Ex -Tsarevna
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 | Sujet: Journée Banale pour le Cardinal...  Dim 06 Juin 2010, 8:19 am | |
| Emilien avait un bon coup de poignet : sa signature était fluide et vivace. La plume glissait sur le parchemin, sans bruit comme si la pointe flottait. Et ainsi, il enchaînait les décrets que son secrétaire personnel lui posait à la chaîne. Il ne ronchonnait pas à la vue de tout ce travail. Enfin, ledit travail était lourdement allégé puisqu'il ne prenait même pas la peine de lire les décrets proposés par les autorités de son Clergé dans les autres villes du Royaume. Le Cardinal de Neufchâtel était un homme d'instinct et de foi, et pas rationnel pour un sous.
Le Portier vint annoncer l'arrivée de ces deux bras droits : Villedieu et Graymes. Emilien arrêta donc de signer la paperasse renvoyant son secrétaire et ordonna d'un geste vague que l'on fasse entrer les deux personnages. Tout deux portaient encore leur large manteau d'hiver, frappé chacun de l'insigne de leur groupe. Gwendolyne, comme à son habitude, vint s'agenouiller devant son maître et lui baisa la main avec respect. Ebenezer s'en passa volontiers se contentant d'un bref signe de tête.
"- Alors mes agneaux...que me vaut votre présence dans le bureau humble d'un vieillard ?" interrogea le Cardinal en se relaissant tomber sur un grand siège près de la cheminée.
"-Villedieu a parlé, votre Eminence. Elle risque de compromettre l'enquête de l'Inquisition." fit l'Inquisiteur avec froideur.
"-J'ai seulement exprimé mes doutes à deux de mes Paladins, en qui j'ai entièrement confiance!" rétorqua la femme en serrant les poings, foudroyant son collègue du regard. Ce dernier se contenta de hausser les épaules, la mine méprisante. "D'ailleurs, vous êtes pas mal gonflé de parler d'enquête Graymes. Elle n'avance pas! Votre Sainteté, laissez mes Paladins et moi-même nous en occuper..."
"Et que feront-ils ?" railla Ebenezer en levant les yeux au ciel, faussement désespéré "Se faire tuer ? Ca fera tout autant avancer l'enquête. Mais si vous voulez les prendre comme appât je vous en prie, ne vous gênez pas."
"Vous et vos méthodes! Je ne plaisante pas avec la vie de mes hommes! Odéon ne me le pardonnerait pas!" s'écria-t-elle en s'approchant dangereusement de l'Inquisiteur. Elle pointa furieusement son index sous le menton de l'homme, agacée. "Alors ne plaisantez pas nisi plus avec ca. Je ne serai pas tendre."
Il l'ignora se dirigeant simplement vers le Cardinal qui somnolait à présent. Il ronflait régulièrement, la tête penchée sur le côté : tout mou. Ses deux subordonnés prirent alors une expression indignée avant de s'exclamer d'une même voix :
"Votre Sainteté!!"
Il ouvrit lentement les yeux, puis s'étira en faisant craquer quelques uns de ses vieux os. Un long bâillement suivit, puis il les observa un moment avant de plisser les yeux.
"-Qu'est-ce que vous faîtes là mes enfants ?" demanda-t-il d'une voix sincèrement surprise. Gwendolyne soupira discrètement tandis que Graymes porta une main à son front, perdant patience.
"-Ah haec, haec, je me rappelle c'est pour cette histoire..ah...hum..."marmonna-t-il en se caressant le menton. "Mais vous savez parfaitement quoi faire, tous les deux. N'échouez pas. C'est tout ce que je vous demande, ce n'est pas difficile ?" reprit d'une voix grave, qui n'annonçait rien de bon.
L'Inquisiteur posa un genou à terre en même temps que Gwendolyne, accordant leur soumission : la tête basse.
"Et pour cette histoire de Dame en Cendres...qui vient jouter sur la lice avec les Chevaliers du Roi...où en est-ce, Inquisiteur ?"
Ebenezer se redressa de toute sa haute stature, le visage sérieux. Et croisa ses mains dans son dos :
"-Sombrum a accepté une rencontre avec ma personne, pour mettre en commun nos informations." répondit-il d'une voix neutre, ne trahissant aucune autre émotion que sa froideur habituelle.
"-Sombrum?" hoqueta la femme dans un bond d'indignation.
"-Occupez-vous de vos affaires, Villedieu," répliqua son collègue. Il salua le Cardinal qui lui rendit un vague geste de bénédiction. Ils s'échangèrent naturellement les prières d'accompagnement, puis l'Inquisiteur disparut dans un ample mouvement du bras, ne laissant derrière lui qu'une légère odeur de souffre qui fit tousser le Cardinal. Alors que Gwendolyne allait défendre sa cause, elle découvrit que le Saint Père s'était de nouveau endormi - comme à son habitude. | |
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