[Légende] Le Fléau des Mangeurs d'Âmes

L’histoire de la blanche Citria est l’histoire d’une longue lignée de rois ayant tenu entre leurs mains un royaume de valeurs et de justice. C’est une épopée d’épreuves, ce sont les péripéties d’une nation ayant soutenu et vécu sous l’égide de grands hommes. Malheureusement la mémoire est une piètre faculté et le souvenir des plus grands ne devient parfois qu’un murmure dans le flot éternel de la rivière du temps.
Albertus Seldyr

Nous somme-en 3512, règne de Geoffroy de Montblanc. Un nombre sans cesse grandissant de disparitions sont rapportées à la légion. Des familles entières manquent à l’appel… Étrangement, seuls les habitants de la campagne environnante du royaume semblent touchés. Sous un ordre de Sa Majesté, l’inquisition fût dépêchée afin de mettre de la lumière dans ce mystère.

Pendant plusieurs mois, ils tentèrent de percer le secret de cette lugubre affaire, mais rien n'y fit. Les ordres d'évacuation de la campagne furent donnés conjointement avec la mise en place d'un cordon de sécurité afin de contrôler les déplacements frontaliers et ruraux. Le nombre de disparus maintenant porté à plus d’une centaine, la cité blanche fût amenée en étant d’alerte. Le roi lui même prit le commandement des opérations, voyant en ce fléau une crise majeure devant être arrêtée à tout prix.
Malgré toutes les mesures entreprises par Sa Majesté de Montblanc, le fléau déjoua une nouvelle foi l'œil vigilant de la légion du Justicier. La famille d'un noble, bien qu'étroitement surveillée, fut assujettie à la disparition à son tour. Après quelques temps d'enquête, l'on parvint à débusquer un témoin à un de ces enlèvements.

Fort troublé par sa découverte, il raconta, d'une voix encore tremblante, avoir vu d'étranges silhouettes ombragées, chargées de lourds paquetages, qui entraient à vive allure dans une forêt anormalement silencieuse. Porté par la curiosité instinctive du chasseur, il suivit, sans vraiment le vouloir, les traces encore fraîches de ces individus mystérieux, pour finalement découvrir une petite clairière. En son centre siégeait le plus inattendu des bâtiments; une église modeste aux allures Circaniques mais pourtant drapée d’un voile oppressant. Voyant cet établissement comme l'œuvre du mal frappant le royaume, il déguerpit dans l'espoir de prévenir à temps les défenseurs du royaume.

Le roi fit sur le champ quérir ses inquisiteurs dévoués pour une marche vers cet emplacement suspect, voire maudit. Le retentissement des lourdes armures dorées rappelaient les peintures épiques qui ornent les salles de bal de la haute noblesse. Ce fut un moment d'espoir et d'inspiration. On attendit impatiemment le retour de cette glorieuse compagnie, mais la nuit durant, le vide tapissait l'horizon, jamais l'on ne les vit revenir. C'est à l'aube d'une nouvelle journée que l'on entendit une inquiétante secousse au loin. Puis la terre trembla dans tout le royaume, et le ciel rugit, brisant le silence d'une nuit tirant sa révérence. Comme un mauvais rêve, l'église, la clairière avaient disparues, mais il en était de même pour le souverain.

L'automne de l'an 3512 fût marqué des pleurs des citoyens. Certes, le danger était écarté mais le prix payé était lourd. Malgré une obstination notable, on ne retrouva jamais Sa Majesté et les valeureux l'ayant accompagné. Héros de la nation, Geoffroy de Montblanc reçu les funérailles les plus magistrales jamais organisée en l'honneur d'un membre de la famille royale du saint royaume. Le deuil pour les disparus dura plusieurs semaines, et l'on marqua une nouvelle page dans les annales, relatant cette histoire qui sera connue dans les temps futurs comme "Le fléau des mangeurs d'âme". Encore aujourd'hui, les historiens décrètent que cette horreur a été celle à causer le plus de pertes pour le royaume de Citria, hormis les guerres. Jamais n'érigea t'on une théorie solide sur ce que fût ce vent de misère, mais l'on se souviendra toujours que le courage de Geoffroy de Montblanc avait mit fin à cette crise.

À celui qui portera son regard sur cette histoire : Souviens-toi que notre passé est marqué d’épreuves et de sagesse. Connaître son histoire, c’est posséder les clefs de l’avenir et la garder en vie c’est en faire une puissance pour faire face au présent.

Écrit par Sirius Ambrosius