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 [BG] Iris de Myrh

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Iris de Myrh
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Iris de Myrh


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MessageSujet: [BG] Iris de Myrh   [BG] Iris de Myrh Icon_minitimeLun 02 Fév 2009, 6:06 pm

¤ Iris de Myrh ¤

- Lourde décision -
.Chapitre 1.


Ses talons résonnaient bruyamment dans sa vaste chambre, frappant le dallage au rythme de ses rapides enjambées. Ses longs cheveux noirs, attachés en un savant chignon fait de tresses et de mèches flottantes, étaient secoués à l’unisson des tissus de sa courte jupe.
Elle faisait les cent pas d’une façon effrénée, son regard aigue marine -que la colère avait teinté d’une sombre teinte saphir- planté sur la porte en bois.
Sa mâchoire était crispée, ses lèvres pincées, et ses mains tordaient la longue chaîne familiale en argent qui lui pendait au cou.
Interrompant ses incessantes allées et venues, elle se planta devant la porte fermée puis, comme si elle avait pris une résolution irrévocable, elle fit volte face pour tourner le dos à l’entrée de la pièce.

Sa chambre était très haute de plafond, parce que juchée au dernier étage de la tour du château. Seule une fenêtre y faisait percer la lumière. A ses pieds, un petit fauteuil où elle s’asseyait, enfant, pour lire ou pour pleurer près de ses poupées.
En quelques pas elle y fut, s’y penchant dangereusement pour humer l’air à pleins poumons. Ses œillades regard, plus résolues que jamais, glissaient sur les landes infinies que le panorama de la tour laissait découvrir. Les terres familiales s’étendaient jusqu’à la rivière, là-bas.

Mais aussi vastes fussent-elles, d’ici, tout paraissait minuscule.

Au loin, Citria. Comme une sirène tentatrice, elle lui tendait les bras. Les feuilles des bruissantes forêts remuaient telle une longue chevelure ensoleillée, emmêlée d’oiseaux et de vie. Ses tours et ses murailles étaient autant de bijoux. Et la belle lui murmurait dans un rire que tous ses tracas prendraient fin d’ici quelques jours, quand elle reposerait en son sein.

Citria… Tu n’es qu’une sainte putain… Tu vends tes charmes en promettant à tous gloire et réussite… Tu veux te faire croire pucelle, tu te revendiques pure et royale. Mais tu n’es qu’un gouffre sans fin où se noient tous tes amants imprudents. Et j’en ferai sûrement partie ! Mais crois-moi, je suis une amante fougueuse et je planterai ma lame au plus profond de ton cœur si tu ne m’offres pas ce que tes blanches murailles jurent de me donner… Si je dois crever par ta faute, alors nous crèverons ensemble. Le reflet du soleil sur ta pierre m’aveugle peut-être aujourd’hui, mais je saurai te rattraper le jour où, traîtresse, tu me tourneras le dos.

Un sourire avait décrispé sa mâchoire. Elle se redressa, son teint d’albâtre rosi par le vent implacable. Le bruit de ses talons heurtant à nouveau le sol fut rapidement étouffé lorsqu’elle parvint au majestueux tapis qui protégeait les pieds de son armoire, si massive qu’elle étouffait tout un pan de la pièce. Elle en ouvrit les portes pour en sortir un grand sac de voyage en cuir qu’elle jeta négligemment sur le lit dans son dos.

La couche était aussi immense qu’on aurait pu y placer une famille entière. Les draps en satin rivalisaient de beauté avec les tentures de ce lit à baldaquins. Des armoiries étaient gravées sur le bois de la tête de lit, dissimulées par les oreillers qui y étaient soigneusement disposés.

Le sac atterrit dans un bruit sourd sur les couvertures, suivi par des vêtements de belle facture qui vinrent s’y amonceler. De son côté, la jeune fille sortait une à une les tenues de l’armoire, les jaugeant chacune d’un rapide hochement de tête, ou d’un grognement insatisfait et sans appel.


Pas assez pratique…

Trop long…

Trop formel !

Mh… Haec, celui-là sera bien.


Rapidement, un monceau de vêtures orna la parure de lit, recouvrant le sac en cuir. Toutes ces tenues étaient aussi éclectiques qu’originales. Elles n’étaient pourtant pas toutes d’aussi somptueux tissus que ceux du lit ou des tapisseries sur les murs… Certaines semblaient même cousues d’une main inexperte. Mais elles avaient cela de surprenant qu’elles étaient toutes originales, jouant de la superposition de vêtements, ou de couleurs peu communes. Tantôt pleines de vives teintes, tantôt toutes de cuir noir… Il semblait s’y mêler tenues de soirées, de voyage, de combat ou encore de ville. Pantalons, jupes plissées, bottines, corsets, capes de fourrure... Cette garde-robe aurait déplu à une jeune campagnarde de bonne famille, mais fait pâlir d’envie les citriennes avides de nouvelles modes.

Bon. Ca devrait être suffisant… Ah, non ! Le plus important.

Elle s’agenouilla sur la pierre, puis glissa le bras sous le lit, tâtonnant du bout des doigts jusqu’à saisir une poignée. La jeune fille tira alors vers elle dans un bruit de ferraille un coffre de petite taille. Elle l’ouvrit avec la clé qui était accrochée à sa chaîne argentée puis repoussa le couvercle dans un grincement désagréable. Le scintillement des pièces d’or se refléta sur son visage, rivalisant avec la brillance des bijoux de famille ternis par le temps. Une richesse accumulée depuis longtemps y reposait.

Vous, mes chéris, il est temps que je vous dépoussière !

Elle décrocha la bourse en cuir qui pendait à ses hanches pour la remplir d’une partie du contenu du coffre, puis elle versa rapidement le reste au fond du sac en cuir qu’elle avait extirpé de sous les vêtements encore amoncelés, épars, sur le lit. Elle recouvrit le tout avec, pêle-mêle, l’ensemble des différentes parures. Le sac de voyage était gonflé à bloc.

Elle en noua les lacets puis se redressa en le déposant sur le lit. Son regard resta un long moment posé sur lui. Puis elle s’en détourna pour aller chercher une veste qui reposait encore dans l’armoire et qu’elle enfila rapidement. Elle saisit ensuite le sac qu’elle abattit sur son dos dans un large geste de balancier. Puis, rapidement, elle se détourna du lit, de l’armoire éventrée, de la fenêtre encore ouverte et des vêtements éparpillés pour venir saisir la poignée de la porte.

Voilà, le moment était venu d’affronter enfin la réalité. Sa réalité.
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MessageSujet: Re: [BG] Iris de Myrh   [BG] Iris de Myrh Icon_minitimeLun 09 Fév 2009, 1:03 pm

- Clivage filial -
.Chapitre 0.


Tu fais honte à ta famille, Rose !

C’était comme avoir pris un coup de poignard en plein cœur. La jeune femme contrôla au mieux ses émotions, ravalant le poids qui remontait du plus profond de ses entrailles jusqu’à ses lèvres. Le feu crépitait paisiblement dans l’âtre du bureau paternel, contrastant avec la tension palpable.

Vous pleurerez de m’avoir ainsi parlé quand mon nom courra dans toutes les landes… Et alors, il sera trop tard !

Elle tentait de contenir le venin qui perlait au bord de ses dents qu’elle sentait devenir crocs. Sa langue, bientôt sifflante, passa sur ses lèvres tandis que son regard d’un bleu glacial restait planté sur son père dans un air de défi.

Ce que tu ne saisis pas, Rose, c’est que les femmes comme toi sont huées, nisi louées !

Les temps ont changé, père…

C’est ce que tu crois… Tu n’as gardé de notre éducation que la naïveté !

Celle à laquelle vous avez voulu me cantonner mais que j’ai réussi à laisser derrière moi ! Je suis telle que je suis ! Et vous n’y pourrez jamais rien changer !

Oh mais si…

Le paternel se retourna pour imposer sa taille et sa lourde musculature à sa fille. Elle avait gardé de lui cette haute stature, ainsi que les yeux et les cheveux, noirs comme le plumage d’un corbeau. Malgré son âge avancé, c’était un bel homme en belle santé, vêtu de telle façon qu’un noble Citrien aurait pu le jalouser.

Ta vie passée de petite fille gâtée est terminée, crois-moi. Pour une fois dans ta médiocre vie, tu vas m’obéir, et tu vas changer. Tu vas faire honneur à ton nom…

Parce que vous pensez que je ferai honneur à votre nom en restant derrière mes fourneaux, asservie par un homme pour qui je ne ressens rien ?

Ta mère et moi l’avons choisi avec soin. Tu apprendras à l’aimer...

Comme Maman a vainement tenté de le faire avec vo…

Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase. La gifle manqua de la renverser, lui arrachant des larmes de douleurs. La jeune fille se redressa, pantelante, la mâchoire crispée et marquée au fer rouge par le sceau familial qui ornait l’annulaire de son père. Un long moment de silence suivit cet instant fugace de violence.

Ce n’était pas la première fois qu’il levait la main sur elle, et ce ne serait sûrement pas la dernière. Finalement, il ne faisait que reproduire sur elle ce qu’il avait fait vivre à sa mère.

Il y a encore peu, elle pensait que cela donnait un peu de répit à sa mère, acceptant les coups sans rechigner. Après tout, elle les méritait… Elle s’était découvert une effronterie sans égal et se plaisait à provoquer son père, sans comprendre pourquoi puisqu’elle savait que cela se soldait toujours par des ecchymoses, des plaies, et de longues nuits de douleur.

Un jour, elle avait saisi. Elle avait compris que l’élan irrépressible qui l’amenait à pousser son père à bout, jusqu’à ce qu’il la frappe, était qu’elle savait qu’il rejoindrait sa mère rassasié de violence et qu’au moins, il ne lèverait pas la main sur cette dernière. Chaque coup qu’elle recevait en était un en moins pour sa mère.

Oh, cela ne faisait pas longtemps qu’il avait commencé à la battre… Il ne se l’était permis que lorsqu’il avait jugé qu’il ne risquerait pas de lui briser les os à la moindre rossée. Et ce n’est qu’à cette période qu’elle avait remarqué que les bleus de sa mère tendaient à disparaître.

Sa mère était plus heureuse, plus souriante. Elle avait retrouvé une forme de joie de vivre.


Rose, les temps passés sont finis… Ton père est… Il a changé.

Et la jeune fille faisait tout pour qu’elle continue à le croire. Elle camouflait ses bleus comme sa mère l’avait fait avant elle et l’encourageait à lui parler de son nouveau bonheur. Pourtant, au fond du regard maternel, elle voyait bien qu’elle continuait à la décevoir. Les rapports que devaient lui faire son mari au sujet de leur chère petite Rose ne devait rien avoir d’encourageant.

Elle pensait avoir trouvé un moyen de rendre le sourire à sa mère mais s’était enfoncée, sans le vouloir, dans un cercle vicieux. En provoquant continuellement son père, les coups pleuvaient sur elle, soulageant sa mère… Mais son comportement peinait celle qui voulait le meilleur pour elle.


Ne redis jamais ça.

La voix grave de son père la sortit de sa torpeur.

Pourquoi ? Parce que la vérité blesse ? Ne croyez-vous pas que moi et Maman ayons été aussi blessées par votre exécrable caractère ? Ou par vos poings ? … Quand il ne s’agit pas de vos pieds…

La ferme !

C’avait été plus fort que lui. Le noble homme, propriétaire terrien et châtelain, commençait à sortir de ses gonds. Sans le vouloir, elle avait recommencé à l’asticoter et à l’entraîner vers la pente qu’elle s’était entraînée à briquer chaque jour.

Les poings larges et fermes étaient serrés en une boule de nerfs prêts à imploser. Son souffle se fit haletant tandis que sa voix perçait entre ses lèvres tendues et ses dents serrées.


Nous avons… choisi… cet homme. Avec soin. Il te chérira et…

Me croyez-vous assez idiote pour faire confiance à votre idéal de tendresse masculine ?

L’homme avança d’un pas lourd pour se coller à elle, la soulevant de terre. Telle une poupée de chiffon, elle se laissa faire, ses jambes touchant à peine le sol. Elle fit le vide dans son esprit, pour que la douleur de son cœur n’outrepasse pas celle de son corps. Elle ferma les yeux, en l’attente du coup cinglant qu’il s’apprêtait à lui asséner.

Toutefois, contre toute attente, la seule chose qui la heurta fut le sol. Elle mit quelques temps à se rendre compte qu’il avait quitté le bureau et qu’elle s’y retrouvait seule, avec elle-même.

Jamais il ne lui avait tourné le dos avec tant de dédain. Jamais.

Elle se releva, tremblante, et s’appuyant avec peine sur le fauteuil près des flammes. Ses jambes la soutenaient à peine et son cœur battait si fort qu’il soulevait sa poitrine par de longs et irrémédiables sursauts. En prenant appui contre les murs et les étagères, elle ressortit du bureau.

Cette situation ne pouvait plus durer.

Chaque nuit la nourrissait de rêves de grandeurs et de désirs impérieux. De destins glorieux, de prouesses héroïques et autres chimères que la vie qu’on lui promettait depuis les deux décennies de son existence la condamnaient à oublier.

Mais oser prendre la fuite reviendrait à livrer sa mère à une violence paternelle qu’elle imaginait redoublée. Toutefois, la vie qu’elle menait actuellement ne réglerait leurs problèmes qu’éphémèrement, elle s’en doutait. En outre, en rejoignant Citria, dont on disait autant de bien que de mal, elle épuiserait son dernier espoir et pourrait enfin saisir l’occasion de changer son destin, et celui de sa mère. Peut-être pensait-elle cela pour se rassurer et se conforter dans l’unique voie qui lui donnait encore envie de se battre ? Quoi qu’il en soit, elle savait au plus profond d’elle-même qu’elle était destinée à de plus grandes choses… Lesquelles ? Il lui était encore difficile de répondre à cela.

Elle aimait à se battre… D’aucun disaient d’elle que c’était un garçon manqué. Elle avait toujours combattu vivement les moqueries qu’elle subissait à ce sujet, redoublant de coquetterie et d’originalité et cultivant un style vestimentaire et une élégance hybrides. En grandissant, ses formes féminines eurent tôt fait de moucher les médisants, mais rendirent son accès aux arts martiaux plus ardus que jamais.

Son père, bien entendu, n’avait jamais rien fait pour lui faciliter l’accès aux choses qui lui plaisaient dans la vie puisqu’il les considérait, pour la plupart, contraires à ce qu’une femme se devait d’aimer.

Un temps interminable semblait s’être écoulé entre le moment où elle avait quitté le bureau de son père et celui où elle avait rejoint sa chambre. Enfin, elle fit tourner la clé dans la serrure et referma derrière elle la cage de verre qu’on avait expressément créée à son égard.

Elle glissa le regard sur sa chambre, précieuse et décorée avec un goût qui lui était totalement étranger. C’est alors que, comme une illumination, ce qui était si évident lui éclata au visage.

Son destin se jouait en ce moment même, et si elle ne le saisissait pas au vol, elle s’en voudrait à tout jamais.
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Iris de Myrh
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MessageSujet: Re: [BG] Iris de Myrh   [BG] Iris de Myrh Icon_minitimeMer 11 Fév 2009, 8:36 pm

- Et la Rose devint Iris -
.Chapitre 2.


Elle était parvenue, non sans mal, à s’extirper de la propriété paternelle. Il avait fallu qu’elle escamote l’attention des serviteurs et qu’elle prie pour ne croiser ni sa mère, ni son père.

Elle avait toutefois pris le temps de laisser un mot pour cette dernière entre les mains d’un garçon d’écuries, certes un peu naïf mais surtout séduit par les pièces d’or chichement acquises.


Maman,

Un jour, je reviendrai.
Veuillez me pardonner.

Rose.


Enfin, l’air libre. Derrière elle, à plusieurs centaines de mètres, le petit châtelet se dressait sur le flanc de la colline, surplombant la rivière dans son écrin de forêt. Une fois qu’elle aurait passé le pont, elle aurait définitivement tourné le dos à son passé.

En quelques grandes enjambées, elle y parvint. Bien plus rapidement qu’elle ne l’avait cru, le bruit de ses talons foulant le bois crissait à ses oreilles. Sous ses pieds courait l’eau, dans un bruit assourdissant. Jamais elle n’avait été plus loin, seule. Hésitante, et refoulant les craintes qui surgissaient dans son esprit, elle se pencha sur l’eau pour reprendre contenance.

Elle était belle. Fichtrement belle. Narcissique, elle se laissa absorber par la contemplation nombriliste de sa propre personne qui l’attira, un bref instant, loin des affres de son irrévocable décision.

La jeune femme avait tout de la jeune Hastane charismatique, une pointe d'arrogance ornant son fin minois. Elle est aussi grande qu'altière, l'allure élancée, musculeuse.

De sa démarche féline et chaloupée se détachait un regard brillant qui rehaussait son visage délicat, receleur des traits d’une noblesse de sang évidente.

Sa beauté était farouche, tout autant que ses manières.

Elle portait ainsi de longs cheveux d’ébène, soigneusement peignés et savamment attachés. Elle avait un teint de peau clair, presque pâle. Ses yeux d’un bleu profond étaient encadrés de sourcils finement ciselés qui lui donnaient un air assuré, presque arrogant.

Quelques discrètes tâches de rousseur ornaient son nez fin, mutin, légèrement retroussé. Enfin, ses lèvres carmin cachaient un sourire qu’elle dévoilait bien peu souvent ces derniers temps. Fines et découpées, elles lui attribuaient un air fragile de poupée de porcelaine.

La jeune femme admira un peu plus longtemps les somptueux tissus dont elle s’était parée. Combien de temps cela durerait-il encore pour elle ? Elle qui se plaisait à revêtir le plus souvent des ensembles élaborés où se superposaient les tissus, comme de courtes jupes ornant des pantalons en cuir, ou encore de ces hauts près du corps qui sont tant à la mode... Le tout rappelait en général une tenue idéale pour le combat, quoi que toujours emprunt d'une touche coquette et originale que rehaussaient ses bijoux argentés, colliers, boucles d'oreilles et piercings discrets, bracelets cliquetant. Pourrait-elle encore longtemps profiter de ce luxe ostensible dont elle s’était jusqu’à aujourd’hui toujours parée ?

Bien qu’elle restât discrète dans ses choix de couleurs, portant plutôt des tenues de tons sombres ou classiques, comme si ce fût pour donner un contrepoids à la sophistication qui se dégageait de ses différentes vêtures, elle n’en était pas moins originale et remarquable.

Elle glissa la main vers la naissance du cou où elle se plut à décrire ce que les plus observateurs auraient pu deviner : un tatouage qu’elle s’était fait récemment et qui représentait un symbole religieux du Circan.

Sa beauté fragile contrastait avec son caractère que certains qualifiaient de « bien trempé ». Cela pouvait être un atout comme un handicap dans la nouvelle vie qu’elle désirait entreprendre.

Elle soupira, s’extrayant de ses rêveries avec violence.

Il me faut partir à présent…

Mais son regard n’avait pas quitté le flux de la rivière. Aussitôt partie, on la rechercherait. Il lui fallait changer d’identité. De toute façon, la sienne n’avait plus de sens à ses yeux.


De Rose je deviendrai Iris… Ce nom me colle bien plus à la peau. Je n’ai rien de cette fleur fragile dont ont ôte les épines avec tant de facilité ! Quant à mon nom… Je le tirerai de la Myrrhe… Car l’arbre à Myrrhe a des piquants qu’on ne peut lui arracher qu’à force de bras… Et cela ne lui ôte pourtant pas son doux parfum que les commerçants s’arrachent à haut prix. Et si je ne dois garder du sang qui coule dans mes veines que la noblesse, alors Iris de Myrh sera mon nom.

Iris sourit, un poids semblant s’envoler de ses épaules, et se redressa, plus grande et fière que jamais.

Elle était toujours la même, et pourtant elle se sentait substantiellement différente. Si un nom devait à présent courir sur les landes, ce serait le sien, et pas celui de son père. Et si cette notoriété devait lui permettre d’un jour lui faire face et rendre bonheur et fierté à sa mère, elle n’en serait que plus repue.
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Iris de Myrh
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MessageSujet: Re: [BG] Iris de Myrh   [BG] Iris de Myrh Icon_minitimeMer 18 Fév 2009, 7:25 pm

- L'illusion de la liberté -
.Chapitre 3.



Iris poussa la porte de l’auberge, l’excitation au ventre.
Cette gargote était minable, le comptoir poisseux et son tenancier rebutant. Néanmoins, c’était la première fois qu’elle se rendait seule dans un tel endroit.
Et la première fois, aussi, qu’elle se payait un chambre avec ses propres moyens.
Ces deux seuls points comptaient à ses yeux et lui amenèrent une fierté sans bornes.
Elle aborda, un large sourire aux lèvres, le patron cinquantenaire à la panse rebondie. Sa mine de fillette réjouie trahissait autant sa joie intérieure que son éphémère naïveté à propos de l’indépendance d’une jeune femme de son âge et de sa condition dans des endroits tels que celui-ci.


Bien le alio, Monsieur !

L’homme ventru s’approcha d’elle. Il empestait l’alcool et, elle ne s’était pas trompée, ce qui ornait son tablier était bien une tâche de sang animal. Des viscères gluants pendaient encore du cuir où il s’essuyait les mains, le lapin éventré, toujours fumant, trônant sur la table derrière lui.

Iris déglutit.


Qu’est-ce qu’elle veut la jolie p’tite dame ? Elle sait qu’c’est pas bien prudent d’traîner seule dans les gouges de la bordure citrienne ?

Un rire gras accompagna son regard pernicieux.

C'est que j’voudrais pas qu’y lui arrive malheur ! Hein ?

Iris prit sur elle. En une inspiration, elle jeta un regard circulaire sur la pièce où elle se trouvait. C’était sans équivoque la partie taverne de l’établissement où s’adonnaient à des jeux d’alcool ou de cartes une petite dizaine d’hommes, tous plus repoussants et inquiétants les uns que les autres. Aux dires du gérant, ils avaient tous suspendu leurs gestes, se fendant du même sourire.

Quelle idiote… Comment avait-elle pu se laisser entraîner là-dedans comme un benêt unijambiste qui chasserait les papillons au bord d’une falaise ? Rapidement, elle fit mine de tâter sa bourse pour mieux s’assurer de l’endroit où elle avait glissé son poignard d’ornement. Elle savait qu'en cas d'affrontement il se briserait aussi vite d'une brindille, mais elle ne pouvait pas aller chercher son arme véritable dans son sac sans attiser l'animosité déjà trop ambiante à son goût.


Vous êtes bien aimable, Monsieur, de vous soucier de moi…

A sa réponse édulcorée, l’homme bedonnant éclata d’un nouveau rire qui aurait fait fondre les oreilles d’une vieille bigote. Des mouvements se firent ressentir parmi les clients. Des mouvements d’hésitation, comme l’enfant qui se mord déjà les doigts à l’idée de voler le morceau de tarte, sans pourtant penser un seul instant qu’il ne le fera pas. Elle devait agir, et vite, avant que la situation ne se referme définitivement sur elle. La porte était trop loin et ils auraient tôt fait de lui barrer le passage, geste que sa fuite provoquerait certainement puisqu’elle se doutait qu’une once de résistance de sa part aurait pour conséquence d’attiser l’excitation des mâles qui l’entouraient. Il lui fallait réagir autrement.

Cette pensée l’avait traversée aussi rapidement que l’étoile filante traverse le ciel. A peine sa phrase avait-elle été commencée qu’elle la termina comme suit :


… mais c’est inutile, puis que l’idiot qui tentera ne serait-ce qu’un regard déplacé se verra gratifié d’un troisième œil au milieu des deux siens… Voyez-vous, on dit de moi que j’ai une précision de tir à toute épreuve…

En disant cela, elle ôta de son fourreau son poignard d’ornement. Ils étaient sûrement tous trop niais pour y voir autre chose que la dague de jet qu’elle avait annoncée. Soudain, l’un des hommes, ivres, se leva en titubant.

C’est fichu, ils n’ont pas pris… J’aurais dû…

Mais à peine son poing s’était-il crispé sur le poignard, en l’attente d’une offensive quelconque à venir, qu’elle vit l’ivrogne se diriger vers la porte.
Et, haec, c’était bien de la crainte qui se dessinait sur son visage imbibé par l’alcool et le vice.

Peu à peu, la taverne se vida jusqu’à ce qu’il ne restât plus que quelques voyageurs qui jusque là s’étaient tenus très discrets. Tout son corps tremblait, aussi grands fussent les efforts qu’elle fournissait pour que cela ne se vît pas. Un bref instant, elle s’était crue perdue, et l’adrénaline qui chutait rapidement ne faisait que mieux éclater les risques qu’elle avait encourus. Mais son sang froid et son audace avaient payé.

Cette impression fut confortée quand elle affronta de nouveau le tenancier, livide.


Evitez de plaisanter avec ça, d’accord ? Vous m’avez vidé la taverne et…

Il balbutiait des remontrances, son double menton remuant au rythme des tremblements de sa mâchoire. Elle restait étonnée qu’une frêle jeune fille comme elle eût pu provoquer chez eux tant de craintes, mais sa satisfaction était elle qu'elle oublia bien vite ce détail.

N’ayez crainte, tavernier. Je prendrai votre chambre la plus chère et offrirai le repas à tous vos hôtes encore présents pour compenser vos pertes.

Elle avait subitement regagné en assurance, et la fierté transpirait de toute sa personne. Un large sourire aux lèvres, elle prit l’escalier que lui indiquait l’homme.

Au dernier étage, les draps sont propres…

Ravie, elle entama l’ascension des marches. Le poignard toujours à la main, elle allait le remettre au fourreau lorsqu’elle constata quelque chose qui lui glaça le cœur.

Le blason.

C’était le blason de son père, gravé sur la lame, qui avait causé tant d’effroi chez ces badauds. Pas elle !

Elle s’en voulut à nouveau de son esprit de jeune bourgeoise candide.
C’est la mort dans l’âme qu’elle rejoint la chambre. Elle avait évité le pire, certes. Mais à quel prix ? Celui de son amour-propre dont elle pensait avoir retrouvé la trace.
Iris referma la porte derrière elle et déposa ses lourdes affaires près du lit. En traînant les pieds, elle s’approcha de la grande fenêtre qui illuminait la pièce.

Elle donnait sur le fleuve bordant la Grande Blanche. La Cité n’était plus qu’à quelques heures de marches. Demain, elle y serait. Le bruit du cours d’eau parvenait à ses oreilles, les dernières lueurs du jour s’y reflétant.

Sans qu’elle y prêtât vraiment attention, elle avait repris le poignard en main. Elle l’inspecta à la faible lumière décroissante.


Je crois que tu es la dernière chose qui me rattache à mon Père.

Dans un large mouvement du bras, elle précipita l’arme dans le vide. Le bruit sourd qu’elle provoqua en atterrissant dans l’eau du fleuve lui rappela celui de son cœur quand elle avait tout quitté le matin même. Et les rides qu’elle produisit à la surface de l’eau, les dernières ondes de sa vie passée.
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Iris de Myrh
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MessageSujet: Re: [BG] Iris de Myrh   [BG] Iris de Myrh Icon_minitimeSam 28 Fév 2009, 9:08 am

- La Grande Blanche -
~ Transition ~



Les deux soldats échangèrent quelques messes basses et regards peu avenants vers Iris qui se tenait devant eux, dans l’attente.

Enfin, elle était parvenue devant les portes immenses de la Grande Blanche. Laissant les portiers à leur discussion intriguée, elle leva les yeux vers les murailles. Citria était protégée par d’énormes blocs de pierre qui faisaient chacun la taille d’un bœuf et tous marqués d’un grand marteau scintillant de magie. Elle pouvait presque percevoir le bruit qui en émanait, imprégnée qu’elle était par l’adrénaline. Tout en haut de cet imposant mur, elle pouvait entendre les discussions grivoises des soldats qui montaient la garde, le fer de leurs armures et de leurs armes cliquetant à chacun de leurs mouvements.

Autour d’elle, une vaste campagne peuplée de magnifiques maisons et, plus loin, des champs abondants à perte de vue. Et dans cet écrin de beauté, de richesse et d’opulence ; Citria, la Grande, la Blanche. Depuis le sommet des plateaux qui l’entouraient, on pouvait distinguer le sommet de sa Cathédrale, deux grandes aiguilles blanches qui narguaient les nuages. Et puis la grande coupole abritant le Palais Royal, faite d’immenses vitraux reflétant les éclats du Soleil comme un diamant surdimensionné. Et, sous tant de lumières, des milliers de toits d’ardoise brique et noire où bouillait la vie.

Brusquement, une paysanne vint la bousculer sans ménagement aucun. Iris s’écarta d’un bond pour la laisser passer avec les deux énormes taureaux qui tractaient son chariot rempli de jarres autour desquelles tournoyaient des abeilles.

Après un vif échange avec les deux hommes qui discutaient toujours, la campagnarde se vit ouvrir les deux doubles portes qui protégeaient l’accès à la Cité. Iris ne put s’empêcher un regard curieux vers l’intérieur. C’était une ville pavée bourdonnant de vie et de bruit qui éclata tandis que la femme passait avec son convoi bovin. Des centaines de personnes s’agitaient derrière ces portes. Mais le spectacle fut aussi bref que tintamarresque, les lourds battants se refermant sans appel derrière la campagnarde.


Bon !

L’un des soldats s’avança vers elle, sa voix rauque résonnant derrière la visière de son casque, toujours abattue.

On a statué.

Il souffla, comme si la présence de la jeune femme les ennuyait et qu’ils étaient parvenus, après de longs efforts, à une décision difficile. Sans pouvoir se l’expliquer, le cœur d’Iris s’emballa. Et s’ils refusaient de la laisser passer ?

On vous laisse passer.

Elle soupira silencieusement, soulagée. Comment n’auraient-ils pu la laisser passer ? Le soldat promena sur elle un regard curieux.

Enfin si vous voulez passer inaperçue, moi et mon compère on vous conseille de changer de tenue.

Qui avait dit qu'elle voulait passer inaperçue ? Iris aurait pu deviner sur le faciès caché de l'homme un regard mêlé de mépris et d’envie. Eh quoi ? Qu’avait donc sa tenue ? Elle avait revêtu son plus bel ensemble… De sublimes collants noir en soie, des bottes aux talons haut perchés, une petite jupe plissée et un débardeur en satin protégé par un manteau de voyage qu’elle avait mis pour protéger ses épaules de la lourdeur de ses sacs. Le tout dans un subtil mélange de noirs et d’indigos.

Elle haussa les épaules, un sourire aux lèvres, et acquiesça docilement vers le soldat. Ce dernier se retourna alors dans un bruit lourd de ferraille pour retrouver son poste, à la dextre de la porte. Lui et son homologue levèrent alors le bras libre de bouclier vers le haut. Y répondit un écho vocal qui provenait des créneaux, s’en suivant ce qu’elle attendait depuis plusieurs jours avec impatience…

Les portes de Citria s’ouvraient enfin à elle… ainsi que ses lourdes effluves de fumier, de miel et de gloire.
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Iris de Myrh
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MessageSujet: Re: [BG] Iris de Myrh   [BG] Iris de Myrh Icon_minitimeJeu 05 Mar 2009, 2:22 pm

- Morgane -
.Chapitre 4.




Elles se ressemblaient, il est vrai.


Allez, enfilez-ça, et ne me demandez pas pourquoi… Nous partons pour Sombrum.

Sainte Morgane... La Sainte Hastane que la coutume affiliait à la Mort... Iris s’empara de la tenue légère que Morgane lui tendait. Elle avait su, dès le premier regard, qu’en sa compagnie l’ennui n’aurait pas sa place.

Et trouvez-nous un nom. Nous sommes jumelles dès maintenant.

Un sourire se dessina sur ses lèvres. Décidément, Morgane savait où elle voulait en venir. Cela lui plaisait. Et puis, en quelques sortes, elle était au service des d’Argon depuis qu’elle avait voulu intégrer l’Ecole de Chevalerie du père.

Nous serons les jumelles Ducastel, puisque nous venons du château de Citria. Choisissez donc les prénoms.


Oh, oh ! Ca me plaît !

Malgré le sérieux de la situation, un rictus amusé naquit sur le visage de Morgane. Décidément, elle ne se laissait jamais démonter par la peur ou l’appréhension. Le simple fait qu’elle lui propose d’aller à Sombrum sous une fausse identité témoignait, soit de son courage, soit de son inconscience. Iris ne savait même pas pourquoi sa « sœur » voulait l’emmener là-bas. Mais elle n’aurait pu refuser. Même si son orgueil lui commander de ne pas se laisser ainsi menée par le bout du nez, sa raison lui disait qu’elle devait protéger celle qui, pour d’obscures raisons, se fourrait dans le danger tête la première.

Alors je serai Alice et…

Et je serai Alix. Allons, partons dès à présent et vous m’expliquerez la raison de toute cette mascarade en chemin.

Dès leur première rencontre, un lien s’était tissé entre elle. Quelque chose de difficile à décrire. Elles ne passaient pas la plus grande partie de leur temps ensemble… Elles ne faisaient pas les boutiques ensemble… Elles ne parlaient même pas de leurs conquêtes ou de leurs petits ennuis du quotidien. En fait, elles se fréquentaient plutôt peu. Mais un sentiment sincère et fort était né dès le premier regard. Iris s’était sentie l’obligée de Morgane… Elle devait la protéger. Il lui était impossible d’expliquer pourquoi. Peut-être les regards admiratifs de la jeune femme avaient-ils imperceptiblement flatté son égo ? Mais pour ceux qui auraient regardé leur relation de plus près, il était évident que si Iris, audacieuse et vive d’esprit, semblait mener la danse, c’était Morgane qui dessinait leurs aventures mutuelles.

Cette dernière avait le don de se mettre là où il ne fallait pas, de se mêler de ce qui ne la regardait pas, et surtout de s’attirer les pires ennuis qu’on puisse imaginer. Et malgré tout cela, malgré tous les risques inconsidérés que son aspellor prenait, malgré les fausses promesses de ne plus sortir de Citria sans elle, malgré son attirance pour les garçons étranges (et inversement), Iris ne méprisait pas Morgane. Elle ne la prenait ni pour une idiote, ni pour une inconsciente. Simplement, Morgane était naïve. Et bonne. Son cœur était pur et généreux. C’était certainement cela qui avait touché Iris. Toutefois, ces qualités et ces défauts ce mariaient bien peu avec son esprit aventureux qui la menaient plus souvent à la catastrophe qu’à la réussite.

Retrouver l’assassin de Xorth en jetant son dévolu sur Nellya Lamborose… Retourner à Sombrum malgré l’attaque du Fieffé qu’elle avait subi… Traiter le Général de l’Armée Mortanyss comme s’il s’agissait d’un chiot venant de s’oublier sur un tapis… Et après tout cela retourner aux environs de Mortancia pour venger un affront qui lui tient à cœur…


Et… Et il m’a violentée…

Il t’a QUOI ?

Le cœur d’Iris avait bondi dans sa poitrine. Jusque là, l’intrépidité de Morgane n’avait pas véritablement eu de conséquences graves. Sa blessure du Fieffé avait été guérie grâce au sacrifice de l’aimable Edele, ne laissant de cet épisode qu’un joli tatouage au cou. C’aurait pu être bien pire.
Mais il semblait qu’Odéon se fût lassé des intempérances de Morgane, la punissant de l’une des pires façons qui soient.
Iris était désemparée, elle ne savait pas comment réagir devant la détresse de son aspellor. Quand elle avait appris de la bouche de Liam qu’ils étaient retournés à deux à Sombrum et que ça avait failli très mal tourner, Morgane se retrouvant dans un des lits du centre d’Aveniel, elle s’était ruée dans sa chambre, les poings serrés et prête à hurler de colère sur elle. Mais lorsqu’elle la vit, entourée de l’Evêque d’Anglerond et des Daelwenas qui avaient fait le déplacement pour elle, elle ne put que prendre Morgane contre elle et essuyer les pleurs de son aspellor. Toute sa colère avait fui devant les regrets que le regard de Morgane trahissaient alors.
En ce moment-même, elle avait réagi d’une façon égale. Les pleurs de Morgane mouillèrent à nouveau son épaule. Mais ce n’étaient plus des larmes de peur, cette fois. C’était bien pire : des larmes de honte. Âcres et salées, elles imprégnaient avec force le tissu de son gilet.


Je… Je n’y retournerai plus !

Tu avais déjà dit ça, la dernière fois…

Iris soupira. Elle se voulait réconfortante et bien que son inquiétude fût sincère, elle n’avait pas l’habitude de ce genre de situation. Quand elle vivait encore chez son Baron de père, elle n’avait que très peu d’amies.
Il y avait bien les filles des aspellors de ses parents… De véritables harpies futiles et hypocrites, qui s’intéressaient plus au titre de leurs futures « aspellors » qu’à leur personnalité. Inutile de dire qu’elle ne s’entendait avec elle que par convenance et qu’elle était le plus souvent évincé de ces cercles de fausse entente, sa langue sifflant souvent des vérités que l’on aimait pas à entendre.
Il y avait bien les filles de cuisines et les garçons d’écurie… Mais en général ils avaient peu de conversation et prenaient peur quand elle les approchait, ce qui faussait alors toute honnêteté relationnelle.
Et puis elle n’avait ni frère, ni sœur.
Alors, nisi, elle n’avait pas vraiment d’amie. Morgane lui avait fait découvrir ce qu’était ce pan sentimental, tout frais pour elle. Un aspect de la vie qu’elle n’avait pu qu’effleurer du doigt jusqu’à lors. Une facette des plaisirs quotidiens qui l’avait toujours déçue.

C’était pour cela qu’elle tenait tant à Morgane. Malgré toutes ses imprudences, elle ne lui en voulait pas. Naïve et butée. Voilà ce qu’elle était. Brutal avait été le revers de la médaille. Et quelque part, au fond de son cœur, elle s’en voulait de ne pas avoir pu empêcher ce qui lui était arrivé.
Elle en voulait à ceux qui l’avaient accompagnée dans ses lubies ; Liam, Soren… et elle-même.

Ses mains caressaient les longs cheveux soyeux de Morgane, qu’elle n’écoutait plus qu’évasivement, perdue dans ses pensées.


Anje… Projets… Croisade… Vengeance…

Iris acquiesçait doucement.

Etait-ce donc cela que l’amitié ? Essuyer les chaudes larmes d’un innocent sans pouvoir les éviter ? En ce bref instant, elle chassa ses déceptions pour se rappeler d’un épisode de sa vie avec elle qui, à ses yeux, valait bien tous les sacrifices…

Il faisait beau et les rayons du soleil caressaient leurs deux peaux juvéniles et appétissantes. Elles riaient, l’eau baignant leurs corps. Une complicité intense les liait, alors qu’elles ne se connaissaient que depuis peu. Allongées presque nues sur le sable, elles s’étaient réchauffées sous les rais du soir, échangeant des paroles amusées, insouciantes. Aucune pudeur, qu’elle soit corporelle ou sentimentale, n’avait jamais mis d’obstacle entre elles.

Quand retrouveraient-elles enfin cette liberté paisible ?
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MessageSujet: Re: [BG] Iris de Myrh   [BG] Iris de Myrh Icon_minitimeLun 09 Mar 2009, 1:18 pm

- Premiers regards -
.Chapitre 5.




Elle l’avait tout de suite ressenti. Tous les regards de ces hommes qui se retournaient sur elle dans la rue.
Elle l’avait tout de suite compris… Sa façon de s’habiller, de marcher, de parler, et de les regarder. Elle savait comment attirer leur attention, attiser leur curiosité.
Pour la plupart, ils étaient laids, stupides, voire les deux à la fois. Mais pour d’autres, ils étaient séduisants, amusants, et intelligents. Citria avait ses bons, comme ses mauvais côtés. Elle était le gouge insatiable de dizaine de milliers d’habitants tous différents et pour la plupart inintéressants. Mais certains d’entre eux était surprenants et intriguants.

Elle se rappelait le corps halé de ce jeune homme, bouillant de désir. Ses lèvres tremblantes, comme s’il n’en revenait pas de pouvoir la toucher, s’emparer d’elle. Iris s’était amusée avec son plaisir, comme avec le sien propre. Leurs cheveux bruns s’étaient entremêlés pendant cet instant fugace où leurs mains étaient allées à la découverte de l’autre, où leurs langues avaient goûté la fragrance de leurs peaux. Elle se rappellerait toujours de son souffle fébrile descendant le long de son cou. Jamais elle n’oublierait la façon dont il l’avait possédée, toute entière.

Mais aussi intenses et fugaces fussent ces rencontres, elles provoquaient toujours chez elle un arrière-goût de déception. Rassasiée sur l’instant, plus tard elle y repensait, rêveuse ou aigrie tour à tour.

Et si ces échanges produisaient de la surprise chez elle à chaque fois, elle n’en était pas moins intriguée de l’effet qu’elle produisait chez les hommes, et s’en délectait… Curiosité, admiration, désir… Ou dégoût, parfois.

En général, ce qu’ils suscitaient chez elle était réciproque. Ses façons félines, ses paroles murmurées, ses vêtures variées… Elle jouait du pouvoir de séduction qu’elle avait. Cela pouvait toujours servir…

Les beaux hommes lui plaisaient, l’attiraient… Mais en général leurs relations étaient de courte durée. Iris était libre. Et elle tenait à cette liberté. Elle se refusait toute attache comme elle se refusait de ne pas succomber aux plaisirs de la vie quand ceux-ci lui faisaient de l’œil. C’était une philosophie de vie qui présentait autant d’avantages que d’inconvénients. Ne pas avoir d’attaches, cela voulait dire beaucoup de choses.

Si au départ elle pensait intégrer l’Ecole de chevalerie et ainsi stabiliser un peu son mode de vie, la fermeture de cette institution l’avait mise au pied du mur. Le mercenariat était alors la voie qui s’était logiquement imposée à elle. Elle vendrait ses services à celui qui requerrait la protection d’une lame habile. Elle avait ainsi déjà escorté à plusieurs reprises quelques marchands ou voyageurs perdus. Mais on ne peut pas dire que les affaires allaient fort, et elle vivait à un rythme bien plus calme que celui d’antan.

Iris vivotait donc, au jour le jour, de compliments en regards charmés. Et rien ne serait venu troubler sa douce existence si un homme n’était pas venu remuer ses principes et sa philosophie du carpe diem qu’elle s’était imposée depuis son départ de chez elle.

Il avait vingt ans de plus qu’elle mais n’en paraissait que trente. Ses regards étaient doux, sa voix apaisante. Elle l’avait respecté dès qu’elle l’avait rencontré. Il l’avait désirée dès qu’il l’avait vue. Il lui plaisait, et son cœur était bon… Elle l’avait séduite sans effort particulier. Elle avait même toujours été naturelle avec lui, voire maladroite. Jamais elle n’avait tenté de le séduire outre mesure, comme elle l’avait fait avec d’autres. Dès le départ, il avait été respectueux, attentif et patient. Elle ne lui avait pourtant jamais rien demandé ! Le pire dans tout cela était qu’il était sincèrement épris d’elle et qu’elle, à son tour, ressentait pour lui quelque chose de nouveau. De plus véritable… Pour la première fois avec un homme ; elle avait des scrupules. Respecté, respectable, elle s’en voudrait d’être un poison pour lui. Elle s’en voulait déjà. Des nuits durant, elle avait retourné le problème dans sa tête. Elle se doutait qu’il accepterait sa condition de femme libre sans se soumettre à ses conditions. Elle devinait que malgré tout ce qu’elle pourrait lui dire, lui avouer, il resterait toujours aussi admiratif et dans l’attente. Elle savait que plus jamais elle ne pourrait se défaire de lui. Et elle ne le voulait pas. Mais elle refusait de sacrifier sa condition de femme libre pour qui ou quoi que ce soit, et elle devait se tenir aux engagements qu’elle s’était fixés. Pourquoi ne pouvait-il pas être comme les amants qu’elle avait déjà eus ?

Pour la première fois, elle se maudit d’avoir séduit un homme.
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