morts, le jeune écuyer ne saurait jamais se résoudre à infliger le mal aux gens qui lui était chers. Jamais.


– Nataniel… Nisi.

Le ton de la dame était à mi-chemin entre réprimande et imploration. La demoiselle farouche, peu à peu, se dévouait à revenir à la surface, afin d’empêcher le sang de couler. Craignait-elle la mort de la créature qui pouvait lui faire accéder à l’interdit, ou plutôt la mort de son fougueux jeune frère ?

– Morgane… Je vais le tuer.

Il hissa sa lame mollement, comme pour s’assurer que son bras répondait toujours à sa volonté, alors qu’il détaillait l’endroit de sa vision tavelée de sang. Un couloir de roc, qui donnait sur les prés verdoyants, terres libres. Les deux demoiselles se tenaient à l’embouchure du couloir, il devrait donc prendre soin de ne pas les heurter, par inadvertance.

Il enfonçait son crâne dans son heaume de brazium, afin d’y voiler la faiblesse palpable dont il était la cible. La bataille ne saurait certainement pas tourner en sa faveur, mais jamais il n’exposerait ses plaies, se failles, à l’ennemi. C’était dans l’Honneur qu’il mourrait, sans donner de prétexte à son ennemi qui ferait de Nataniel une cible facile.


– Morgane…

Il resserra la main sur les brides de sa monture, se courbant légèrement sur sa monture, plissant les yeux du mieux qu’il le put, afin de gagner une certaine concentration. La momie ne s’en sortirait pas sans heurt.

La respiration rapide, la poigne bien solide, le cœur fébrile, le cavalier appliqua une pression aux flancs de son destrier. Une course vers la gauche lui permettrait d’éviter sa sœur et de prendre en charge la momie, ce à quoi elle pourrait se retrouver surprise.

Mais avant même que le destrier n’entame le galop, Morgane fit une avance considérable, tendant la main vers le cavalier qui s’efforçait de lui démontrer qu’il restait, en Citria, des gens qui n’abandonnaient pas les siens.


– Je… Je te suis …!

Les paroles échappèrent à la dame en demeurant empreintes d’une certaine hésitation. Était-elle là bien certaine de son choix ? Saurait-elle se plier à sa propre volonté ? L’avenir seul en serait garant.

La momie, quant à elle, n’émit aucune surprise, aucune objection. Son choix était celui de la dame et il ne s’y opposerait point, visiblement. Il la regarda monter en croupe, derrière Nataniel, en s’emparant des brides, étant donné l’état précaire de son frère.


– Nous nous reverrons bientôt…

Ce fut là la seule réplique de la momie qui leur céda le passage. Le destrier s’y faufila bien aisément, suivi de près par la demoiselle D’Ortana qui talonnait les deux Hastanes.

C’est rapidement que les murailles en vinrent à déchirer l’horizon, accueillant les trois cavaliers qui revenaient à leur mère patrie.

Les chevaux aux écuries, Morgane vint glisser un des bras de son frère par-dessus ses épaules, en guise d’aide. Orgueil obligea de refuser, ce que le cavalier fit vivement. Elle hocha sèchement et quitta. Finalement, le jeune Edar retrouvait sa farouche comparse.

Titubant, prenant appuit sur toute chose qui s’offrait à lui, c’est à mi-conscience et le faciès en sang que l’écuyer parvint au centre de soins, là où il s’effondra devant Lyliana. Les derniers sons qui lui furent audibles étaient quelques cris appeurés et des questions en rafale. Les seuls propos qui quittèrent ses lèvres, quant à eux, étaient lourds de sens.


– Comment va… Morgane… ?
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Nataniel Edar.
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MessageSujet: Re: Utopie   Utopie Icon_minitimeVen 07 Mai 2010, 1:11 am

Utopie



Alité depuis quelques jours déjà, Nataniel ouvrit les yeux, renouant avec la conscience qui l’avait délaissé depuis un moment. Un mince mouvement eut tôt fait de l’avertir que son visage n’était pas rétabli et que la douleur y était toujours omniprésente.

Il y passa une main et y sentit soudainement les multitudes de filages qui perforaient sa peau afin de maintenir les plaies fermées, par souci de guérison. Des points de sutures avaient donc remplacés ses airs candides et ses sourires insouciants. Toute sa vie, il traînerait les conséquences de ce rapatriement. Mais son visage n’était qu’un bien faible prix, comparativement à son âme qu’il aurait abandonnée aux tourments s’il n’avait point tenté de rapatrier sa sœur. S’il avait échoué. S’il avait laissé un autre échec s’entasser sur les autres, si nombreux. Il avait, finalement, réussi, il avait, finalement, refusé l’échec, s’entêtant à le défier, à le déjouer. Il avait finalement réussi à ne pas échouer.

Même devant ce qui lui avait semblé impossible, il avait réussi à vaincre, sans néanmoins terrasser créatures et immondices. Il avait réussi à rapatrier les deux demoiselles disparues.

Il avait réussi.

Il se redressa doucement, détaillant rapidement la salle, afin de voir si Morgane n’y était point. C’est alors que Lune observa son réveil. Elle s’approcha doucement de ce dernier, afin de lui tendre un pli, le visage incliné, comme repentant, comme si elle demandait excuses pour ce qu’elle livrait à l’homme, alors qu’il ressortait à peine des limbes de l’inconscience.

Intrigué, l’écuyer détailla hâtivement le pli, ses iris filant sur les lignes à vive allure. À la lecture du billet, il redressa son regard vers Lune qui déjà avait quitté, veillant sur les patients qu’elle avait pour mandat de guérir.

C’est sans retenue de le cavalier s’adressa à elle, le regard courroucé et en quête de réponse.


– Qu’est ce que tout ceci signifie ?!

Lune tourna la tête, s’approchant de lui d’un pas lent, la mine bien sombre, avant de lui livrer quelques propos bien brefs.

– Je… Vous savez… dit-elle d’une voix bien peu assurée, entortillant ses mains de manière nerveuse.

– Les rumeurs racontent qu’elle se serait livrée à Mortancia, de nouveau…

Le pli ne devint qu’un chiffon, au plus creux de la paume du guerrier, qui se redressait rapidement, se vêtissant des drapés tâchés de sang qu’on lui avait enlevé durant son inconscience.

– Mais ! Sieur Edar ! Vous devez rester alité ! Votre guérison s’étirera sans quoi !

C’est sans même répondre que l’écuyer quitta la chambre. Il savait pertinnement que Lune ne viendrait pas le quérir, puisqu’elle savait, tout comme lui, que jamais il ne resterait alité dans de telles conditions.

S’était-il donc sacrifié de la sorte afin de reporter le départ de la dame ? S’était-il donc donné corps et âme au rapatriement d’une fugitive ?
Il s’était cru capable de ramener sa sœur à ses cotés, au sein de leur peuple. Il avait cru qu’elle y demeurerait, qu’elle renouerait avec les siens, sans ne plus les quitter.

Il avait cru en l’utopie.

Sans mère,
Sans père,
Sans frère,
Sans sœur,
Sans femme,
Il y avait, durant cette nuit glaciale, un Hastane qui déambulait, n’ayant désormais comme dernier espoir que la guerre.

Les échecs, encore, s’accumulaient.
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