Gabrielle Medel Paysan
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| Sujet: Le Pardon Jeu 07 Oct 2010, 5:30 pm | |
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Le Pardon
J’écris ces quelques mots sans espoir d’être lue, sans espoir d’être écoutée, mais l’écriture est une façon de parler sans être interrompue, c’est une façon de parler à laquelle seuls ceux qui s’y intéressent porteront attention, et à laquelle on peut tourner le dos dès que l’on veut, sans même blesser l’auteur qui n’en aura pas connaissance.
Je couche sur ces pages une part de l’amour que j’ai pour ce monde et les principes qu’il adore, car je suis témoin de trop de choses qui font atteinte à ces belles idées. J’ai vu des gens qui se cloîtraient dans la rancune, j’ai vu des gens qui ne juraient que par la vengeance, et j’ai vu des gens qui croyaient bien faire en associant Fierté à Orgueil.
À ces gens là, je pourrais répondre quelle Fierté peuvent-ils trouver dans le fait de refuser de donner leur Pardon à quelqu’un qui aurait fauté. Je pourrais répondre quelle Fierté plus grande peuvent-ils y trouver, que s’ils accordaient leur Pardon face à ce qui est « Intolérable ». Il est, à mes yeux et à mon cœur, tellement plus méritant que d’offrir l’amour plutôt que la haine, et tant plus valorisant de parler des gens que l’on aime plutôt que ceux que l’on déteste.
Pour ces gens là, et pour tous ceux qui vivent ou qui vivront, j’aimerais dire qu’il est un don à la portée de n’importe qui, qu’il est possible d’atteindre une bénédiction et de la donner, sans être un saint et sans être un homme d’église. L’un des plus beaux dons qui soient réside encore en chacun de nous : Le Pardon.
Un homme me dit qu’il ne peut pas vivre de pain et d’eau et qu’il aime son confort, et ne peut pas penser à s’en départir pour offrir la charité aux moins nantis. Je le regarde et je lui souris. Je le comprends.
Un homme me dit qu’il ne peut pas offrir le pardon à cet homme qui l’a injurié, qu’il ne peut pas essuyer les erreurs du passé commises et ne peut offrir d’amour à cette dite personne. Je le regarde et je lui souris. Je lui pardonne.
Je lui pardonne, parce qu’il est la personne la plus souffrante dans cette histoire. Je lui pardonne, parce qu’il n’a pas besoin de menace, parce qu’il n’a pas besoin de mépris. Je lui pardonne et je prie pour qu’il puisse trouver la paix avant la fin, car elle est à portée de sa main. Cet homme-là qui préfère cultiver sa rancœur plutôt que de s’en libérer s’est attaché des chaines dont lui seul possède la clef, et quoi qu’il puisse en dire, personne ne pourra l’en libérer si ce n’est lui. Cet homme-là ingurgite un poison à petite dose à chaque jour de sa vie, peut-être dans l’espoir vain d’empoisonner son prochain et de lui faire plus de mal que de bien.
Mais à tout cela, je lui pardonne.
Je lui pardonne, car le pardon est un don, une bénédiction qui se découpe facilement : Par/Don.
Par Don, j’entends qu’il est une marque divine posée en chacun de nous, et que ses effets sont une telle libération qu’elle doit forcément avoir un lien directe avec le Très haut et les siens.
Par Don, j’entends qu’il est un choix, et qu’il est de la liberté de chacun de l’offrir. Nul n’y est contraint, et il ne s’offre pas par obligation.
« Je vous demande par don de m’excuser »
Est alors devenu
« Je vous demande Pardon »
Et hélas, beaucoup de gens semblent en avoir oublié la signification. Mais le Pardon ne s’offre pas seulement lorsqu’il est demandé, et c’est on ne peut plus vrai lorsque l’on commet une faute à laquelle on souhaite soi-même se pardonner.
Le Pardon, c’est préférer la Paix à la guerre. C’est de baisser l’arme pour offrir une étreinte sereine. À ceux qui diront que c’est de donner l’occasion à l’autre de nous poignarder, je répondrai que c’est vrai.
Mais je répondrai aussi que vous serez plus victorieux que jamais. Je répondrai qu’il ne pourra jamais se défaire de ce souvenir et que nul ne pourra lui offrir ce pardon que vous auriez pu lui donner si vous étiez présent. Je vous répondrai que vous serez mort d’un trop grand amour pour le monde plutôt que d’être mort d’une trop grande haine. Et nul doute qu’à ce moment, votre âme déchargée du poids de la rancune, déchargée du poids de ses médisances, saura s’élever vers les cieux aussi légèrement qu’une plume.
Car le Pardon est un baiser sur une brûlure, c’est une caresse pour apaiser un mal plutôt qu’un couteau tourné dans une plaie. Celui qui le donne s’enrichie encore davantage que celui qui le reçoit, et il peut être d’autant plus fier de l’avoir offert que d’avoir refusé jusqu’au bout d’accorder la sérénité d’esprit, autant à soi qu’à l’autre.
À celui qui dira qu’il s’agit là de banaliser les fautes, je répondrai qu’il fait plutôt grandir. Que face à un cycle perpétuel, face à un cercle vicieux alimenté par la vengeance et l’amertume, l’un aura su y mettre fin.
Je répondrai que comme avec les enfants qui s’en prennent l’un à l’autre, le plus mature est celui qui saura répondre autrement qu’en répétant le même procédé à l’inverse, et que dans cette grande cours d’enfant dans laquelle nous vivons, encore trop peu d’hommes se sont aperçu à quel point il était plus glorieux de tendre la main vers le nécessiteux que de tendre le poing vers l’irrévérencieux.
Car le plus grand des maux réside en celui qui ne pardonne pas, bien plus qu’en celui qui ne reçoit pas le pardon.
Aimez et souriez, voyez la lumière qui veille en chacun de vous et en vos prochains, car la noirceur n’en vaut pas la chandelle.
Je vous embrasse et vous sers.
Gabrielle Medel | |
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