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 [BG] Les soeurs Del'Khym

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2 participants
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Mélandra Del'Khym
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Mélandra Del'Khym


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MessageSujet: [BG] Les soeurs Del'Khym   [BG] Les soeurs Del'Khym Icon_minitimeMer 22 Déc 2010, 9:12 pm

Le froid était glacial, la nuit sombre et silencieuse. Accroupie auprès d’un feu de camp qui semblait vouloir mourir sous les bourrasques du vent, une jeune femme d’environ 20 ans tentait de se réchauffer en frottant rapidement ses mains au-dessus des flammes. Ses longs cheveux bouclés d’un brun d’ébène étaient entremêlés et parsemés de paillettes de neige. Une fourrure d’ours lui entourait les épaules, la protégeant du temps qui semblait vouloir l’abattre dans ce lieu égaré. Son visage au teint basané dansait doucement par la lueur des flammes, une lueur de mélancolie pouvant se lire dans ses yeux couleur saphir qui parcouraient pensivement la forêt sombre qui l’entourait et le sol couvert d’une neige naissante. Plongée dans ses pensées, Mélandra sentit le contact chaud d’une tête familière se poser contre ses genoux et vint caresser d’une main la fourrure réconfortante du jeune loup blanc qu’elle avait réussi à apprivoiser il y avait de nombreuses années déjà, le pauvre s’étant égaré de sa meute. Elle ignorait ce qu’elle serait devenue sans lui, qui l’avait aidé dans le passé à survivre, à ramasser les proies de ces chasses et qui l’avait aidé à affronter la solitude qui l’avait habitée durant de nombreuses années.

Il lui arrivait souvent, les soirs de pleine lune, de replonger dans les plus lointains souvenirs de son passé, qui venaient encore hanter ses cauchemars. Ce soir-là, seule à la lueur du feu, elle tenta de se remémorer le visage souriant de sa mère qu’elle n’avait plus revu depuis déjà 5 longues années, une gitane fort convoitée de la part des hommes grâce à sa beauté légendaire et surtout, grâce à son charme d’artiste. En y repensant, elle réussissait même à se souvenir de sa voix mélodieuse lorsqu’elle se mettait à chanter… ou encore elle entendait de nouveau les acclamations de la foule rassemblée quand elle se mettait à danser sous les battements de tambour joués par son père. Elle repensa également à tous les autres gitans qui avaient formé sa «grande famille», c’est-à-dire la troupe qui l’avait vu naître et avec qui elle avait voyagé à travers le monde. Ils avaient toujours été une vingtaine de gitans, nomades, voyageant à travers les landes en installant des campements par-ci, par-là, non loin des villages afin d’aller divertir les villageois de leurs talents divers; le chant, la danse et les contes. Chaque adulte de la «troupe» possédait son propre talent, du talent d’artiste au talent de gestion de la monnaie, ou encore de la cuisine. Les enfants, quant à eux, avaient souvent réussi à faire partis des spectacles des plus grands, faisant rires ou charmants les spectateurs qui les observaient avec curiosité. Ils s’étaient toujours débrouillés, amassant de l’argent par le fruit de leurs efforts et pouvant ainsi subvenir à leurs propres besoins. Mais même s’ils n’étaient pas dans la misère, et qu’ils préféraient de loin la vie nomade et la nature à la vie des grandes citées, la troupe partait parfois à la chasse au trésor, passionnés par la trouvaille de vieilles cartes qui finissaient par leur indiquer l’emplacement de trésors anciens.

Un léger sourire naquit sur les lèvres rosées de Mélandra lorsqu’elle se souvint du jour où ils avaient trouvé un vieux coffre contenant… de vieilles bouteilles d’eau-de-vie vides et qu’elle se souvint du même fait de la réaction de déception de son père et des hommes de la troupe, qui avaient fini par s’esclaffer de cette situation absurde. Au souvenir de son père, elle revit à nouveau un homme fort, un homme courageux qui avait toujours été le leader du groupe, pas parce qu’il en avait décidé ainsi, mais parce que les autres membres voyaient en lui quelqu’un de confiance, quelqu’un possédant l’assurance nécessaire pour inciter le respect. D’ailleurs, il s’était toujours bien débrouiller dans le maniement des armes de jet, ce qui lui avait permis de défendre le groupe des dangers qu’ils avaient parfois rencontrés sur leur route.

Un long soupir s’échappa des lèvres de Mélandra, venant mourir en un long nuage de buée glaciale. Elle parcourut à nouveau la forêt sombre du regard, se sentant soudainement seule dans la forêt silencieuse parcouru des cris stridents des oiseaux nocturnes. Comme si les flammes dansantes du feu faisaient resurgir en elle des images de son passé, elle tenta d’imaginer le visage de ses proches autour du feu désert, comme s’ils étaient tous encore là. Ses parents lui manquaient… les gitans de la troupe lui manquait… sa sœur cadette lui manquait. Heureusement qu’elle avait retrouvé sa sœur aîné, Samarah, depuis déjà 1 an, mais l’absence de leur troisième sœur laissait toujours planer un grand vide dans leur coeur. Elle tenta de se remémorer tous les soirs où la troupe s’était arrêté dans des forêts ou des champs déserts pour monter leur campement, riant et festoyant autour d’un feu de camp beaucoup plus impressionnant que celui qui se trouvait à présent sous ses yeux. Elle se remémora aussi les soirées où elle avait passé son temps à faire les cents coups avec ses sœurs… ou encore des moments qu’elles avaient passé avec elles à se chicaner. Tous ces moments lui manquaient…

Sans le bagage de connaissances hérité par la troupe, jamais elle n’aurait pu survivre seule dans cette forêt, cette forêt où elle avait dû survivre durant presque 2 ans, seule, lorsqu’elle avait été âgé de seulement 16 ans. Heureusement, elle savait monter des campements, tuer des bêtes pour récolter des peaux afin de faire des fourrures et chasser afin de pouvoir se procurer de la nourriture. Certes, au début de cet exil, elle avait été bien loin de maîtriser le maniement de l’arc, mais tous ces mois qu’elle avait passé seule lui avait permis d’augmenter grandement son talent dans ce domaine et son sens de la débrouillardise. Mais même si elle se débrouillait plutôt bien, plus le temps avait passé et plus l’espoir de retrouver ceux à qui elle avait pensé chaque jour avait diminué, plus elle avait perdu l’énergie et la force de poursuivre sa route, dans l’espoir de retrouver une ville habitée, un village… quelqu’un pour l’aider.

Tout cela à cause de CE jour… ce jour qui hantait encore ses cauchemars et l’empêchait de dormir la nuit. Ce jour où la troupe était embarqué sur leur navire et partaient en destination de Kar, alors qu’elle était âgée de 16 ans, la brume les empêchant de voir à des lieux à la ronde. Elle se souvint du bruit strident des coups de canons et des mauvais joueurs qui avaient transpercé le brouillard pour venir fracasser leur navire, venant y mettre feu. L’image des personnes qu’elle aimait qui courraient de part et d’autre lui revint également à l’esprit, ces derniers essayant d’éteindre les flammes et essayaient de prendre fuite devant le navire pirate qui se rapprochait de plus en plus. Elle se souvint également avoir vu débarquer sur leur navire des Kheijan cagoulés, armes à la main, qui fouillaient leur navire pour dérober leurs trésors. Les cris effrayés des femmes étaient même encore familiers dans son esprit… ainsi que le bruit des corps qui plongeaient dans la mer afin de fuir la chaleur des flammes. Elle se souvint elle-même de sa chute brutale dans l’eau glacial et de la nage épuisante qu’elle avait effectuée afin de rejoindre le navire pirate, ayant réussi à s’accrocher à une corde pour grimper et se cacher dans la cale du navire ennemi: malheureusement, les autres membres de la troupe qui avaient essayé de rejoindre le navire pirate afin d’éviter la mer ne furent pas épargnés, leur sang s’étant bien vite écoulé de nouveau dans la mer noirâtre sous la main des Kheijan; elle avait eu de la chance. Elle se souvint s’être cachée derrière de gros barils de nourriture, sous une vieille couverture brune qui sentait l’humidité, son cœur ayant battu la chamade chaque fois qu’un homme avait descendu à la cale pour ramener des provisions sur le pont. Elle avait passé de nombreux jours ainsi, guettant à travers les fentes du bois un quelconque horizon afin de fuir ce lieu maudit qui risquait de lui prendre sa vie d’une minute à l’autre.

Mais un jour était arrivé où un Kheijan avait eu besoin du baril qui se trouvait au fond de la cale… et qu’il avait du même fait découvert l’adolescente de 16 ans qui était croupie dans le coin et qui lui avait bondit dessus en essayant de le marteler d’une dizaine de coups. Mais le malfrat avait été plus rapide : il avait dégainé son poignard et par réflexe, lui avait tailladé le ventre. Il l’avait ensuite amené sur le pont, l’ayant jeté par terre au pied des hommes qui ricanaient de cette découverte et semblaient même s’en réjouir. La jeune femme était d’une grande beauté pour une Hastane, et même si ces hommes préféraient de loin les femmes de leur race, il y avait bien longtemps qu’ils n’avaient pas profité de la présence désireuse du sexe féminin. Elle dû donc leur obéir durant les semaines qui suivirent en devenant leur esclave, devant accomplir de lourdes besognes, ne s’arrêtant le soir que pour s’endormir, trop épuisée pour continuer ses tâches. Il lui avait souvent passé à l’esprit de sauter à la mer afin de mettre un terme à cette vie absurde, afin de fuir ces hommes qui lui avait volé son âme, ses proches, ainsi que la vie qui l’avait toujours choyée. Elle avait aussi le goût de fuir, de mourir, pour aussi ne plus avoir à subir les viols auxquels elle devait se soumettre, n’ayant même plus l’énergie pour essayer de se battre, de se venger, de se protéger contre ses hommes qui hantaient ses plus pires cauchemars. Un beau jour, elle vit enfin apparaître au loin la terre, c’est-à-dire une immense forêt d’arbres verts. C’était le moment où jamais pour tenter le tout pour le tout, avant que les Kheijan n’arrivent à bon port. Elle se souvint avoir empoigné le couvercle d’un immense baril, qu’elle avait jeté à la mer avant de s’y être jetée elle-même, s’étant engouffrée dans les eaux froides en se cachant sous le couvercle jusqu’à temps qu’elle ait vu le navire s’être assez éloigné pour ne pas être aperçue. L’eau était froide et incommodante, mais elle avait préféré de loin affronter la mer que de continuer de vivre cette vie qui n’en était plus une… préférant même devoir affronter la mort s’il le fallait.

Elle avait réussi à rejoindre la rive après de nombreuses heures, épuisée, fatiguée, s’étant étendu de tout son long au bord de la forêt en tombant dans un profond sommeil. Le lendemain, elle avait réalisé qu’elle était enfin sauvée… qu’il y avait peut-être espoir de retrouver des survivants du naufrage, qu’il y avait peut-être espoir de trouver une ville proche. C’est cet espoir lui donna la force de poursuivre, de chasser, de se dérober des peaux qu’elle traînait difficilement à chaque jour pour établir des campements. C’est cet espoir qui l’avait maintenu en vie durant 13 lunes, avant qu’elle aperçoive enfin un village lointain, premier signe de civilisation après tous ce temps de solitude. Mais même malgré cette découverte, une grande méfiance restait bien logée dans son cœur meurtri, et il lui avait fallu plusieurs jours avant d’oser mettre les pieds dans les ruelles, surveillant de loin les êtres qui y vivaient afin de s’assurer qu’ils seraient de bonne foi. Heureusement, elle était tombée sur un village d’Hastane, et bien vite elle y rencontra des villageois aidants qui l’invitèrent à partager leurs repas et qui lui donnèrent des vêtements plus convenables. Heureusement, même si sa beauté avait été son pire ennemi contre les Kheijan, elle lui avait sauvé également la vie; les villageois qu’elle rencontrait, malgré son air sauvage et ses vêtements négligés, étaient bien vite touchés par sa beauté et la prenaient bien vite en pitié, essayant de venir à son aide.

La chaleur de l’Hastanie avait réussi à soulager plusieurs blessures de son âme, mais elle souffrait toujours de la perte des siens et commençait à croire que les espoirs de retrouver les siens étaient vains. Elle profitait donc de l’hospitalité des villageois, les quittant toutefois bien vite afin de ne pas se réattacher à autrui afin d’éviter de souffrir, et aussi pour retrouver la solitude auquelle elle s’était attachée au cours des deux dernières années. Elle était incapable de s’établir dans aucune famille, son âme de nomade la ramenant souvent dans les forêts qu’elle considérait comme son réel refuge, cette nature qui ne lui imposait aucune responsabilité, aucune attache, qui l’avait recueillie et l’avait vu grandir durant deux grandes années. Elle était d’ailleurs souvent lasse devant les conseils des villageois qui tentaient de lui apprendre des bonnes manières, ou qui essayait de la coiffer et de l’habiller comme une bonne dame des terres d’Hastanie. En effet, elle préférait de loin ses vêtements confortables et ses pantalons légers, qui lui permettaient de se déplacer aisément en forêt. Elle n’était pas de ces femmes qui passaient des heures devant le miroir, préférant rester au naturel, laissant sa longue cascade de cheveux bouclés reposer au long de son dos, la liberté dans le regard. Mais malgré ses mauvaises manies, elle avait hérité du don de l’écriture et de la parole, n’ayant pas perdu cette capacité malgré ses deux années passées en solitaire. Son langage fluide et ses mots bien posés réussissaient bien vite à charmer les auditoires et son écriture poétique avait toujours réussi à charmer les lecteurs.

Après de nombreuses lunes, elle avait même réussi à mettre les pieds dans Citria, craignant un peu les grandes foules après ses longues années passées en solitaire. Elle y avait fait la rencontre d’une femme extraordinaire : Euryale, une femme qui lui avait proposé un boulot afin de l’aider à survivre dans la citée. Le boulot avait été celui de palefrenier à l’écurie royale de Citria, et elle avait pu trouver dans ce travail une nouvelle passion, une nouvelle raison de vivre. D’ailleurs, les palefrenières de l’écurie étaient devenues comme sa nouvelle famille, et elle s’était bien vite rendue compte qu’elle était bien plus capable de se lier d’amitié avec des femmes que des hommes, n’ayant jamais pardonné aux malfrats ce qu’ils avaient infligés à son âme… à son corps, à sa dignité. Une grande méfiance habitait toujours dans son esprit, et il n’était pas rare de voir Mélandra avoir des crises de colère, ou agir sous l’élan de l’impulsivité, de la susceptibilité. Même si elle se cachait derrière une carapace et qu’elle était capable de retenir ses émotions, la jeune femme était beaucoup plus sensible qu’elle le laissait paraître. Et même si elle tentait de se protéger, elle s’attachait bien vite aux êtres qu’elle apprenait à apprécier, étant prêt à tout pour leur venir en aide. D’ailleurs, comme si tout ce qu’elle avait enduré dans le passé pour survivre avait enfin fini par la récompenser; elle avait enfin rencontré par pur hasard sa sœur Samarah dans les rues de Citria un beau jour d’été, alors qu’elle était âgée de 19 ans, étant depuis déjà 1 an palefrenière de la Citée. Elle se souvint de ce jour comme l’un des plus beaux de sa vie; elle se souvint également lui avoir sauté dans les bras, et de tous ces beaux mois qu’elle avait passé en sa présence. Elle se souvint également du voyage qu’elles avaient décidé d’entreprendre, ce voyage où elle avait quitté Citria durant de nombreuses lunes afin de parcourir les landes.

Hélas, quand elle était revenue en Citria, son poste de palefrenière avait été prise par quelqu’un d’autre, et Euryale avait quitté la Citée. Même si cette nouvelle fut un choc pour elle, elle avait toutefois réussie à oublier cette perte en occupant son temps libre avec sa sœur, développant de plus en plus ses talents dans le maniement de l’arc. L’envie d’exceller dans cet art devenait plus fort et elle était déterminée à apprendre à se défendre plus que quiconque afin de ne plus craindre le danger, afin de ne plus craindre les hommes. D’ailleurs, plus elle passait du temps avec sa sœur, plus les souvenirs de leur passé lui revenait en mémoire et plus elle avait le goût de reprendre l’aventure. Elle avait envi de reformer La troupe, une nouvelle troupe qui partirait à la découverte du monde et à la recherche de trésors. Une nouvelle troupe qui prolongerait la lignée des gitans et de ses ancêtres afin que jamais leur tradition ne soit oubliée, afin que toujours leur mémoire soit honoré. Et qui sait… peut-être que l’aventure leur permettrait-elle de retrouver leur sœur cadette ?

À cette pensée, un sourire déterminé prit naissance sur les lèvres de Mélandra, un nouveau rêve au cœur. Elle se leva doucement et éteignit le feu en y jetant la neige, se dirigeant d’un pas déterminé vers le village de Citria pour y rejoindre sa sœur aînée. Il n’y avait plus de temps à perdre.
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Samarah Del'Khym, Hastane
Errant
Samarah Del'Khym, Hastane


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MessageSujet: Samarah Del'Khym BG   [BG] Les soeurs Del'Khym Icon_minitimeDim 02 Jan 2011, 10:59 pm

Douce musique des vagues s’animait au bord de la plage. Le son des oiseaux marins résonnaient dans l’air tel une mélodie sans fin. Une jeune femme, allongée sur le sable, se réveillait tranquillement au mouvement des vagues qui venaient lui toucher les jambes d’une façon très douce et apaisante, comme si elles n’osaient pas la réveiller. Ses yeux étaient plissés par la clarté du jour qui essayait de percer contre l'immense brume qui rôdait dans les airs sans défense. Elle examinait les environs d’un air curieux mais méfiant, tandis que ses mains constatait le doux sable chaud dans lequel elle s’asseyait pour reprendre ses forces. Un soupir de fatigue s'évadait de ses lèvres encore salés par l'océan. En se levant, légèrement étourdie, elle entendait un bruit intriguant et se dirigeait vers cette curiosité qui venait de la piquer. En tassant une brindille d’un vieil arbre, un corbeau croassait et s’envolait aussitôt pour disparaître derrière les nuages et la brume qui s’éparpillait tout autour. La jeune femme se retournait vers les palmiers au loin et contemplait l’île silencieuse et douteuse où l’ombre se présentait partout. Le vent était minime et les vagues semblaient fatigués de danser. Aucun signe de vie à l’horizon, tout était néant et agaçant. Le temps lui paraissait très lent, pourtant, il défilait comme les grains d’un sablier. La jeune naufragée passait légèrement sa main contre son front et réalisait aussitôt une sanglante blessure qui semblait profonde. Plusieurs images lui revenaient à l'esprit et elle se rappela de tout, d'absolument tout.

Samarah était montée sur la vigie ce jour là, ce jour qui était maintenant gravée à jamais dans son cœur. Au lieu de faire son travail qui était convenue de surveiller les horizons, la fameuse gitane se contentait de rêvasser sur une carte qui menait tout droit à un des plus grands trésors enfouis sur une île douteuse et brumeuse, cachée sur les landes. Elle avait garder le nez sur cette carte pendant des heures et des heures. Et si elle avait su plutôt ce qui allait se produire ? Elle aurait vu l'ennemie avancer tout droit vers eux et les auraient tous sauvés d'une mort atroce. Qu'avait-elle fait ? La culpabilité et le regret l'envahit toute sa vie. Elle qui voulait toujours être prête à défendre les siens lors de quelconques dangers, celle-ci avait échouée la mission qu'elle s'était donnée et ne pouvait jamais se le pardonner. Toujours le regard fixé sur sa carte, elle n'avait jamais réaliser que l'ennemie était quasiment rendu sur le navire avec de mauvaises intentions. Il fallait que des cris de détresses se faufilent dans les airs pour réveiller la gitane endormie par ses rêveries. Elle remarquait alors une armée de Kheijans qui semblait prêt à tout pour s'emparer des trésors, auparavant capturés par l'équipage des gitans. Des flèches enflammés dansaient dans l'air pour atterrir sur le pont de leur merveille océanique. L'ennemi n'avait aucune pitié et tuait tout sur son passage. La panique totale à bord de l'Incontournable. Samarah coupait une corde qui pendait des voiles du navire pour redescendre rapidement sur le pont, la dague entre les dents d'un air complètement abasourdie de ce drame épouvantable. Elle n'hésitait aucunement à poignarder certains Kheijans qui étaient au travers de son chemin, la rage au cœur, tentant toutefois de chercher du regard ses sœurs. Plusieurs gitans sautèrent à la mer pour se protéger des flammes qui venaient absorber le navire. L'ennemie s'emparait de tous les trésors avant que les flammes détruisent ces merveilles en or et argentés. Lorsque Samarah descendait se cacher dans la cale aux trésors elle trouvait leur père, agenouillé, une flèche dans le dos, essayant de protéger quelque chose qui semblait être important. Son père fait signe à son aînée d'approcher et celle-ci obéissait sans hésitation, les yeux toutefois remplis d'eau. Il regardait sa fille, un dernier sourire apparaissait sur ses lèvres malgré la douleur et la faiblesse qui l'envahissait. Il lui fait promettre de garder cet objet précieusement, que l'endroit dissimulant le plus grand des trésors sur la carte qu'elle avait lu un peu plus tôt, était enchaînée et que seul cet objet était utile pour parvenir au trésor. La gitane l'avait mise au cou et regardait son père, les larmes coulant abondamment. Son père se laissait mourir sur le sol de son navire, les yeux fermés à tout jamais. La gitane l'embrassait sur le front en gémissant légèrement de tristesse et s'empressait par la suite à retourner sur le pont. La colère au cœur, elle se précipitait sur eux en tentant de les tuer avec sa dague alors qu'un Kheijan l'avait prise par derrière et lui descendait son arme de force. La gitane était entourée d'ennemies encapuchonnés Inquiète, ses yeux essayaient de chercher ses sœurs malgré tout mais ceux-ci ne les voyaient pas. À cause de ses débattements et de ses cris, l'un d'eux l'assommait sans pitié par le pommeau d'une épée et la gitane tombait, inconsciente, dans l'océan.

Revenant dans le présent en une fraction de seconde, elle remarquait que l'objet qui entourait auparavant son cou dénudé, n'était plus là, disparut. L'objet en question était une clef. Si son père le lui avait remit, c'était pour une bonne raison car il ne faisait jamais rien au hasard, tout était réfléchi. Les sourcils froncés, elle parcourait l'île brumeuse mais ne vit que le vent qui essayait de disperser la brume et les vague mais rien d'autres, aucune clef. Elle l'avait perdue. La faim commençait à gruger son estomac, quelques gémissements sortaient de sa bouche asséchée. La gitane s'asseyait sur le sable et regardait au loin d'un air analyseur. Plongée dans ses pensées les plus profondes, elle n'avait pas encore réaliser qu’elle était maintenant seule, dans l’obscurité d’une île inconnue. Elle s'accroupit sur le sable maintenant froid et tentait de se réchauffer avec ses mains frissonnantes. Où êtes-vous… ? murmurait-elle en regardant l'horizon obscur et froid.

Un bruit curieux et strident venaient abattre le silence de la plage et Samarah se réveillait de ses rêveries nocturnes. Il faisait noir et la gitane s'énervait de plus en plus. En se relevant brusquement, elle tentait malgré tout de s'approcher lentement de ce bruit étrange. Elle n'y voyait rien et la torche qui dormait dans sa besace était trop mouillée pour être allumé. Un pas après l'autre, elle s'avançait vers un rocher qui reposait au bord de la plage, auparavant déserte. Son cœur battait à tout rompre et lorsqu'elle s'avançait encore plus, elle sursautait. Surprise, elle voyait un dragonneau gémir de douleur derrière le rocher, son aile avait une flèche de coincée, ce qui expliquerait sa chute sur l'île. Elle tentait de s'approcher du dragon mal en point mais en vain. Il était si brusque qu'elle ne parvenait pas à s'avancer d'avantage. Il était apeuré autant qu'elle l'était. Tentant de le calmer en lui parlant doucement, la gitane se déchirait d'un coup sec quelques morceaux de tissus du chandail qu'elle portait. En lui touchant doucement, le dragonneau sortait un cri encore plus strident et celle-ci sursautait en reculant de quelques pas. Elle lui disait d'une voix un peu plus forte de se calmer, qu'il n'y avait rien à craindre et qu'elle voulait l'aider...

Le dragonneau la regardait un moment. Malgré sa peur, il pouvait lire dans les yeux de la gitane qu'elle ne lui voulait aucun mal. Il continuait de gémir mais lui laissait un peu de place en s'étendant complètement sur le sable frais. Samarah s'avançait sur lui, il n'était plus question de reculer. Elle ne pouvait laisser cette créature mourir sur place, il fallait qu'elle fasse quelque chose. Elle se jetait sur le dragonneau pour le maîtriser du mieux qu'elle le pouvait malgré sa grande taille écailleuse. Les dents serrés, elle prenait une grande respiration et retirait fermement la flèche qui empoisonnait l'aile du dragon. Celui-ci étouffait un énorme cri douloureux et, apeuré par le choc et la souffrance, s'enfuyait rapidement au travers d'un petit bois qui se tenait sur la plage, derrière la brume. Elle ne partait pas à sa recherche, le laissant se calmer seul de cette mésaventure. Demi-tour, elle revenait sur le bord de la plage et s'accroupissait légèrement pour nettoyer ses mains souillés de sang de dragon lorsqu'elle apercevait une bouteille contenant quelque chose à l'intérieur. Naturellement curieuse, celle-ci la cassait pour découvrir ce que cachait le contenant. À l'intérieur, une carte qu'elle empressait de dépliée. C'était une carte d'une île, apparemment celle ou la gitane reposait. Il n'y avait aucun indice de trésors ou quoique ce soit sur cette île, simplement l'île décrite en dessin. Sûrement des marins ou pêcheurs passants qui désiraient visiter cette île pour le poisson qui débordait ou qui sait ? Peut-être pour profiter d'un séjour tranquille au bord d'une plage ? Se disait la jeune femme. À cause de la brume, l'île paraissait petite mais bien au contraire, elle était si grande qu'on pouvait y installer une cité complète. Comme elle n'y voyait pas grand chose, elle pouvait remercier la pleine lune qui la regardait de haut et les étoiles qui semblaient vouloir l'aider. Cependant, elle décidait de rester sur la plage et de se reposer avant de partir à la découverte de l'île aux brumes.

Pendant une longue et terrible année, c'était ainsi. La pêche était devenue son meilleur atout ainsi que la chasse. Elle avait apprit beaucoup durant cette année seule sur cette île. Comme il n' y avait que l'océan qui entourait ce morceau de terre, la nage ne lui avait jamais traversée l'esprit puisqu'il n'y avait rien à des kilomètres à la ronde et qu'elle finirait par se noyer avant même que le soleil se couche. N'ayant pas vu un être humain depuis une année, Samarah devenait sauvage. Un jour, un navire de pirates accostait sur l'île, sans doute à la recherche de trésors. Ils s'approchaient d'un passage étroit. Comme la gitane s'était servit de piège pour attirer les petits animaux, elle était placée dans l'arbre, regardant l'équipage de pirates, aussi silencieuse que le vent qui semblait être endormi. Lorsqu'un des pirates mettait le pied dans un lien rempli de cordage, celui-ci se retrouvait en une fraction de seconde, les pieds par dessus la tête. Aussitôt, la gitane sautait de l'arbre pour atterrir sur ses pieds afin de provoquer la bagarre. Avec sa dague et ses coups de pieds, elle s'en prenait à quelques pirates avant que le Capitaine de l'équipage, la prenait solidement par derrière. Il était très grand et portait un énorme chapeau le représentant en tant que leader du groupe. Barbu et pouilleux, il semblait terrifiant aux yeux de la gitane qui semblait regretter ses faits et gestes. Cependant, aussi têtue qu'elle l'était, elle tentait de se débattre de l'emprise de l'homme. Celui-ci la laissait faire et la fixait de son regard noir. À leurs yeux, c'était la plus belle femme qu'ils avaient croiser depuis toutes ces années de voyages et de chasses. Ils semblaient si envoûtées par la femme, qu'ils n'osaient pas lui faire de mal. Comme Samarah était réputée pour attirer les hommes avec son charisme légendaire, elle n'aurait jamais penser envoûter des pirates. Et bien qu'elle était d'une grande beauté, pour elle, c'était la dernière chose qui comptait. Elle n'avait qu'une envie en tête, sortir de cette île au plus vite et non de jouer les séductrice. Les pirates lui donnait de la nourriture qu'ils avaient sur leur navire et de l'eau afin d'étancher sa vilaine soif. Ils allumaient un feu, au bord de la mer et semblaient vouloir festoyer. Comme la gitane n'avait pas vu quelqu'un depuis une année entière, elle ne savait que dire et les observait avec méfiance et prudence. C'était des pirates, des ennemies, comme le disait son père. Et jamais elle ne leur faisait confiance. Lorsqu'elle s'approchait doucement pour tenter de se réchauffer vers le feu, la gitane remarquait alors qu'un des pirates portait une clef autour du cou, la même clef que son père lui avait donné. Une nuit, lorsque les hommes ronflaient et rêvaient à des femmes nues ou à des conquêtes trésorières, la jeune motivée montait sur le pont du navire pirate et s'approchait de l'homme en question, aussi doucement que possible. Elle tendait tranquillement une main vers le cou de l'homme, tentant de prendre la clef. Celui-ci grognait en rêvant, faisant sursauter la gitane. Elle continuait son boulot avec le plus de discrétion possible.

Attrapant la clef autour du cou de l'homme, elle s'empressait de courir hors du navire, espérant ne pas avoir été remarquée. Mais elle se trompait. Un pirate l'avait vu courir vers le bois et la suivait derrière, comme si c'était sa proie. Passant au travers le bois nocturne, il ne la quittait jamais des yeux et lorsque Samarah s'arrêtait pour reprendre son souffle, celui-ci lui sautait dessus. Il commençait à l'a maîtriser contre le sol et lui demandait ce qu'elle faisait sur le navire. Celle-ci avait cachée la clef dans sous son chandail, dans son soutien-gorge et tentait de cacher sa poitrine avec ses deux mains. Le pirate lui montait les bras au dessus de la tête contre son gré. Par dessus la jeune captive, elle comprenait alors que la clef n'importait pas pour l'homme... qu'il voulait autre chose de Samarah. En effet, pendant qu'il essayait de la violer durement, elle continuait de se débattre mais en vain. L'homme était si fort qu'elle ne pouvait rien faire pour se sortir de son emprise. Lorsqu'elle tentait de crier, il la giflait fortement et lui mettait ses mains sur sa bouche. La peur venait envahir la gitane, l'affaiblissant de plus en plus. L'homme commençait à s'amuser avec le corps de la belle et descendait brusquement les culottes de celle-ci, tentant de la pénétrer. Elle ne pouvait plus se défendre, c'était trop tard. Malgré sa résistance et son désaccord, il n'arrêtait pas de lui faire mal, complètement charmée par la beauté féminine de Samarah qui elle, était dans tous ses états. Au moment ou le pirate était sur le point d'enfoncer son engin dégoûtant, un énorme grognement survolait la forêt nocturne. Des battements d'ailes étaient si fort que le vent se mettait à participer à la scène. Le pirate se retournait complètement surpris du bruit et il sursautait en apercevant un immense dragon crachant de la glace en sa direction. Il avait l'air si terrifiant que la gitane allait se cacher derrière un arbre, observant la scène avec ses yeux apeurés mais curieux. Le dragon s'attaquait au pirate sans aucune pitié, lui donnant des coups de griffes et des grognements intenses. Les sourcils froncés de colère, le dragon le traînait dans tous les coins de la forêt, sans aucune pitié. Il lui envoyait un coup de patte entre les deux jambes de l'homme, épuisé par la souffrance, lorsque la gitane remarquait l'aile quelque peu abîmée du dragon qui semblait voler en boitant légèrement de la gauche. Elle réalisait alors que c'était le jeune dragon qu'elle avait sauvée en lui arrachant la flèche de son aile. Elle n'arrivait pas à le croire mais le dragon semblait l'a défendre. Le respect était quelque chose des plus important chez les dragons et Samarah semblait avoir gagner le sien. Comme elle lui avait sauvée la vie, il lui en était redevable. Une torche allumée apparaissait au loin et l'équipage des pirates, réveillés par les bruits énormes du dragon, se précipitaient sur lui, les lances en main. Samarah lâchait un cri en direction du dragon, tentant de lui montrer le danger qui s'avançait vers lui. Il lançait plusieurs pique de glace en leur direction puis s'envolait vers Samarah non loin de lui pour l'inviter à monter sur son dos. Hésitante un moment, elle regardait l'île une dernière fois. L'ennemie avançait rapidement, la colère au ventre. La gitane sautait rapidement sur le dos du dragon de glace et celui-ci s'envolait dans les airs, derrière la brume, laissant derrière, les pirates insatisfaits de n'avoir pu combattre.

Le voyage à dos de dragon avait rendu Samarah complètement à l'aise. Pendant le vol, ils partageaient un beau lien d'amitié et s'échangeaient quelques caresses. Après des heures de vols, lorsque le soleil semblait fatigué de dormir, il la déposait doucement sur la terre, s'assurant que l'endroit était sécuritaire. Il passait un long moment ensemble, regardant le lever du soleil. Ils ne savaient pas qu'ils s'attacheraient aussi vite l'un à l'autre. Malheureusement, elle ne pouvait continuer avec lui, c'était dangereux pour tous les deux. Elle le lui faisait comprendre doucement, toutefois les yeux remplis d'eau. Celui-ci comprenait parfaitement mais abaissait tristement la tête en signe de soumission envers la gitane. Les adieux étaient si difficiles que Samarah lui promettait de revenir souvent le voir ici. Après qu'elle lui caressait le cou d'une manière douce et rassurante, le dragon s'envolait malgré lui et partait au dessus des nuages. Un silence venait s'abattre dans le cœur de la jeune femme attristée, contemplant les cieux pendant un moment. Après quelque temps, elle se retournait en direction d'une Cité non loin, ou semblait y avoir plusieurs habitants. Elle mit la main sur sa poitrine, vérifiant que la clef était toujours là et l'a mettait aussitôt au cou pour ne jamais l'a perdre. La besace sur l'épaule et la confiance au cœur, elle avançait en direction de cette fameuse Cité encore inconnue. À l'entrée elle pu lire : Bienvenue à Citria.

Pendant quelques années, la jeune femme s'était dénichée un boulot d'amuseur public dans les rues de Citria et dans les tavernes du coin. Elle mettait en pratique son talent le plus convoitée des hommes, la danse. En harmonie avec la musique qu'elle jouait, ses hanches suivirent le rythme avec entrain et ajouta la danse du ventre, mettant du piquant au spectacle qu'elle faisait avec passion. Elle se ramassait quelques couronnes en dansant et en jouant de la musique et un jour, elle pouvait s'établir au Sud-Ouest de Citria, au bord d'une plage afin d'être plus près de son dragon mais aussi de l'océan. Une nuit autour d'un petit feu, dans son campement, au bord de l'eau, la gitane se mettait à penser à ses sœurs. Elle ne voulait pas se nourrir d'espoir, de peur de se tromper. Cela lui faisait mal de supposée qu'elles étaient vivantes car selon elle, Mélandra et Maryanna n'avaient pas eue de chance, bien qu'elle aurait aimé s'en convaincre. Comme tout était de sa faute, elle s'accusait pendant toutes ses années. Dans son cœur, il n'y avait que culpabilité. Une larme coulait sur sa joue et venait se reposer sur la clef qui pendait du cou de la gitane.

C'est alors qu'elle mettait ses cauchemars de côté et pensait à son père. Il aurait voulu qu'elle trouve ce trésor, pensait la jeune femme. Peut-être que quelqu'un l'avait déjà trouvée après toutes ses années ? Et si ce n'était pas le cas, si ce trésor n'était pas seulement un trésor mais quelque chose d'encore plus gros ? Pourquoi son père avait-il si bien protéger cette clef toute sa vie ? Il y avait peut-être bien plus qu'un trésor dans ce coffre... peut-être qu'un grand secret y reposait ? La gitane se relevait subitement, mettait quelques provisions dans son sac et partait vers le port de Citria, en quête d'un équipage à la hauteur de ses attentes. Son père n'avait peut-être pas réussit à trouver le trésor mais Samarah y arriverait... elle en était convaincue.

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