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| Missives - Échanges épistolaires des Catardan | |
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Egregius De Catardan Errant
Nbre de messages : 3 Inscription : 22/11/2010
| Sujet: Missives - Échanges épistolaires des Catardan Lun 22 Nov 2010, 5:59 pm | |
| Douce et précieuse amie,
Comme il est doux le loisir de vous écrire ce soir! Il est à l’inverse malheureux, et vous en conviendrez, qu’il s’agisse en ce jour du seul exercice digne de ce nom qui s’offrit à mon intellect.
Plus je m’éloigne de vous et de notre foyer, plus cette morose impression se confirme : nos aïeux ont certes conquis des terres et des cités, mais jamais nos arts n’ont su percer la barbare cuirasse des cultures, s’il en est tant, de nos obligés.
Mais bien qu’il me tarde de vous parler d’Amour, permettez-moi le loisir de vous raconter ceci, ce qui apportera quelques images à mon propos. J’ose espérer que vous pardonnerez la carence en bienséance et en gentilhommerie du sujet en sachant néanmoins ce dernier dépeint avec tout le souci que vous me connaissez pour le vrai. Pour ce qui est du beau, je vous laisse l’incarner, désirée amie, par votre personne le sujet mieux que je ne puisse jamais l’écrire, même en couchant sur papier cent vies entières. D’ailleurs, je serai bientôt de retour afin de vous coucher à votre tour ; bien que je n’aie que ma vie à étendre contre la vôtre, je vous serai gré d’en disposer par les manières que je vous connais.
Diantre! Me voilà bien épars dans mes idées! Voilà ce qu’il advient de moi lorsque vous vous y immisciez! Soit : figurez-vous donc, ô ma douce, qu’un fils de Duc fut mon patient aujourd’hui. Le fripon jeune homme organisât en sa gentilhommière — somptueux présent de son nanti géniteur — une bacchanale digne de ce nom.
Il fut bien avare de détails lorsque vint le temps de poser les actes médicaux. Ah! Comme je me délecte déjà du grotesque de cette anecdote! Toujours est-il que le jeune gredin dont il est question, aux fins d’un jeu dont le sens m’échappe, se retrouva avec le goulot d’un grand cru (un Tourelle de Grandes-Marches d’un millésime rare) bien ancré dans… comme les enfants se plaisent à le dire, son minois de Gorlak. Cette découverte expliqua bien à elle seule pourquoi ce malotru semblait si tendu et inapte à la conversation lorsque nous fûmes présentés l’un à l’autre!
Le plus extraordinaire, pour ne pas dire délassant, fut que la bouteille était intacte après cet inopiné remisage. Le jeune galopin demanda même à ce que la bouteille soit restituée hâtivement et sans mot dire à son père, avant qu’icelui ne la découvre manquante à sa cave! Le pauvre bougre tournera assurément de l’œil lorsqu’il souhaitera en sentir le bouchon…
Quoi qu’il en soit! Vous comprendrez donc cette lassitude m’accablant maintenant que le jour se meurt. Comme je souhaiterais être contre votre sein afin d’en saluer le trépas dignement : la lune en serait rouge de gêne, et le soleil en son tour rouge de désir.
Ah! Mon amie! Malgré ma plume fébrile et mon ventre bouillant, je devrai conclure en toute retenue cette lettre : je soupçonne le nouveau coursier de lire certains de nos échanges. Il me rendit votre dernière réponse avec un sourire aussi coquin qu’entendu.
Qui eut cru qu’un simple coursier saurait lire, de surcroît!
Sachez que cette nuit, je vous aime, de la façon qui saurait vous satisfaire le mieux.
Votre tout dévoué et fiévreux,
Egregius
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| | | Jésabel Ambrosius Citadin Ainé
Nbre de messages : 1336 Age : 37 Inscription : 28/12/2006
| Sujet: Re: Missives - Échanges épistolaires des Catardan Lun 22 Nov 2010, 11:05 pm | |
| Mon tendre époux, mon pèlerin,
C’est avec une joie sans nom que ce pli m’a tiré hors de mon lit ce matin, vous me connaissez, c’est toujours avec grande fébrilité que je vous lis, mon charmant époux. Cette journée sera sans doute plus heureuse que la précédente, puisque hier, j’ai dû me lever sans la saveur de vos nouvelles et de vos tendres mots. Je n’ai pas à me décrire, vous me savez si intimement attachée à vous que cela en est presque une dépendance outrageuse. Quoi donc demander de mieux que ce charmant mot de votre initiative sur mon oreiller.
Je vous le dis avec une euphorie non dissimulée, ce n’est pas sans grands éclats de rire que j’ai dégusté votre récit sur le fils de ce Duc. Il va de soi qu’une bouteille ne va certes pas dans cet endroit interdit. Il m’étonne que vous ayez eu le courage de lui retirer car si s’en était que de moi, il serait retourné chez son père la honte aux fesses.
Quant à moi, je m’enorgueillis de vous apprendre que j’ai pris une sage décision et la plus réfléchie de toute celle que j’ai prise depuis ces six derniers mois. Je vous le dis, j’ai remercié la cuisinière! Vous me direz quelle folle fais-je! Mais il n’en est rien car je vais vous exposer mes motivations céans. D’abord elle est d’une laideur à faire peur; son visage est parsemé d’énormes verrues et il me dégoûte de savoir qu’elle prépare nos repas. En deuxième lieu, elle est si ronde qu’elle est aussi large que longue. Je la soupçonne de dévorer tous nos placards quand nous dormons, la gourmande! Le coup de grâce fut quand, ce matin même, elle échappa le contenu de mon assiette sur ma tête! L’incompétente!
Vous voyez comme moi que ses raisons étaient toutes désignées pour que je la disgracie. Maintenant, vous me direz que je n’ai plus personne pour me nourrir, et bien vous avez raison. C’est pourquoi j’ai mis l’une de mes gouvernantes à la cuisine. Elle ne doit pas être si mal qu’on le prétend puisqu’elle vient d’une famille peu nantie et selon les dires, les pauvres sont plus débrouillards que nous, les hautes gens.
Pour combler la malchance qui me guette comme un renard guette sa colombe, j’ai malencontreusement déchiré ma plus belle robe. Vous me connaissez assez pour comprendre tout l’insupportable émoi que cela m’a procuré et ma foi, me procure encore. Imaginez-vous donc? Je suis en perdition sans cette robe! Elle était le bijou de mes armoires, le trésor que je chérissais au plus profond. Évidemment, vous occupez toujours l’estrade de mon idolâtrie, mais cette robe vous suit aux talons. Vous me demanderez comment ai-je bien pu m’y prendre pour la briser. Là est tout le ridicule! Lorsque cette affreuse Berengère a idiotement échappé le bol d’orge sur la cime de ma si belle chevelure, le sursaut que cela m’a provoqué m’a forcé à me relever aussi vite que mon humiliation était faîte. L’ourlet de ma robe était prisonnier d’une des pattes de la somptueuse chaise qui me sert de trône. Vous n’êtes en rien un imbécile, vous savez ce qu’il se passa.
Comme je suis malheureuse! Mon époux comme je suis une victime de cette malchance ce jourd’hui! J’ai si hâte de vous savoir tout près de moi, afin que je puisse mesurer l’étendu de votre amour, et le langoureux de vos charmes. Vous qui savez tant me faire sourire malgré cette vie miséreuse! Souvenez-vous toujours de mes lèvres embrasant vos folles fièvres, mon amour.
De votre mie,
Carmélia.
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| | | Egregius De Catardan Errant
Nbre de messages : 3 Inscription : 22/11/2010
| Sujet: Re: Missives - Échanges épistolaires des Catardan Mar 23 Nov 2010, 12:01 pm | |
| Ma désirable et désirée,
C’est d’une humeur joviale que j’affrontai ce jour, puisque peu après avoir pris petit-déjeuner on me remit votre réponse. Je suis actuellement appelé à veiller l’hyperthermie d’une riche mécène. J’ignore encore la cause de ses maux, mais je crains qu’un poison ne vaque à son œuvre perfide. Je me méfis depuis deux jours des apothicaires de fortune se relayant à son chevet et des charlatans de grande route venant autant atteindre à la fortune qu’à la santé de la pauvre femme.
Mais bien qu’il me tarde de vous parler d’Amour, permettez-moi le loisir de vous raconter ceci : il est à ce titre une coïncidence des plus inénarrable que vous me racontiez cet épisode récent entre vous et notre « regrettée » cuisinière. J’épis en ce temps même la marmitonne de Madame ma patiente, afin de m’assurer qu’elle utilise ses… épices à bon escient. Au fait, notre cuisinière… était-elle vraiment si épaisse et ventrue? Je m’en souvenais laide, mais pansue je ne saurais dire. Il est vraisemblablement temps que je regagne nos terres avant que même votre souvenir ne vienne à se troubler. Quoi qu’il en soit, votre jugement, comme à l’accoutumé, m’appert comme étant le bon et le plus juste. Je souhaite ardemment que la prochaine aux chaudrons offrira à mon amie une table aussi délicate et raffinée que celle qui y sera servie.
Aussi, je vous fais parvenir avec cette note une nouvelle robe. J’ai croisé lors d’un récent voyage un groupe de nomades qui, bien que leur savoir-vivre semblait des plus élémentaire, avait en contre-partie un don exquis pour les choses de l’artisanat ; en particulier une jeune couturière aussi timide que désireuse de faire connaître son talent. Il me fallut dès lors lui donner sa chance, sans en attendre démonstration supplémentaire. C’est avec une facilité désarmante que je partageai, sans hésitation aucune, vos mensurations avec cette jeune fée fort capable, tant je vous dessine dans mes mélancoliques nuits de solitude. Il me faudra d’ailleurs consacrer dès mon retour une salle entière de notre demeure – nous saurions à ce titre actualiser ce qui servait de couche à la cuisinière ; cette salle était grande et conforme au gabarit de la vilaine, mais décorée avec le souci d’un aveugle – pour la mise en valeur de ces croquis : ils sont tout à fait divins, je vous conjure de m’en croire, plus particulièrement par leur sujet que par leur exécution, je dois humblement l’admettre. Je ne connais rien qui saurait produire un trait suffisamment menu pour reproduire la délicatesse de vos traits, ni la finesse de votre esprit. Sinon peut-être votre soupir d’extase lorsque dans mes bras, assouvie, vous partagez votre bien-être sincère, saurait dessiner un trait si éphémère ; d’ailleurs n’est-il pas fait de cette matière m’enluminant les joues d’un rouge aussi vif que les flammes d’un antre bien pourvu?
Par tous les seins des Saintes! Encore une fois je dresse un dédale de mots entre mon propos et moi-même. Les passions que vous soulevez du fond de mon être ont de quoi briser le flot de ma raison. Cette robe, donc, délicate amie, est une œuvre unique comme jamais vous n’en verrez semblable dans aucun salon de ce monde ou des autres. Elle est légère, aux couleurs changeantes selon le Soleil à son zénith ou la Lune en ses quarts, et saura décupler s’il n’est davantage la grâce de vos ondoiements félins. J’ai pris la liberté d’en orner les discrets œillets de quelques pierres polies d’un translucide des plus envoûtant : elles sauront mettre votre divin poitrail en valeur sans qu’indécence ne vienne y porter préjudice.
Ne soyez en rien obligée de m’attendre pour la glisser le long de votre corps, bien qu’il me tarde d’être le témoin de la toute parfaite beauté de ce vêtement, résidant en son heureuse porteuse. Et comme je sais me faire désirer et que les détails sont rares à m’échapper, l’hermine et le vair y étant assortis demeurent en ma possession jusqu’à mon retour. Je verrai, suite au spectacle de cette robe sur vous, s’il m’appert adéquat de vous en faire dès lors le présent.
Comme vous me dîtes tant aimer, je laissai quelques gouttes de ma fragrance personnelle baigner le coin de cette lettre. Glissez-là contre vos lèvres, votre cou, votre buste ou tout autre endroit qui vous satisfera, m’imageant à sa place contre la soie de votre peau.
Je vous conjure, cette nuit, de m’aimer et, si cette passion bien sincère sait franchir les affres des lieus nous séparant, je rêverai de vous.
Votre dévoué et fort aimant,
Egregius
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| | | Jésabel Ambrosius Citadin Ainé
Nbre de messages : 1336 Age : 37 Inscription : 28/12/2006
| Sujet: Re: Missives - Échanges épistolaires des Catardan Mer 24 Nov 2010, 1:05 pm | |
| Mon doux,
Avant de vous transmettre mes affections, je tenais à vous souligner mon interdiction quant à la somptueuse robe que vous m’avez envoyé avec votre dernier billet. J’ai toujours su que mon père, dieu ai son âme, faisait une affaire en or en m’offrant à vous comme épouse. Vous êtes si à l’affût de mes besoins élémentaires et de mes désirs que vous me comblez sur tous les points et nul n’oserait en douter au visage suffisant que j’affiche jour après jour.
Je porterai ce joyau aujourd’hui même pour exposer ma divine allure et mon port altier qui en ferait rougir les gueuses. Je serai dans cette robe, le symbole de la beauté et de l’élégance, le synonyme de noblesse et de perfection. Fièrement je me révélerai aux autres tel un ange descendu du ciel. Ah! Plein de belle chose suis-je, ne trouvez-vous pas?
Vous n’êtes pas sans savoir que je suis la plus belle parce que vous me donner des ailes. J’ai les plus beaux cheveux avec le dessein de vous émerveiller. J’ai le plus beau visage afin d’attendrir votre cœur qui est si cher au mien. J’ai les plus beaux yeux afin d’émouvoir votre masculinité car je vous le dis, rien ne me fait plus brûler que votre regard ardant pourfendant le mien.
Sur une autre note plus fastidieuse, notre fastueux logis tantôt festif, est devenu, après le congédiement de Bérengère, moins égayé de vie. Il est vrai que la ventrue, car je vous l’assure elle l’était, avait souvent le mot pour rire et l’on ne s’ennuyait jamais, avec icelle. Ne croyez surtout pas que je regrette mon choix! Ce n’est pas parce que je mange de la soupe au chou qui goûte démesurément l’eau plus qu’autre, qu’il me passe par l’idée que c’était bien plus facile quand elle nous préparait de copieuses victuailles. Hors de question que cette vieille dégarnie remette les pieds dans mon endroit comme ici, notre foyer.
D’ailleurs, à ce sujet, puis-je vous offrir d’avoir l’immense bonté de m’envoyer quelques rentes qui seraient, par mégarde, dans votre valise qui ne servirait à rien d’autre. Il n’est certes pas dans mes habitudes de demander de pareilles choses! Mais croyez-moi quand je dis que pour être belle, il faut être riche. Je ne prétends pas que les pauvres ne peuvent pas être beaux. Je dis simplement que mes ongles fins ne sauraient être bien taillés s’ils ne sont pas lavés et travaillés par le meilleur!
Je dois être bien sotte car, croyez le ou non, j’ai par maladresse, dépensé tout ce qu’il me restait de vos derniers économies. Ne me demander pas où j’ai pu solder une telle sommes, mais il faut dire que je prends le temps et l’argent nécessaire pour ma toilette exquise et pour des soins nécessaires. Car ils le sont!
Ah! Mon doux, comme la vie est cruelle avec moi. Ne paniquez pas surtout, car c’est une bagatelle que je vais vous raconter sous peu. Figurez-vous que hier, je suis allée me promener en ville. Je m’étais dis qu’il était temps de rappeler au peuple la chance qu’ils ont d’avoir une donzelle de ma qualité. Je m’affichais donc, vêtu de vêtements élégants et propres, dénudant le moins de peau possible. Le menton haut je prenais l’air lorsqu’une scélérate tenta de me dérober ma bourse! Évidemment l’homme de garde qui me suivait lui reprit une course plus loin mais ce n’est pas sans scène qu’elle nous quitta.
Au début, j’avais projet de la livrer à la garde, mais quand icelle se déploya la gorge de cris stridents et agaçants, j’ai faibli et je l’ai laissé partir, avec la plus grande honte. Oh! Egregius, comme je suis faible et trop bonne! Je suis si bonne et si malheureuse! Oh! Que la vie est injuste de m’avoir faîte si parfaite parfois…
Trêve d’histoires malheureuses et place aux jolies tirades que j’aime tant vous offrir. Avant de conclure cette lettre, j’aimerais vous dire combien vous me manquez et combien je me languis de nos soirées ensemble, couchés à la lueur du foyer et de ses flammes. Je m’imagine déjà vous embrassant et de vous posséder tout entier, vous l’être parfait qui fut mit sur ma route. L’homme idéal qui sait reconnaître en moi toute la beauté que je respire et l’amour que je vous dévoue. Ne douter jamais de moi, car tout ce que je fais, c’est dans l’ultime but de vous rendre homme plus digne et plus heureux, près comme de loin, mon cœur vit aux côtés du vôtre.
Votre jolie mie, Carmélia
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| | | Egregius De Catardan Errant
Nbre de messages : 3 Inscription : 22/11/2010
| Sujet: Re: Missives - Échanges épistolaires des Catardan Mer 24 Nov 2010, 4:08 pm | |
| Courageuse et héroïque amie,
Autant j’envie que vous viviez de telles équipées, autant je me torture et me fais maux de savoir que tant de mal puisse vous guetter! Pardi! qui oserait seulement aspirer à faire tort à une créature si agréable et ingénue que vous, délicate amie? Jamais vous ne causez dol ni ne froissez quiconque! Comment ne peuvent-ils, sans façon, se réjouir et s’enorgueillir de votre présence parmi eux? Pourquoi ne pouvons-nous pas nous rasséréner de leur défaut de gratitude comme humiliation! Quoi qu’il en soit, je ne puis vous laisser sans le sou ni veiller à vos besoins les plus sommaires. Mais bien qu’il me tarde de vous parler d’Amour, permettez-moi le loisir de vous raconter ceci : quelques gages que j’octroyai avant mon départ devraient avoir fructifiés, car il en va ainsi de notre condition ; plus nous avons les largesses de la générosité à offrir, plus ces petits et grands seigneurs sont prêts à nous plaire en retour. Voyez à l’inverse comme le commun du peuple paie dîmes et autres cens, sachant leur contribution évanouie dans les coffres des percepteurs, leur nom bien listé et étroit entre ceux de deux autres aussi pauvres qu’obligés contributeurs.
Les largesses de l’or et la finesse de la beauté obligent les gens, belle amie. Certes, vous le savez déjà, vous qui sauriez obliger les astres à suspendre leur courses si vous leur ordonneriez de votre corps entier. Encore m’obligez vous à des rêves aussi exquis que troublants, où ma mémoire — vive puisse-t-elle être en des temps ordinaires — ne parvint qu’à grand peine à rendre votre image à la mesure même de votre réelle. Les sourires de celles que je croise me font doublement la violence : d’une première ils ravivent la plaie que dont je me meurtris moi-même par mon départ loin de vous ; d’une seconde je les plains de n’avoir ni de vos charmes ni de vos atours — comme elles doivent être malheureuse de savoir que de tels comparatifs puissent exister entre elles et vous! Il en reviendrait à comparer en permanence l’éclat du Soleil à la pâleur de la Lune ; la chaleur des Étés aux lames glacées de l’Hiver!
Mon amie! Mon Soleil! Mon Été! Comme je me languis de prendre arrêt à la chaleur de vos bras, aux braises de votre féminitude!
Encore une fois je divague et le trait de ma plume devient vif et affolé. Il me faudra me retirer sur le balcon de la chambre d’où je vous écris et m’en glacer les bronches de vent si je désire trouver le repos.
Donc ; je vous invite à donner les directives suivantes à notre fidèle Éloïc. Peut-être aurez-vous à les lui répéter plus d’une fois : le pauvre garçon à l’esprit aussi pâteux que son bras est robuste – si large en fait qu’on lui grefferait un rondin en lieu et place que nul n’en verrait la dissimilitude. Qu’importe son insolite et ingrate anatomie ; allez à mon bureau et usez de la clef d’argent qui je vous confiai afin d’en dégager le premier tiroir : vous y trouverez à l’intérieur une cassette. Cueillez-y toutes les enveloppes dont la date sur le cachet est obsolète ce jourd’hui, puis remettez-les à Éloïc : il saura qu’en faire. Selon l’habitude, il devrait revenir dans les deux jours subséquents avec des sommes substantielles que vous ordonnancerez selon vos nécessités et appétits.
Peut-être devriez-vous en profitez pour organiser une petite soirée pour vos proches confidentes, afin de vous divertir et vous sustenter d’une nourriture digne de ce nom. Invitez vos relations à vous léguer leurs cuisiniers le temps de la réception et offrez à celui ou celle vous ayant fait la plus délicieuse démonstration la même rente que sa maîtresse, plus deux mois supplémentaires par année, pour ses services à notre demeure.
Je vous enjoins d’ailleurs d’opter pour la simplicité et la modération pour cette réception : autant que faire se peut, limitez les invitations à une centaine de convives et comptez un valet pour quatre d’entre elles. Il vous restera dès lors suffisamment de place dans la salle de réception pour aller et venir à votre guise. Finalement, huit services au repas avant le dessert devrait aussi être raisonnable. Profitez-en pour vous divertir et vous délasser : rien ne saurait me rendre plus heureux que de vous savoir égayée et réjouie et ce, malgré la simplicité de la chose.
Il me presse effectivement de sentir une dernière fois — avant que le sommeil ne fasse de moi sa victime — la brise sur mes joues ardentes. Je compte bien y sentir votre parfum et, si le vent se montre enjôleur et clément, j’en garderai l’impression de votre main sur ma nuque et des boucles de vos cheveux se mêlant au mien lorsque contre moi vous vous reposez, épanouie et femme.
Acceptez mes salutations et par-dessus tout cet amour qui vous est entièrement voué : si jamais vous ne veniez qu’à le refuser ne serait-ce qu’une fois, je ne saurais y survivre.
Votre obligé et oébissant,
Egregius
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| | | Jésabel Ambrosius Citadin Ainé
Nbre de messages : 1336 Age : 37 Inscription : 28/12/2006
| Sujet: Re: Missives - Échanges épistolaires des Catardan Mar 01 Mar 2011, 12:23 pm | |
| Mes salutations les plus affectueux pour vous mon époux,
Il faisait un moment que je ne vous avais point fait parvenir de plis de ma part. Sachez d'abord que ce n'est pas par désintéressement mais plutôt à mon temps fort occupé. Évidemment comme la parfaite et merveilleuse épouse que je suis, je me suis occupée de l'or avec le doigté minutieux et intelligent que vous me connaissez.
J'ai trouvé l'idée de faire une soirée exquise, si divine que je me suis mise à la préparation d'icelle dans l'heure qui à suivit votre lettre. Vous m'avez demandé d'inviter mes plus proches confidentes, et bien mon cher amour, c'est bel et bien ce que j'ai fais! Voyez comme je suis raisonnable, j'ai reçu approximativement trois cent personnes. Malgré toute la volonté et magnificence que j'ai, la soirée ne s'est pas déroulée exactement comme je l'aurais voulu. J'ai bien peur que la malchance me talonne dans chaque chapitre de ma vie! Pendant la soirée, une jeune donzelle s'est fait voir à voler dans mon armoire à bijoux. Vous n'êtes pas sans savoir l'immense drame que j'ai fait et la tempête qui s'en ai suivit. La jeune fille s'est fait reconduire à la porte où elle fut remercier de sa présence d'une façon directe et peu délicate. J'était si irritée que j'ai semé à tous mes invités de s'en aller chez eux céans...D'ailleurs à propos de la jeune fille, j'attends toujours le verdict du clergé sur son cas; ses mains seront sans doute coupées!
Je me suis retrouvée bien seule quand j'ai réalisé que j'avais renvoyer tout le monde...Mes invités, mes proches, mes domestiques...mes serviteurs..........mes hommes de main. Oh Egregius! je ne suis pas fière et si malheureuse! Je suis une victime! Je suis seule dans le manoir et je ne sais pas quoi faire! J'accuse votre départ de m'avoir rendu si inapte à quoi que ce soi. Vous êtes loin de mes yeux et cela m'aveugle car il existe lucidité que si vous ornez mon décor.
Je dois me rendre à l'évidence, je vais devoir me rendre au marché de Citria afin de recruter un nouveau personnel. Vous me direz: « Mais pourquoi n'engagez-vous pas ceux que vous avez remercier? » Je vous répondrai que leur rancune me portera sans doute ombrage. Ils me le feront payer d'une quelconque façon et je ne saurai pas me permettre d'avoir des employés qui désir empoisonner ma nourriture.
Pour ce faire, j'ai songé à plusieurs critères importants pour la sélection de mes nouveaux domestiques. Tout d'abord, ils devront chérir l'idée que je suis la plus belle chose que leurs yeux de roturier ont pu admirer et ce pour le reste de leur vies. Comme deuxième critère j'ai songé à ce qu'ils jurent sur leurs vies de me servir aveuglément jusqu'au bout de mes ambitions. S'ils ne répondent pas à ces deux critères qui ma foi devraient être obligatoire pour le reste de l'hastanie, ils ne méritent pas de venir poser leurs pieds sur les dalles somptueuses de mon manoir magnifique.
Je dois déjà cesser de vous écrire pour m'assoupir dans les bras d'Adaelle. Nous n'espérerions pas que des cernes se loges sous les plus beaux yeux de tout teilia!
À quand votre retour, mon époux? Je me sens si seule sans votre présence. À mes cotés, vous me faîte vibrer et illuminer de mille feux. Sans vous je ne suis qu'une fleur ternit et mourante.
de vôtre épouse dévouée et sublime, Carmélia
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