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 [BG Maxine Delaflame] La tête de pioche

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AuteurMessage
Maxine Delaflame, Hastane
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Maxine Delaflame, Hastane


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MessageSujet: [BG Maxine Delaflame] La tête de pioche   [BG Maxine Delaflame] La tête de pioche Icon_minitimeLun 09 Mar 2009, 11:03 pm

« Il y a de cela fort longtemps, dans les contrées éloignées des landes, une jeune princesse vivait paisiblement dans une grande tour inaccessible par tous les chemins aisément praticables. Sa vie de solitude lui plaisait bien, n’ayant connu rien d’autre, jusqu’au jour ou elle entendit un bruit de sabot dans les environs. Se précipitant à la fenêtre pour voir d’où cela pouvait bien provenir, elle apperçut un splendide cheval blanc portant sur son dos une silhouette masquée. Le cheval fit quelques rondes autours de la tourelle et retourna dans la forêt.

Le lendemain, la silhouette reparut, fit quelques tours et repartit. Le même manège eut lieu les jours suivants jusqu’à ce que la princesse s’habitue à cette petit parade puis se surprit à l’attendre avec impatience. Chaque jour elle attendait de voir le mystérieux cavalier sur sa monture d’un blanc immaculé.

Un jour qu’elle était déjà à sa fenêtre, le cavalier ne vint pas. Le jour suivant ce fut la même chose et de même pour le jour d’après. La princesse ne perdait pourtant pas espoir de revoir apparaître la mystérieuse silhouette. À partir de ce moment, les journées devinrent de plus en plus longue pour la pauvre princesse. La solitude, qui auparavant lui plaisait bien, la rendait maintenant amère et la faisait souffrir… »

« Voilà ma puce. Nous continuerons demain. Maintenant dors en paix et qu’Odéon veille sur ta vie. » L’homme se leva du chevet de sa fille, jeta un regard par-dessus son épaule et ferma la porte doucement. La petite Maxine s’endormait à tous les soirs à l’aide d’histoires que son père lui racontait, chacune peuplée de princesses et de fées. Néanmoins, les rêves de la petite ne concordaient en rien à l’image que son père tentait de lui inculquer. Dans ses songes se côtoyaient aventuriers valeureux, monstres affreux et autres créatures fantastiques.

Plus la fillette grandissait, plus sa curiosité en faisait autant. Son goût pour les histoires chevaleresques l’encourageait à porter son regard au-delà des affaires de la bourgeoisie. Au grand désarroi de son père, la petite préférait le regarder travailler que de jouer avec les enfants de son âge. Son père, armurier d’expérience, travaillait surtout pour le compte de la bourgeoisie. Ainsi, la famille jouissait d’une certaine aisance, fréquentant banquets et mondanités avec la noblesse de la Cité.

De part son éducation, Maxine savait se tenir en société, connaissant à la perfection les bonnes manières et l’étiquette qu’obligeait son statut et rôle de femme. L’enfant portait avec résignation les robes que son père choisissait pour elle avec le plus grand soin. Très vite elle comprit qu’il avait pour elle d’autres ambitions que la reprise de l’entreprise familiale, qui aurait pourtant été le plus grand désir de la petite. Le forgeron souhaitait ardemment qu’elle devienne cantatrice à la cours ; Maxine avait une voix douce et juste qui plaisait à ceux qui l’écoutaient. Son père adorait l’entendre chanter et lui en faisait la demande chaque fois qu’ils passaient du temps ensemble dans l’atelier. Le temps s’écoulant, les obligations incombant aux jeunes femmes de son statut l’empêchaient d’observer son père travailler autant qu’elle l’eut souhaité. De plus, il devenait difficile de cacher les véritables raisons qui la poussaient à rester auprès de son père sans éveiller les soupçons.

Avec le temps, elle se développa une routine qui lui permettrait de tout faire. Ainsi durant la journée, elle incarnait la fille de bonne naissance et s’acquittait de ses tâches et de ses cours de chant. Quand le soir venait, elle se rendait discrètement dans l’atelier de son père et s’exerçait au métier de forgeron qu’elle adorait. Elle se souvenait des bases qu’elle avait observées si souvent lors de ses après-midi passés en la présence de son père. Néanmoins, elle développait ses propres techniques puisqu’aucun enseignement ne lui était accessible. C’est ainsi qu’elle progressa lentement dans l’apprentissage de son art.

Malheureusement, tout secret connait une fin, et tend à ce faire découvrir. Le jour fatidique ou Maxine dut démontrer l’étendue de son talent à son père restera marqué à jamais dans sa mémoire. Ce fut le début d’une période sombre dans sa vie. Lorsque la guerre éclaté, un Sénéchal vint voir M. Delaflame et lui réclama un nombre important de nouveaux plastrons. Le travail devait être effectué dans les plus bref délais. Il lui fallut travailler jours et nuits afin de respecter les délais obligés.

La fatigue embrumant sa précision, alors qu’il avait presqu’entièrement complété la requête du Sénéchal, il s’entailla le bras avec un ciseau. Les horribles cris poussés alertèrent Maxine et sa mère qui accoururent dans l’atelier pour découvrir l’homme appuyé contre l’enclume, appliquant une pression sur la plaie avec un linge complètement imbibé de sang. Il vociférait contre sa performance lamentable, sans se soucier de sa blessure. Il n’avait de cesse de répéter qu’avec une telle blessure, il ne pourrait jamais terminer les armures et ternirait à jamais sa réputation.

Ne pensant à rien d’autre, Maxine empoigna le marteau de forgeron et s’attela à la tâche sous le regard abasourdi de ses parents. Une fois le travail terminé, son père s’y attarda longuement sans un mot. Alors que sa femme tentait de l’entrainer vers la maison pour panser la plaie, l’homme restait ébahi et bouche-bée devant les réalisations de sa fille. Il reprit ses esprits dans une brusque exclamation. Il dit se sentir trahi, demandant haut et fort depuis combien de temps un tel manège se tramait dans son dos. Il questionna avec véhémence la double-vie de sa fille, jurant ensuite qu’il ne lui adresserait plus la parole à moins qu’elle ne se consacre entièrement à la vie qu’il avait choisie pour elle.

À partir de ce moment, l’accès à l’atelier fut complètement interdit à Maxine. Cela n’allait en rien l’empêcher dans son ambition de reprendre l’entreprise familiale. La mine de Citria devint donc son hâvre de paix. Se frayant un chemin à travers les mineurs expérimentés, elle arrivait à se trouver un petit coin tranquille pour les observer travailler et ainsi parfaire ses connaissances en la matière. Néanmoins, n’ayant pas la possibilité de s’exercer, elle perdit son aisance avec les outils et se découragea lentement.

La blessure de son père guérissait très mal, n’avait de cesse de s’infecter, ce qui rendait son labeur fort ardu. Ainsi, plus le temps passait et plus les clients se faisaient rares, insatisfaits du résultat des armures qu’ils se procuraient, jusqu’au jour où il dut fermer boutique.

Un peu plus tard, l’homme fut pris de fièvres sévères et brutales qui eurent pour effet de l’aliter complètement. Nombre de guérisseurs tentèrent de l’aider, sans succès. Il ne lui restait que quelques jours à vivre ; il le sentait. Il demanda donc à voir sa fille avec qui il n’avait eu mots depuis l’incident. Sur son lit de mort, il lui confessa qu’il était encore déçu de ne pas avoir eu la petite princesse qu’il croyait, mais qu’il acceptait son choix. Il lui fit don de son marteau et de sa pioche, seule chose qui lui restait de son métier. Il trépassa sur ces paroles.

La mère de Maxine, n’ayant la force de rester dans cette maison empreinte du souvenir de son défun mari, la vendit pour aller s’installer à Tyrimar où elle refit sa vie. Maxine la suivit la première année, mais décida de quitter ce nouveau foyer où aucune passion ne la retenait. Elle erra durant près de deux ans sur les landes, en ermite, avec pour seule compagnie le marteau et la pioche de son père. Elle ne revint vers la cité de Citria qu’une fois ses réflexions faîtes au sujet de son avenir. Elle allait travailler dur afin de redorer la réputation des Delaflame en cette cité et devenir une forgeronne reconnue et appréciée. En hommage à son père, elle allait aussi continuer le chant, tentant de se creuser une place dans la vie culturelle de Citria. Ainsi la double vie reprendrait, comme elle avait commencée.
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