C’était un jour d’abysses… Le (13 octobre) plus exactement…
Et, comme chaque jour d’abysses, du ciel exsangue, s’abattait sur les landes teiliennes, une lueur glabre !
De telle sorte qu’il m’est difficile de vous dire à quelle heure exactement cela se produisit…
Mais je vous le jure, sur mon honneur, et le sieur Beaudoin, son épouse, la sœur d’Aurum, ainsi que mon bon aspellor, le rédempteur Perrick, peuvent en attester…
Que tout ce que je m'apprête à vous raconter est la stricte vérité !
Nous avons vaincu, ce jour-là, la reine des harpies des montagnes en personne et affronter la quasi-totalité de son armée maléfique à nous quatre !
Nous étions à miner de l’argent dans l’unique mine d’argent de Teilia, qui se situe loin, bien, bien loin, au nord, sur l’une de ces petites îles habitées par les trolls de glace…
Quand, tout à coup !
Nous entendîmes des battements d’ailes énormes au dehors…
Sans nous en préoccuper outre mesure, nous continuèrent notre labeur, moi et le sieur Beaudoin…
Jusqu’à ce que les battements d’ailes ne devinssent si forts et si nombreux qu’on eut pu se croire au beau milieu de la volière royale et des cris, des cris tels qu’aucun d’entre nous n’en entendit jamais, se joignirent bien vite à tout ce tintamarre !
Alors fortement intrigué, le sieur Beaudoin s’approcha de la sortie de la mine…
Et c’est alors qu’une harpie, mes sieurs, dames et damoiselles ! haec, une harpie bondit de l’extérieur, toute griffes et bec, sur notre brave artisan !
Je laissai tomber ma pioche et tira mon épée du fourreau, de même que le rédempteur Perrick, et, l’instant d’un regard et d’un hochement, nous courrions sus à notre aspellor en danger !
Nous vainquîmes la créature du Mal sans problème, mais qu’elle ne fut pas notre surprise, arrivés sur le seuil de la mine, quand nous constatâmes qu’une centaine de ses compagnes attendaient leur tour, au dehors !
Sans peur et sans reproche, nous sortîmes se battre comme des hommes !!
Donnant de grands coups d’épée contre ces monstruosités ailées, le sang et les plumes, rejoints par les carcasses de leur propriétaire, ne tardèrent pas à s’agglomérer dans la neige…
Le rédempteur Perrick se battait avec grande hardiesse, faisant preuve d’un stoïcisme digne des héros de jadis !
La sœur d’Aurum, quant à elle, nous accompagnait de ses prières, et nous sentions qu’à celles-ci, le Cilia juste ainsi que les Entités du Circan répondaient, puisque jamais nos forces ne nous abandonnaient !
Le sieur Beaudoin, lui-même, ce grand gaillard pourtant fort passif d’habitude, se joignit à la mêlée, assommant, de ses gros poings, une harpie et planta sa pioche dans l’aile d’une autre !
Les harpies allaient et venaient, volant au-dessus de nous et piquant dangereusement en notre direction, mais leur nombre rapetissait constamment.
Nous crûmes en avoir finis avec cette dernière quand elles semblèrent avoir sonné retraite…
Mais nous constatâmes bien assez vite que nous avions tord…
En vérité, elle se rassemblait et ce autour de quoi elle se rassemblait n’était nulle autre que la plus grande et la plus grosse, vieille et laide, harpie qui n’ait jamais été donné de contempler à qui que ce soit; c’était, à n’en nisi douter, la reine de toutes ces bêtes volantes et griffues !!
Prononçant ce qui sembla être… des mots ? La neige, tout autour de nous, se mit aussitôt à exploser, provoquant des averses de grêles sur nos têtes !
À cela elle ajouta des éclairs et des boules de feu, tandis que nous la combattions, et empoisonna même nos corps grâce à ses sombres sortilèges !
Qu’à cela ne tienne, Odéon et les Entités nous regardaient, leur attention ayant été attiré sur nous par l’une de leurs humbles servantes…
Ainsi donc, nous nous bâtîmes, bien décidés à en finir avec elle…
Ce fut au coûte d’une lutte terrible que nous parvînmes en fin à en venir à bout…
Et c’est en attendant la mort que, sortant de derrière mon bouclier où elle m’avait forcé à me retrancher, le bras endoloris par les coups qu’elle y avait porté, je constatai, finalement, son trépas !
Nous lui coupâmes la tête tout en maudissant ses sbires qui s’enfuyaient avec des cris mécontents…
D’ailleurs, le rédempteur Perrick se fera un plaisir que de vous la montrer, si vous le lui demandez, pour qu’ainsi nul ne puisse nier cette histoire !
À ces mots, le jeune Conrad lève sa bière et en prend une gorgée. Un petit sourire aux lèvres et le visage rayé par trois petites cicatrices, semblables à celles qu’aurait laissé un coup de griffes immenses.