En suivant ses traces

Un garde de la porte sud-est de Citria avait indiqué à Arckes comment il pourrait se rendre au village qu'il voulait atteindre. Il avait déjà fait ses provisions et était prêt pour la chevauchée. Partant par lui-même, il ne serait ralenti que par le manque d'endurance de sa monture; il se mit alors en route. Le voyage de trois jours eut au moins le mérite de lui donner amplement le temps de penser.

Une fois en périphérie du village, un rayon de lumière bleue l'aveugla un moment. Il se protégea les yeux de son bras droit, puis se mit à chercher l'origine de cette manifestation. La lumière venait d'une marque laissée sur un tronc d'arbre; elle ressemblait à cinq pétales compris dans un cercle qui se rejoignaient au centre. L'une d'entre elles était plus longue que les autres. Le Nargolith eut à peine le temps de le remarquer avant que le dessin ne disparaisse tout à fait.

Étant un chevaucheur inexpérimenté, il descendit de sa monture et la mena entre les arbres dans la direction générale indiquée par le pétale. Il rencontra deux autres symboles qui le guidèrent jusqu'à une toute petite maison de bois. Elle était en piteux état et ne tiendrait pas debout bien longtemps, d'après les estimations d'Arckes. Il hésista quelques secondes avant de frapper à la porte. Il ne reçut aucune réponse à ses trois tentatives, comme il s'y attendait, alors il ouvrit simplement la porte.

Le corps d'une femme d'un âge avancé gisait au sol; il s'y était aussi attendu. Elle tenait un bout de parchemin entre les doigts de sa main gauche. Le jeune homme regarda autour de la pièce, mais ne vit rien d'autre qui pourrait l'intéresser. La personne qui était passée par là avait sûrement jugé que le reste ne serait qu'une distraction. Arckes dut user de force pour écarter les doigts de la femme, mais il réussit néanmoins à libérer la note.

« Elle mentait, dit-il tout haut. Elle ne savait pas comment le défaire. » Il écrasa le parchemin dans son poing. Il ne disait rien de significatif pour n'importe quel autre lecteur, mais le Nargolith préférait s'en débarrasser. Il sortit de la maison et se dirigea vers les pierres du feu de camp que la femme avait utilisé, mais une autre idée lui vint en voyant les buches qui y avaient été laissées. Il regarda la maison à nouveau, si on pouvait même la qualifier de telle, et débattit dans son fort intérieur.

Lorsqu'il eut déserté les lieux, la seule fumée qui flottait dans l'air était le résultat d'un tout petit feu. Sur le chemin du retour de Lys-En-Sylve, Arckes ne revit aucune marque sur les arbres.