Le pli avait été posé sur le lit de Jésabel.
L'écriture était appliquée.
Ma belle et douce Tante,
Je sais que lorsque vous lirez ce message, vous serez certainement tout juste revenue de voyage et que vous préférerez vous reposer plutôt que de vous inquiéter du conseil que je vais vous demander, et qui peut attendre que le sommeil vous ait fait bénéfice.
N'hésitez donc pas à chercher quiétude avant de lire les lignes qui suivront.
Si je vous écris ce pli, c'est à propos de mon avenir. Vous avez deviné, je ne me le cache plus, que les arts martiaux m'attiraient bien plus que la couture ou l'écriture... Oh, ces derniers ne me déplaisent pas ! Mais je veux faire de mon avenir quelque chose qui me permette de vous défendre, âme et corps, vous, ma seule famille.
Je requiers avant toute chose votre accord pour me lancer dans cette voie qui, je pense, était celle de mon père et la mienne. Mais je crains tant que vous la désapprouviez que j'ai pris bien du temps avant de me décider à vous en parler.
Je le fais aujourd'hui sur du vélin, et j'espère que vous pardonnerez une lâcheté qui sera la dernière. Je m'y efforce.
Vous imaginez également que pour une jeune fille de mon nom et de mon rang, il serait de bien peu d'ambition que d'entreprendre la voie de l'armée. J'y ai également beaucoup réfléchi. Aussi, après en avoir parlé avec mon aînée Léonore, cette dernière m'a recommandé d'œuvrer comme l'écuyère d'un Chevalier auprès de qui j'aurais toute l'éducation et les vertus nécessaires à mon apprentissage. Ce dont l'Armée ne saurait me pourvoir. Toujours selon ses mots. Ou presque, mais du moins était-ce ce qu'elle sous-entendait, je l'ai bien compris. Et je crois qu'elle a raison. Ce chemin de la chevalerie est sûrement la meilleure des choses pour faire gloire au nom de mon Père et à celui de ma Mère. D'ailleurs, n'était-il pas lui-même Chevalier de la Couronne ? Marcher sur ses traces ferait de moi la plus fière des Hastanes.
Alors, ma Tante, que penseriez-vous si je quémandais la place d'une apprentie auprès d'un Chevalier ? Et auriez-vous un nom à me conseiller ? Léonore m'a déjà dit grand bien de l'un d'entre eux, mais je préfère ne pas vous en dire plus pour ne pas influencer votre opinion, qui m'est très chère.
Je ne saurais avancer sans votre consentement et vous remercie grandement des conseils que vous saurez me dispensez. J'espère que cette lettre ne troublera pas votre sommeil, ma Tante, et sachez que je respecterai votre décision et ferai comme bon vous semble. Je n'oublie pas que je vous suis dévouée.
J'attends une réponse écrite ou orale de votre part si vous aviez le temps nécessaire.
Avec amour et respect,
Jehanne.