Syal Edar
Syal Edar était, autrefois, un petit garçon bien simple, bien instruit, toujours prêt à rendre un service à qui le demandait. Élevé d’un père soldat et d’une mère éleveuse, Syal vivait une vie paisible, ayant été poussé à croire toute ces choses et ces valeurs que le clergé voulait que les citoyens prônent. Le respect, la loyauté, la continuité des traditions, il respectait chaque valeurs qu’il devait respecter, en tant que futur paysan de la cité. Son père ne cessait de lui rappeler la chance qu’ils avaient d’être Hastanes, de pouvoir défendre les valeurs que le peuple défendait et, surtout, d’avoir dans leur sang ces valeurs, d’avoir ces racines si nobles, si honnêtes. Il disait toujours à Syal que la seule chose qui comptait, c’était la cité et le peuple, peu importe si la personne qui les défendait devait y laisser sa vie. Syal grandit donc avec, en tête, l’idée qu’une seule vie pouvait en sauver plusieurs, des centaines, des milliers, des millions. Il s’entraîna durant de longs mois avec son père au combat à l’épée, devenant meilleur jour après jour, mais rien ne faisait, il ne pouvait jamais égaler ses amis ou encore les autres jeunes enfants aux aspirations chevalière du village. Désespéré, il s’initia donc à la magie, commençant par aller à l’église pour y accomplir des tâches diverses durant quelques mois, jusqu’à ce qu’il décide qu’il avait été imprégné des valeurs religieuses.
Ensuite, il commença son véritable entraînement, qui dura durant quelques années. Il se levait, chaque jour, avant l’astre de feu pour aller dans les champs afin de canaliser ses énergies arcaniques. Cinq ans passèrent avant qu’il ne réussisse à faire voir une flammèche sortir de ses paumes. Ce souvenir resta gravé dans sa mémoire, mais la suite eue un impact encore plus grand sur sa vie. Il accourut jusque chez lui afin de montrer à son père ses progrès. Son père le regarda, les yeux vide d’émotion, mis à part une ombre de déception. Il frotta la tête de son fils avec un sourire forcé, qui montrait toute la peine qu’il avait de voir son fils se lever pour pratiquer un art qu’il n’avait jamais même osé pratiquer. Suite à ces mouvements forcés, il retourna à l’entraînement, ne disant pas un mot à son fils. Syal retourna dans les champs et se mit, depuis cet instant, à pratiquer jusqu’à ce que la lune soit au-dessus de lui, au milieu du ciel. Il le regardait, si grande, si ronde, si blanche. Il espérait que son âme deviendrait aussi blanche que l’astre nocturne.
Puis vint ce jour. Le jour qui donna le sens qu’à maintenant la vie de Syal. En ouvrant les yeux, à son réveil, Syal su aussitôt que ce jour était un jour différent des autres. Il entendait les pleurs de sa mère, à la pièce adjacente à sa chambre. Il se positionna de façon à ce qu’il soit assis sur son lit, posant un regard vers l’extérieur de la maison. Le soleil dormait encore paresseusement, mais laissait voir son arrivée par l’intermédiaire de ses rayons. Il se leva, s’habillant, comme chaque matin, d’un vieux chandail et de pantalons abîmés. Il sortit de sa chambre, voyant sa mère pleurer, accoudée sur la table de la cuisine, ses mains recouvrant son visage en larmes. Il regarda vers la fenêtre où il vit son père, le regard perdu dans les champs qui laissait voir quelques légumes tentant de montrer leurs couleurs au grand jour. Il était habillé de son armure militaire. Un plastron de métal où une entaille demeurait sur ses côtes. Le père de Syal prenait toujours le soin de préciser au forgeron de ne jamais réparer cette entaille. Cette entaille était la seule fois où Syal avait réussi à atteindre son père, pénétrant sa défense. Ses pantalons de cuir où étaient attachés, aux genoux et au tibia, des plaques de métal, était bien nouées, se laissant caresser par l’épée qu’elles avaient toujours côtoyées. Des cliquetis d’armures se firent entendre lorsqu’il se retourna pour fixer Syal. Il s’avança vers son fils, le prenant par chaque épaule, souriant brièvement pour ensuite la prendre dans ses bras pendant un long moment. Syal ne bougea pas, figé dans le temps par cette affection qu’il n’avait plus eu depuis près de 5 ans. Son père cessa son étreinte peu à peu, essuyant la larme qui perlait à son œil. Il tourna ensuite les talons, s’arrêtant devant la porte, s’arrêtant devant elle avant de s’adresser à son fils.
-Sois fier de ton peuple, défend le, peu importe le coût et ne laisse personne manquer de respect au nom de notre famille.
Un long silence s’en suivit, Syal hochant la tête, ne sachant pas si son père comprenait sa réponse, mais continuant de hocher, semblant soudainement lunatique. Son père ouvrit la porte et partit. Il regarda sa mère d’un air déboussolé et accouru à l’extérieur où se tenait des cavaliers portant fièrement l’étendard des Hastanes. Il les regarda partir, ne sachant que dire, que faire. Si seulement il avait pu le retenir…
Les jours qui suivirent furent des jours où Syal chercha à reprendre une certaine orientation. Selon les dires du village, son père était parti pour combattre les hordes incessantes de Gorlaks qui ne cessaient de s’approcher du village. La troupe ne revint qu’après plusieurs semaines, portant plusieurs cadavres d’Hastanes qui avait défendu leur peuple avec leur vie. Il chercha avec espoir son père dans les rangs de soldats en vie. Lorsque les soldats restant finirent de défiler, Syal n’avait toujours pas vu son père. Il retourna chez lui, enragé, non pas contre son père pour les avoir abandonnés, mais bien contre lui de ne pas l’avoir retenu. Il alla dans les champs, canalisant non pas ses forces arcanique, mais plutôt la rage qu’il avait en lui. Ce qui s’en suivit reste encore flou pour lui. Il se réveilla dans un cercle de terre brûlé qui avait près de 50 mètres de diamètre. Durant les jours suivants, aucun soldat ne vint à sa demeure familiale afin de rapporter le corps de son père. Il ne revit plus jamais son père, en vie ou mort. C’était comme s’il avait disparu. Sa mère, maintenant sans mari, perdit le goût de la vie et demeura chez elle, voulant disparaître des mémoires comme l’avait fait son mari.
Syal, lui, ne prit pas ce chemin. Il reprit son entraînement, mais maintenant avec plus d’ardeur, tentant de reproduire ce qu’il avait réussi à faire auparavant, le jour où il avait cru son père mort. Mais jamais il ne réussit, réussissant parfois à créer une petite boule de feu, sans plus. Il apprit donc que la rage qu’il canalisait amplifiait ses pouvoirs arcanique, mais jamais il ne réussit à retrouver cette rage, cette puissance.
Le seul souvenir que Syal garde de son père sont les dernières paroles qu’il lui ait dites. Il défendra son peuple et le nom de sa famille comme son père l’a fait : Au coût de sa vie s’il le faut. Ce petit garçon serviable et si simple est ainsi devenu Syal, vengeur de sa famille et défenseur des Hastanes.