A Jésabel...

Très chère Dame,

J'ose encore, le front rouge de honte, vous écrire aujourd'hui. C'est comme si je comparaissais à votre noble visage, affligée de toutes les accusations. Combien de saisons ont passé depuis le deuil, les départs, les arrivées ? Il n'est pas un seul jour sans que le souvenir de ma famille, celle qui est partie et celle qui reste, occupe mon petit coeur.

Ne soyez pas trop dure envers mon absence et mon silence, alors que peut-être vous aviez le plus besoin de moi, pour mes frères, mes soeurs. J'ai manqué à un devoir, usant de cruauté en me dérobant facilement, atteinte par la souffrance.

L'espoir pourtant a pris ma main et guide cette plume. L'encre que je verse pour m'adresser à vous, fait que vous êtes comme une grande soeur pour moi, n'est-ce pas ?
Je ne pourrais vous dire où je suis, mais la lumière et les ténèbres ne semblent pas s'y combattre. De la noirceur de la nuit naît la clarté de la Lune. Regardez, belle Dame, en haut : Voyez-vous seulement la Lune ? Ou seulement la Nuit ? Les deux.


Bientôt, je rentrerai à Citria, et je me soumettrai à tout.
Qu'à jamais notre Seigneur-Père Odéon étende sa main sur votre pure personne, la préservant des maux qui voudront toucher à son intégrité.


Votre dévouée Léonore.