‘’Moi, Héclédio Zempieri, je fais le serment que, toi, mon épouse Manuella Zempieri, sera à l’abris de toutes souffrances, de toutes haines et de toutes malveillantes intentions tant et aussi longtemps que je veillerai sur toi ou que la Justice ne vienne corriger les ébats de mon devoir.’’ Ce vœu fut le premier gage d’amour tenu sincèrement par ce paysan s’affectant autant pour ses bêtes (ressource partiellement responsable du bon équilibre social du peuple Hastane) que pour sa femme (source d’amour responsable du bon équilibre affectif de Héclédio Zempieri).
Vint le devoir de procréation, et comme l’on récolte se que l’on sème, huit mois et quatre jours plus tard en date de l’ans quatre mille deux, Zempieri, au chevet de sa femme alitée, accueillait, avec un grand torrent d’émotion, la naissance de José Zempieri et la mort de sa femme qui, elle, avait sacrifié toute son énergie pour ne pas interrompre l’éclosion de la vie à mi-chemin du parcours. L’enfant né les pieds vers le sol et la tête en l’air; signe que l’enfant sera de nature rêveuse et ambitieuse selon la madone qui assistait Manuella durant son accouchement.
Dû aux Grande Tragédies Teiliennes qui succédèrent sa naissance, José ne put qu’hériter d’une maigre éducation venant de son paternel jusqu’à la l’age de douze ans. Le père abandonna toute allégeance religieuse depuis le départ d’Odéon lui apparaissant tel un signe que le Grand Justicier ne croyait plus lui-même en ses si valeureux préceptes. Dans toute son innocence, l’unique enfant de cet homme essuya tous les reproches de leur situation misérable. Seulement, au bras d’une minuscule communauté d’éleveur de bétail et d’agriculteur, ils étaient isolés de toute autorité disponible et légitime pouvant s’interposé, enfin, pour mettre fin à ce comportement reprochable qu’avait engendré les tourments sous lesquelles Héclédio s’était laissé écraser depuis le début de ce siècle en mutation.
Malgré une éducation mutilé et incomplète, l’élevage d’une variété surprenante de bestiaux dont s’occupait fréquemment leur famille fut en quelques sortes salvatrices des influences méprisables que son père avait sur lui. Il découvrit la spectaculaire efficacité de l’organisation des abeilles dans l’unité de la ruche, l’inspirante nonchalance des bovins après avoir subit la brutalité de M. Zempieri par manque de coopération (José l’appelait ainsi par dédain catégorique de faire valoir le titre de père à son tuteur), la surprenante loyauté de la communauté du poulailler caqueter et battre leurs ailes en guise de protestation lorsque l’on arrachait les œufs à leur mère. Toute fois, José reçu de la part de son père les élémentaires pédagogies, aussi maigres soient-elles, prodiguées par les traditionnelles valeurs Hastanes. Ce fut dans ces rares moments, où il faisait l’éloge d’un passé aussi passionnant qu’admirable, que José découvrait la part de l’homme qu’il estimait le plus.
Il y avait de ces jours où l’enfant rêvait de liberté, de voyager outre la mince ligne que dessinait l’horizon, de surprendre le destin et de franchir les cloisons familiales en quête des histoires fugaces de grandeur que lui inspirait son père au sujet de ses ancêtres. L’un de ses jours où, comme tant d’autre fois, il se recueilli près des cages du poulailler, s’affublant de courage, afin d’accomplir son habituel besogne consistant de subtiliser les œufs à leur mère, il omis de s’armer de méthode puisque son esprit était envahi de rêve optimiste, quoique confus, que venait de lui inspirer un discours matinal de son père sur le prestige de ses aïeux. Cette fois-ci, en entrant dans la basse-cour, la réaction des petites volailles farouches suggéra que son approche était plutôt maladroit et qui suscita une menace tant pour lui que pour elles. Il fut secoué du haut de sa maladresse. Il voulut se retirer d’un pas chancelant en marche arrière de ce territoire de poulets hostiles, il perdit l’équilibre tombant à l’extérieur de cette arène, heurta violemment le sol caillouteux du sentier. Il ne vit qu’un flot de sang jaillir de sa bouche au moment de l’impact, une douleur quasi insupportable lui picoter le bout de la langue et une saveur tout aussi désagréable chatouiller sa langue engourdit de douleur avant de sombrer dans l’inconscience.
Il s’éveilla, ou enfin c’est ce qu’il eut cru d’abord, dans un endroit lui étant tout à fait étranger. Il entendait des bourdonnements qu’il n’eut jamais entendu (peut-être une nouvelle espèce d’abeille dont son père lui avait réservé la surprise), il sentit un parfum qui n’était d’ailleurs pas commun à son domaine (c’est le printemps c’est peut-être un fumier plus odorant qu’efficace qu’utilisait son père pour engraisser le jardin) et ses yeux lui permis de comprendre que ses hypothèses le menait trop loin de ce qui fut en réalité l’étranger. Il était étendu dans un lit simple mais plus douillet que ce qu’il connaissait, le parfum était celui d’un encens qui brûlait au coin de la petite pièce au abord d’une petite et unique fenêtre donnant sur l’extérieur. Une myriade de passants jalonnait les grandes artères principales flanquées de hautes structures architecturales en pierre et ces bourdonnements furent belle et bien l’agitation des hommes qui se pressèrent dans les rues dans une parade de couleur. Cette réalité, qu’il ne découvrait qu’au travers des fantasmes de son père, lui plaisait bien après brève réflexion. Il fit une tentative pour demander s’il était le seul à profiter de ce spectacle mais un endolorissement aigu envahis l’entièreté de sa langue ou de ce qui sembla lui en rester.
Une voix féminine sur un ton doux et calme s’éleva à l’embrasure d’une porte qu’il n’avait même pas remarquée. ‘’Pardonnes moi de ce léger retard, j’arrive à point pour soulager ta souffrance mon brave petit homme.’’ Elle s’assied à son chevet avec un outillage complet de ce qui pouvait servir au traitement de sa langue qui lui faisait tirer des grimaces incongrus à présent. Après avoir appliqué les soins nécessaire, elle poursuivit de ce même ton réconfortant : ‘’À quelques mois près de ta confirmation, ton père, aussi dévoué soit-il, t’offrit cette maigre chance de survivre en t’amenant d’aussi loin afin d’obtenir la médecine particulière de nos prestigieux guérisseurs. Ne t’inquiète pas, ton état de santé sera rétablis d’ici à ce que les représentants d’Odéon évaluent la valeur de ton généreux tuteur et de son si charmant élève.’’ Son visage aussi tendre que ses paroles, agis comme un baume sur toute cette nébuleuse situation. Elle se leva mais avant de prendre congé de lui, elle ajouta : ‘’Avant que tu ne t’interroges à ce sujet, je t’avouerai qu’elle ne repoussera pas mais qu’au moins retrouveras, avec beaucoup de courage et d’effort, l’usage de la parole.’’ Elle eut un sourire compatissant d’appréhension et tout aussi confus qu’avant l’apparition de la mystérieuse dame, il sombra dans un sommeil profond et presque instantané.