Résumé d'un quotidien. Pour faire un rapide portrait sur les habitudes d'une tête d'affiche de Citria, et mettre en lumière son ordre du jour quotidien.
Un bâillement au coin des lèvres. Elle ouvre un oeil, difficilement, puis deux, non sans une moue. Son bras s'étire, à l'aveugle, à sa dextre, et tapote son compagnon pour la nuit. Parfois c'est une dose d'opium, ou encore quelques gouttes de morte-vive. D'autres fois, c'est sa peluche de chien. Plus rarement qu'avant, c'est parfois un Hastane, ou du moins un humanoïde. Ce n'est pas souvent le même. Elle ne le connaît pas toujours. Parfois c'est Aldrick, en sa qualité de père, parfois c'est Hok'ee, en sa qualité de loup, et parfois c'est quelques mâles prostitués, monnaie rare mais monnaie présente, qui s'offrent un congé de boulot à passer une nuit entière à dormir à la dextre de la jeune d'Aragon. Quoi de mieux qu'être payé temps double pour une nuit de repos sans soucis avec rien d'autres que ses rêves et ses ronflements ? Quelle philanthrope.
Elle tapote un brin son compagnon, connu ou pas, donc, pour l'éveiller. Elle observe ce dernier s'extirper du sommeil, l'inspecter avec une réaction qui diffère d'une personne à l'autre, puis le matin suit son cours. Lui, quel qu'il soit, file pour faire ses propres affaires. S'il est un proche de l'adolescente, il reste probablement à déjeuner, voir même toute la journée. Qui sait. À tout le moins, c'est le matin. Elle s'extirpe des draps, s'étire tout largement et se niche dans un coin de la maisonnée pour changer son pyjama pour des vêtements plus adéquat. N'en faut pas plus pour qu'elle ne note la faim qui la tenaille, et c'est l'extérieur qui accueille l'adolescente matinale.
Elle descend les escaliers d'un pas un peu mou, un rien mou, et traverse le terrain pour rejoindre la porte de l'étage inférieur. Elle cogne deux ou trois coups à la porte, rien que pour le principe, et l'ouvre sans plus attendre. Elle s'étire encore un peu, passe probablement la main sur le crâne des jeunes enfants qui viennent ou pas à sa rencontre, et se tire un siège à leur dextre. Le déjeuné à porté de main, elle l'engouffre en compagnie de ses jeunes colocataires, et de sa moins jeune colocataire, humble responsable du festin matinal. Une fois engloutie, elle s'attarde. Peut-être est-ce la vie de famille qui l'intéresse autant, un semblant de portrait normal que lui offre ses colocataires, mais elle prend le temps d'embêter les deux petits avant de filer à Citria.
Ou à peu près. Quelque chose l'attends, avant. Elle se démène en chemin avec un uniforme bleuté, qu'elle enfile par-dessus les étoffes choisis pour la journée. Tiraillant un rien le tissus désormais enfilé de l'Armée Blanche, elle se présente, bâillement aux lèvres et yeux encore un rien cerné, devant Azakiel Sarion. Sitôt un salut militaire vaguement effectué, tout pour extirper un sourire du minois du Maréchal, elle voûte ses épaules avec plus de confort et s'exclame :
- Prête ! - Alors en route, rédemptrice d'Aragon ! qu'il lance, parmi d'autres synonymes de phrases.
Ils emboîtent le pas, enfourchent leur monture respective et se propulsent sur le territoire. Une ronde matinale, à jaser de ci et de ça. Une ronde qui se termine devant la Cathédrale d'Adaelle, où leurs pieds regagnent le sol. Chevaux attachés et prudemment sous gardes des paladins présents, ils s'avancent au sein de la Cathédrale, jusqu'à se poser à sa salle de cérémonie. Un coup d'oeil pour son supérieur, Élyane l'observe, un sourire amusé au bout des lèvres.
- Vous savez que ça ne sert à rien de prier, hin? Les entités n'entendent pas nos prières, elles sont influencés par ce qu'on fait, par nos actes. Il y a qu'Odéon qui les entend, les prières. Il les entends encore, de la prison divine d'où il est retenu par Kaija ? Je me demande, je suppose que c'est une question sans réponse. En tout cas, je ne prierai aucune entité, moi, je vous avertis. Je n'ai pas de temps à perdre, encore moins en prières qui ne seront jamais entendus. Je prie peut-être Odéon, mais je met un point d'honneur à faire mon aide tout seul. Si tout le monde prie et personne n'agit, l'Hastanie deviendra lâche, paresseuse et complaisante.
Un débat qui s'en suit, sans particulière convictions. Ils s'échangent peut-être trois phrases avant d'hausser les épaules simultanément. L'heure n'est pas aux discussions, de toute façon. Ils ont forts à faire dans leur journée, et ce n'est là que le pieu départ d'une jeune rédemptrice et de son mentor. La prière coule et s'écoule, et ils se relèvent pour regagner la sortie, la plus jeune qui s'étirait encore un peu, l'échine et les bras, et se frottant la nuque avec cette étrange manie qui l'avait saisie depuis un moment.
Ils se quittent possiblement là, devant la cathédrale ou la ville, s'ils n'ont pas affaire à l'un ou à l'autre immédiatement. Élyane, quant à elle, a une autre destination quotidienne en tête. Un boulot qu'elle assure depuis 5 ou 6ans. Traversant la ville de part en part, elle s'échoue sur les rives de l'Orphelinat de Citria, gérée là par le Clergé, où, que ce fut ou pas oublié, elle assure des fonctions de surveillante depuis autant d'année qu'elle a eu son verdict. Accueillie comme grand-frère ou grande-soeur jadis, les avis au sein de l'orphelinat sont désormais partagés. Fort heureux, elle compte toujours sur l'appuie indéniable des anciens Orphelins des Cents-Pointes, dont les plus jeunes sont encore, et dont les plus vieux, parfois, passent dire un bonjour. Si les opinions sont variés au sein de l'Orphelinat, n'en reste pas moins que les enfants sont des enfants, et ont souvent plus d'attrait au jeux et à l'apprentissage qu'aux ragots et autres politiques.
C'est seulement en fin d'avant-midi qu'elle quitte les établissements cléricaux qu'elle s'avance dans le cours imprévisible et incertain de sa journée. Le quotidien est terminé, seule la journée dira ce qui la terminera. Complots politiques à son égard, dure journée au titre de rédempteur, voyages dangereux au sein de contrées lointaines, chasses aux trésors à la dextre de son beau-père, prise de tête avec l'un ou avec l'autre, nouvelles rencontres et fuite de certaines autres rencontre... À tout le moins, elle la terminera à la dextre d'un énième moyen masculin pour passer une nuit sans soucis, et sans cet horrible sentiment de solitude. N'en pensez rien de mauvaise façon, n'en est que jeux de sociétés, dés, discussions banales sur tout et rien, parfois sur rien et tout, et cette façon indissociable d'avoir envie de terminer sa journée à rire, sourire sans s'embêter. Blottie dans les bras de son compagnon connu ou de sa peluche de chien en compagnie de son inconnu, elle fait face à une longue nuit de rêves et de draps séparés.
Suite a quoi, elle entame sa deuxième journée, dans la toute difficile lutte contre... quelque chose de différent chaque jour, probablement.
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