Procès à l'encontre du Chevalier D'Argon

Il suivait certes l'événement avec un intérêt très particulier. Il savait que Séphora était un homme des plus honorables, dévoué à son peuple, mais qui ne pliait pas l'échine aisement. Il était aussi orgueilleux que consacré à Citria, et il devait très certainement avoir préparé un plan d'attaque infaillible, Nataniel en était sûr.

Il allait bien évidemment être présent, avec le désir de pouvoir supporter son mentor au travers de cette épreuve et dans l'espoir de le voir garder son titre mille fois mérité.

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-Je destitue donc Séphora d’Argon de ses fonctions de Chevalier de la Couronne.

Ces mots résonnaient, encore et encore, dans la tête d’un jeune Écuyer qui voyait non seulement en Séphora un maître, mais bien un père, un frère et un ami. Ce même Chevalier, car il en était un plus que quiconque vivant sur Teilia, qui avait su taire les folles impulsions enragées du paternel Edar. Celui-là même qui avait empêché Nataniel de sombrer dans le sinistre chemin de son père. Ce Séphora, qui avait érigé, lui-même, par le biais de projets et d’or, un bastion qui se serait consacré à l’apprentissage Chevaleresque. Établissement qui, maintenant, n’avait plus de sens sans un mentor expérimenté à ses commandes. Même si une autre personne, un autre Chevalier, irait prendre possession de cette Académie, il n’en demeurait pas moins que peu de gens s’y inscrirait, car c’était pour avoir les enseignements d’un homme qui avait su défendre l’Hastanie par son bras, par son sang et par sa volonté, que la plupart des aspirants Cavaliers voulaient s’y souscrire.

Il tenta alors de faire changer le Roi d’avis, se joignant à la populace qui s’était centré au centre, face au Monarque et à ses serviteurs, tous vêtus des habits de l’Armée de l’Aube, se tenant droits, prêts à terasser quiconque s’approchait de Cédrick de Montblanc.

Ses paroles furent vaines, il entendit, suite à ses propos, un ordre des plus tranchant, d’une voix qu’il connaissait bien, mais sur un ton que jamais il n’aurait cru cette gorge capable, du moins, à son égard.

-Taisez vous !

Cassidy Leavittias avait parlé, d’un ton sec, armé et habillé d’une armure aux mille reflets. Le Maréchal, qui était l’un des grands amis de Séphora, lui-même Chevalier de la Couronne, n’aidait pas son comparse, mais il venait même couper la parole à celui qui tentait d’aider avec acharnement son maître. Il vit alors, en regardant tous ces gens attroupés, que Cassidy n’était pas le seul à défendre le Roi tout en étant un proche de Séphora. C’était donc ça, que d’être de l’Armée de l’Aube ? D’oublier la solidarité, pour ne pas trahir son statut militaire ? C’était un choix judicieux de la part du jeune Edar que de ne pas s’être enrôlé dans cette Institution.

La suite, ne fut qu’une tempête dans la tête d’un Écuyer aussi déstabilisé que celui qui venait de perdre un titre qu’il avait ardemment acquis. Les gens furent évacués rapidement par des Rédempteurs qui s’avançaient, vers eux, armés. Si une guerre civile aurait été dans les songes du Chevalier et de l’Écuyer, ils seraient pour la plupart tous morts dès cet instant. Mais le fait de quitter silencieusement l’endroit ne fut pas une preuve suffisante pour montrer les intentions pacifiques des Hastanes.

Les heures passèrent et le jeune Edar voyait son mentor dans un bien piteux état, tout comme le peuple entier, qui laissait à nouveau voir quelques fragmentations dans le peuple, montrant deux clans qui se dessinaient, peu à peu. Bien évidemment, il n’était le souhait de personne qu’une guerre civile refrappe la Sainte, d’un coté comme de l’autre. Mais si tel événement devait survenir à nouveau, Nataniel serait la deuxième génération des Edar à supporter aveuglement un homme qui avait tout fait pour l’Hastanie, sans en être récompensé dignement.