Majesté,
Mes plus humbles respects,
Il y a un moment déjà, en compagnie de son Éminence et de plusieurs hommes, j’ai fais irruption dans votre chambre alors que vous dormiez du sommeil du juste. Ce jour, vous m’avez dit que vous vous souviendriez de moi le jour venu, et, bien que je sache que votre regard porte sur un tableau bien vaste et complet, j’avoue que si vous avez souvenir de cette promesse, vous me feriez grand honneur de me permettre d’en user une unique fois en lisant les lignes que j’ai rédigé de ma plume.
Votre grandeur, je suis au service de votre glorieuse garde depuis un moment et, si me voilà contrainte de ne pas respecter le protocole, et de m’adresser directement à vous, je le fais dans l’optique où je suis certaine que c’est votre personne qui peut intervenir pour assurer la pérennité de la balance en la blanche, votre fleur.
Mon Roy, je crains pour notre cause, je crains pour le respect de nos principes. L’institution qu’est votre armée est déchirée. La colère gronde chez les soldats, colère qui est maintenu, mais qui pourrait ne s’estomper que dans un abandon total du port des couleurs, de vos couleurs. On cri que le la méritocratie est en faillite, on cri qu’on a abandonné l’espoir qu’on reconnaisse les efforts et le travail acharné.
On m’a demandé de calmer les colères et de rallier les troupes, mais j’ai grandes misères à m’imposer en autorité alors que je connais leur ardent désir de démissionner, désir que malgré moi, je partage car au nom du plus grand bien et du plus commun des principes, ceux qui s’évertuent au travaille acharné et se donnent corps et âme à la cause doivent observer que leurs efforts ne sont pas vains.
Mon Roy je vous pris de me lire, car avant d’user de cette audace de vous écrire directement, j’ai consulté les éminents esprits de notre religion, leur sagesse et leurs conseils. Le pilier même de notre armée est endommagé et il s’en faudrait de peu pour qu’il s’effondre, ils me l’ont confirmé. S’ils ne s’entendent pas sur ce qu’il faut en faire, j’en ai tiré une conclusion : il ne faut pas agir hâtivement mais avec la plus grande des prudences, car le jour où nous serons divisés, nous risquerons d’ouvrir la porte au à la douleur, au regret et aux peines, à la faiblesse du péché.
Grande Altesse Royale, permettez-moi de faire preuve d’un peu plus d’impertinence, et de vous faire une proposition. Le cœur de vos troupes saigne des larmes de tristesse, son moral est abattu, son corps est meurtri et sa tête n’arrive plus à penser. Apparaissez devant elles, partagez leurs larmes, rehaussez les espoirs, pansez ses plaies, ranimez ses esprits ! Haut les cœurs et les esprits, car pour votre Gloire et celle de toute la Hastanie, votre bras armé doit pointer son arme scintillante en direction de ses ennemis, et éviter de délaisser l’épée qu’elle a tenue tant d’années. Ne vous contentez pas de laisser les choses aller, s’il est un moment où intervenir, c’est maintenant, car vous êtes la raison pour nous de vivre, et nous nous donnerons corps et âmes pour votre cause, peu importe le moyen, peu importe sous quel nom.
Veuillez croire en notre dévouement le plus sincère, seule aspiration de notre armée,
Pour la Gloire de votre règne et l’éclat de toute la Hastanie,
Votre serviteur,
Viviane de Châtillon,
Capitaine de la garde de l’Aube