Par une froide soirée d’hiver dans la demeure de la famille d’Icarius, un vieil Hastane, bouquin sur les genoux, s’adressait à son auditoire composé de quatre jeunes enfants :
- « L’histoire que je vais vous raconter ce soir est celle de votre arrière, arrière grand-père, Garett d’Icarius.
- C’est un chasseur de dragon? Demanda le plus jeune.
- Mais nisi, c’est un grand artiste! » S’exclama l’aînée des quatres.
Un large sourire apparut sous la barbe touffue du vieil homme à la vue de l’enthousiasme de la marmaille face à la page d’histoire familiale qu’il allait leur raconter ce soir. Et c’est ainsi qu’il ouvrit le grand livre et débuta son récit…
Chapitre 1 : L’enfance
Garett était le cadet d’une grande famille de huit enfants, trois frères et quatre sœurs. Étant le dernier arrivé, il avait toute l’attention de ses parents, de riches propriétaires d’une galerie d’art renommée de Citria. Toute cette attention avait ses avantages mais aussi plusieurs désavantages, spécialement face au reste de la famille. Ses frères et sœurs l’enviaient en silence, puisque l’envie n’était pas un sentiment accepté dans la famille, et, chacun leur tour, faisait tout en leur possible pour mener la vie dure à leur jeune cadet. C’est pour cette raison qu’il se referma sur lui-même et, plus le temps allait, plus il se faisait petit pour ne déranger personne dans la famille.
Les hommes de la famille d’Icarius, comme tout Hastane digne de ce nom, débutaient un entraînement rigoureux assez jeune. Garett n’y fit pas exception, mais ce n’était pas ses muscles qu’il entraînait mais bien son esprit. Quand arrivait le temps de l’entraînement, Garett s’esquivait, lourd bouquin sous le bras et chandelle à la main, vers sa cachette, un sombre placard à balai situé au sous-sol de la galerie d’art familiale. Cet endroit était son coin à lui, où personne ne pouvait venir l’embêter et où il s’adonnait à son entraînement favori, la lecture. Du Codex du Royaume à l’histoire de la lignée royale en passant par de multiples écrits religieux, Garett les avait tous lus. Évidemment, il ne pouvait pas se sauver de tous les entraînements physiques, donc il était en bonne forme physique, mais il aurait préféré ne jamais devoir y assister.
- « Mais c’est qu’il a dû s’attirer des ennuis Garett! S’exclama le plus jeune des quatre
- Haec, mais le reste de l’histoire est d’autant plus intéressant. » Dit le vieil homme d’un ton posé avant de poursuivre la lecture.
[…]
C’est ainsi que Garett vécut son enfance, entre le placard sombre où il lisait des heures durant et la cour arrière où il devait s’adonner, à contre cœur, à un entraînement physique sévère et éreintant.
Chapitre 2 : L’adolescence
Quand arriva l’adolescence, Garett était devenu grand, plus grand que ses frères, mais il était loin de leur ressembler.
À ce moment, le vieil homme tourna le livre vers les quatre enfants pour leur montrer un dessin, représentant Garett, qui se trouvait dans ce dernier. On y voyait un grand jeune homme, légèrement musclé. Ses longs cheveux noirs de jais attaché à l’arrière en une queue de cheval qui reposait sur son épaule droite. Des yeux verts rappelant le cuivre oxydé décorant un visage magnifique aux traits fins.
- « Qu’il est beau! » S’exclamèrent en chœur les deux jeunes filles.
Le vieil homme, ricanant, retourna le livre et poursuivit sa lecture.
Le destin qui attendait maintenant Garett était tout tracé et il le savait. Son père étant Légionnaire à la retraite et ses frères, tous légionnaires, faisait en sorte qu’il déduisait ce qui l’attendait d’ici quelques années. Mais Garett n’était pas d’accord, une carrière politique était ce qu’il voulait et il serait maître de son destin. Il avait l’esprit beaucoup plus aiguisé que n’importe quelle lame et son cerveau était beaucoup plus développé que ses muscles. Il devait donc confronter l’autorité de son père et lui avouer qu’il briserait la tradition familiale en n’optant pas pour une carrière militaire.
[…]
Les années passèrent et le grand jour arrivait, celui de sa deuxième allégeance, celui de ses vingt ans. Il savait qu’aussitôt cette journée passée, on l’enverrait à un recrutement de la Légion Hastane.
Chapitre 3 : La confrontation
Le grand jour arriva finalement, celui de ses vingt ans. Une grande fête avait été organisée en cette occasion et, avant qu’elle ne se termine, son père se leva. Il savait pourquoi il se levait, il allait annoncer que son fils, sa fierté, allait s’inscrire au prochain recrutement de la Légion. C’était maintenant où jamais, il se devait d’intervenir. C’est ainsi qu’il interrompit le discours de son père et s’exclama qu’il ne joindrait pas les rangs de la Légion, mais qu’il servirait son Royaume fièrement, mais sur le plan politique et nisi militaire. La fête se termina sur ce froid et son père ne lui adressa plus la parole des semaines durant.
Tous les soirs en prière, Garett demandait à Odéon s’il avait fait le bon choix. C’est alors qu’un jour, se promenant dans Citria, une main se posa sur son épaule. L’inconnu arborant les couleurs du clergé d’Odéon lui dit tout simplement « Tu as fait le bon choix, Garett » et poursuivit son chemin, sans se retourner. Suite à cette apparition, qu’il qualifiait de divine, il décida de confronter son père à nouveau, lui expliquant les raisons de son choix. Le paternel plaça ses mains contre les joues de son fils, plongea son regard dans le sien et lui dit, d’un ton sincère :
« Va mon fils, va Garett, et honore ta famille. C’est tout ce que je demande et je sais que tu réussiras. »
- « Est-ce qu’il a réussi? S’exclama le plus jeune
Est-il devenu un grand dignitaire? » Renchérit l’autre garçon
Le vieil homme ferma le livre, et répondit :
« Il est tard, nous continuerons cette histoire demain, vos parents vont encore me blâmer de vous laisser vous mettre au lit si tard. »
Les quatre enfants avaient déjà hâte de connaître la suite de l’histoire et, ce soir-là, en allant se coucher, le vieil homme entendit des chuchotements provenant de la chambre des enfants
« Que pensez-vous qu’il est devenu Garett…? »